19 ~ Les noces de silence

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Leur dernier rêve

Édition Finale Souvenirs de Plume(s)

Fanfiction Escaflowne écrite par Andromeda Hibiscus Mavros

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Rating / Classement [+18]

Livre 2

Numb
(« Paralysé », Chanson de Linkin Park, 2003)

Chapitre 19

Les noces de silence

Publié pour la première fois le 8 février 2012

Crédits : L'univers de The Vision Of Escaflowne est la propriété de Shoji Kawamori et du studio Sunrise, je ne fais que l'emprunter pour cette histoire.
Exception faite pour quelques personnages et lieux que j'ai créés pour l'occasion.

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Drapée dans un déshabillé de soie blanche brodé d'or, fermé d'une épaisse ceinture rayée or et blanc nouée sur le côté, ses longs cheveux bouclés libres, Yiris arrivait encore à garder son calme.
Elle avait l'impression d'être une proie prise dans un piège... Quoique... Non... Ainsi apprêtée, elle se sentait plutôt condamnée, prête à être sacrifiée lors d'un rituel un peu sombre, comme ils en existaient dans certaines contrées de Gaea...

En effet, son sort était scellé. Tant qu'à choisir entre cela et la mort, elle était réaliste. Cela dit, sa fierté en avait pris un coup...
Pour elle qui s'était construite seule au fil des années, devoir son salut à la demande en mariage in extremis d'un Prince avait tout d'une humiliante reddition.
Elle se revoyait enchaînée, vêtue de sa robe maculée de sang...

Encore maintenant, elle était surprise que Van ait cédé face à son frère et accepté de célébrer cette union invraisemblable, qui lui offrait une providentielle immunité, alors qu'elle avait attenté à la vie d'Hitomi.

Pour la suite des événements, il fallait se rendre à l'évidence : l'argument de non consommation serait le premier utilisé contre elle. Mentir était possible mais, comme l'avait mentionné à juste titre le Souverain, il fallait désormais être honnête et assumer ses actes... Y compris ce mariage et tout ce qu'il impliquait.

Le regard perdu, plongé dans les flammes crépitantes de la cheminée, Yiris redoutait ce qui l'attendait.

Soudain, de brèves visions de la tentative de viol, dont elle avait été victime à quatorze ans, défilaient dans sa tête... Mais elle s'efforça de les chasser !
Folken n'était pas Dirken, elle le savait... Malgré tout, le mal-être était bien présent...

Ironique, Yiris se compara aux déesses grecques Athéna et Artémis, ainsi qu'aux amazones, sachant que ces dernières ne pouvaient goûter au plaisir de la chair qu'à la condition d'avoir déjà tué, ce qui n'était pas son cas...
À y réfléchir, elle s'était fiée à sa culture en choisissant de ne pas se laisser approcher par un homme, afin de préserver son statut de guerrière. Cette époque était révolue. Cependant, elle espérait que cela n'aurait pas trop de conséquences sur sa crédibilité auprès de ses soldats.

Pour se changer les idées, elle pensa à toutes les plaisanteries de la gérante de son bordel sur le sujet. Les discussions osées entre la prostituée expérimentée, devenue maquerelle, et sa patronne encore ignorante en la matière étaient souvent très fleuries...

Quelques minutes auparavant, Mila lui faisait un grand discours sur cette étape. Avant de la quitter, elle l'avait prise dans ses bras et lui avait dit à l'oreille :

— Tu es forte, mais montre que tu peux être douce aussi ! De ce que j'ai compris d'une amie, qui a connu cet homme il y a longtemps, c'est une personne très correcte, pas une de ces brutes qui remplissent les caisses de notre affaire. Alors, je t'en prie, essaie de profiter, les hommes ne sont pas des barbares et, toi, tu n'es pas une victime !

Ces dernières paroles l'avaient émue. Mila était précieuse à ses yeux et elle remerciait le Roi d'avoir eu la bonté de lui accorder cette présence réconfortante étant donné les circonstances.
Grâce à son amie, la jeune femme se sentait mieux, même si une angoisse d'adolescente effarouchée persistait au fond d'elle, une inquiétude palpable, trahie par façon nerveuse dont elle entortillait ses mèches de cheveux autour de ses doigts...

Soudain, la porte s'ouvrit et Folken apparût. Vêtu d'une tenue décontractée, un simple pantalon de toile claire, une chemise verte nouée d'une cordelette, le tout surmonté d'une longue veste beige, il lui parut d'un calme olympien, en totale contradiction avec la panique qui s'emparait d'elle.

Il s'avança vers son épouse, la fixant droit dans les yeux, avec cette étrange intensité qui le caractérisait si bien. Terriblement mal à l'aise, elle ne put soutenir son regard.
C'est lorsqu'elle sentit sa présence au plus près d'elle, qu'elle se résigna et leva les yeux vers lui :

— Nous y voilà, dit-il, je ne pense pas qu'il y ait besoin de revenir sur la situation et ce que l'on attend de nous.
— Effectivement, non... confirma Yiris, en détournant à nouveau la tête.

Folken soupira, la jeune femme crut déceler un léger tremblement dans sa respiration :

— Je suis désolé que l'on en soit arrivé là. Néanmoins, à l'approche du verdict, c'était la seule possibilité qui se présentait, alors je l'ai saisie. Tu m'as sauvé la vie et tu as préservé ma mémoire, t'éviter une mort injuste était le minimum que je devais faire pour payer ma dette !
— Je sais, pas besoin de s'étaler ! La fin justifie les moyens, je suis une des premières à penser de cette façon ! répondit la blonde, fataliste.

S'en suivit un moment de silence, entrecoupé par les crépitements du feu.

— Soit ! dit Folken, toujours aussi inébranlable. Faisons ce que nous avons à faire...

Il voulut s'approcher encore davantage mais elle recula instinctivement. Intérieurement, elle se maudissait de se montrer si puérile, si faible :

— Parfois... Je suis stupide... dit-elle dans un rire nerveux.
— Non... Je ne pense pas ! lui répondit-il.

Étonnée par ces propos, Yiris releva la tête. Perplexe, elle dévisagea son mari sans rien dire. Décidément, c'était un homme étrange.
De son côté, Folken comprit pourquoi son frère l'avait prévenu. Tout aussi forte soit-elle, son épouse était hantée par ses démons du passé.

— Écoute, je sais ce que cet Dirken t'a fait. Il a voulu te faire payer ton refus de te soumettre. Je me doute que cela a laissé des traces...

Touchée, mais fière, Yiris esquissa un sourire pincé :

— Oh, je ne suis pas si traumatisée que ça non plus ! J'ai interrompu ce salaud avec un bon coup de poignard dans le ventre avant qu'il ne parvienne à ses fins. Et, quand même, je suis une ex-gérante de bordel, certes un hasard dû à un duel gagné, mais un fait !
— Tu dis ex-gérante ?
— En effet, j'ai cédé mon établissement à Mila, il lui revenait de droit !
— C'est dommage, il aurait été amusant de voir la réaction du clergé face à une maison close tombant dans le domaine royal... nota le Prince, de façon désinvolte.

Dans un rire bon enfant qu'elle ne put retenir, la jeune femme continua sur un ton plus léger, mettant en valeur son accent grec chantant :

— Ce n'est pas faux, j'ai toujours tendance à agir sur des coups de têtes, j'aurais dû attendre !
— Tu devrais rire plus souvent, cela te va bien !

Troublée, Yiris revint sur la défensive, au grand dam de Folken :

— De toute façon, avec mon statut, reprit-elle, me compromettre dans une relation intime avec un homme pourrait entraîner des conséquences fâcheuses. J'ai beau être générale, aux yeux de tous, je reste avant tout une femme ! Si j'avais eu un amant, je serais devenue une pute... Sans compter les risques que je prenais si le type me trahissait et allait étaler mon intimité en détail sur la place publique !
— Tout le monde n'est pas comme ça... observa le Prince, désireux d'éclaircir un point.
— Vous faites référence à Hylden, je présume ? Contrairement aux rumeurs que fait courir son épouse, je peux vous jurer que notre plus grande proximité se résume à un baiser, si léger que l'on caractériserait de souffle, et cela remonte à dix ans. Aussi, j'ai des principes, et je n'avais aucune envie de devenir la maîtresse d'un homme marié.
— Oui, mais la pensée t'a traversée l'esprit ! conclut, posément, celui était désormais son époux à elle.
— Je le concède... répondit-elle, d'une voix quasi inaudible. Mais... ajouta-t-elle, en reprenant de l'assurance. Je sais que, dorénavant, mon attitude se doit d'être irréprochable. Par conséquent, je me garderai bien de laisser place à une quelconque ambiguïté. Je ferai ma part du marché !
— Moi aussi, rassure-toi ! J'ai bien d'autres choses à faire que de courtiser les filles, j'en ai assez séduit adolescent... s'amusa Folken.

Un petit rire partagé détendit à nouveau l'atmosphère. Puis, reprenant son sérieux, le Prince posa sa main sur la joue de Yiris, qui se pétrifia telle une statue de sel :

— Ne t'en fais pas, je ne salirais pas ton honneur ! Tu as veillé sur mes souvenirs, je te dois bien plus que la vie !

La jeune femme acquiesça, timidement, d'un signe de tête, Folken semblait être un honnête homme après tout. Elle se détendit, ferma les yeux et laissa tomber ses bras, ballants, le long de son corps.
Cette vision émut le Prince, qui ressentait bien que la jeune femme avait puisé dans ses réserves pour apparaître tranquille. La voir telle une condamnée face à son bourreau le peinait profondément.

Il caressa ses cheveux. Seules quelques tressautes nerveuses trahissaient qu'il ne touchait pas un rocher à visage humain.
Tandis que sa main commençait à effleurer l'épaule à travers le tissu du déshabillé, il vit subitement les sourcils se crisper, tandis qu'une goutte commençait à couler sur la joue de la jeune femme.
Yiris prenait sur elle, elle ne devait pas s'effondrer !

À cet instant, Folken voulut tout arrêter... Mais le problème ne s'en retrouverait que repoussé. Une fois consommé, ce mariage serait incontestable sur le plan légal.
Il fallait le faire...

Il la regardait, et, plus il la détaillait, plus une étrange sensation l'envahissait. Malgré les mutilations, c'était une jolie femme, ronde ce qu'il fallait, avec des traits fins, juste quelques légers plissements au bord des yeux trahissaient son âge.
Si la vie lui avait épargné toutes ses horreurs, elle serait devenue fort plaisante pour les hommes.

Soudain, il se souvint de son corps ensanglanté, suite au combat du lac, en lui tendant la bourse contenant l'éclat de son épée.
Puis, il la revit lorsqu'il avait repris conscience, suite au long cauchemar qui lui avait rendu son passé. Ce petit air tendre qu'elle avait eu à ce moment, la première chose qu'il avait vu en ouvrant les yeux...

Pour la première fois de sa vie, il ressentit un pincement au ventre, un tourment viscéral, quelque chose qui ébranlait son comportement rationnel.
Il la prit dans ses bras. La différence de taille étant si impressionnante que la tête de la jeune femme arrivait à peine au niveau de son cœur.

Étrangement, Yiris vit ses tremblements s'atténuer. Pour la toute première fois, elle sentait une douce chaleur contre son être. Indescriptible...

— Fais le vide, oublie le monde... murmura Folken.

La générale prit une bouffée d'air et se redressant, montrant son visage, ses yeux ouverts encore bouffis par les larmes retenues.

Un échange de regards et le jeune homme fit glisser sa main sur le cou de son épouse, repoussant légèrement le tissu de son vêtement tandis que son autre paume enserrait celle, si étrangement menue, de Yiris.
Doucement, il se pencha vers elle. Comme ayant compris son intention, elle se mit sur la pointe des pieds et ils s'embrassèrent.

Son premier vrai baiser... Déroutant... Cependant, en dépit de la situation, elle le perçut comme étonnamment doux et tendre.

D'abord aussi léger qu'un effleurement, il devint un peu plus appuyé, mais restant toujours à la surface des lèvres. Yiris se surprit à apprécier cet instant.

Se laissant retomber, la mariée afficha une mine embarrassée, que son mari trouva adorable. Elle semblait telle une adolescente déstabilisée par ses premiers émois, méconnaissable.

Folken fit abstraction des circonstances.

Ainsi, il se laissa aller à un étrange désir qui commençait à le submerger. Spontanément, il saisit Yiris par la taille et, lui caressant le dos, partant de la nuque vers le creux des reins, il savoura le dessin de la cambrure féminine du dos.
Impossible pour elle de rester stoïque, le geste la fit frissonner.

Gêné par la trop grande différence de taille entre eux, le Prince décida de soulever la jeune femme et de la porter vers le lit.
Bien que surprise, elle se laissa faire.

Le mieux était d'essayer de se détendre. Comme l'avait dit Mila, elle ne serait pas une victime qui se débattrait dans tous les sens, elle se montrerait digne.
Aussi, lorsque Folken l'allongea sur le matelas, elle demeura lascive telle qu'elle avait été déposée, le déshabillé découvrant légèrement ses cuisses, musclées par des années de combat, et laissant entrevoir son décolleté pulpeux.
Elle devenait soudainement encore plus désirable.

Le Prince s'assit sur le bord du lit, et lui caressa le visage, avant de descendre effleurer la poitrine du bout des doigts et dénouer la ceinture. Déstabilisée, la respiration hachée, Yiris s'efforça de se contrôler.
Le tissu soyeux glissa sur la peau, laissant apparaître en grande partie sa nudité. Délicatement, Folken se débarrassa du vêtement qui la recouvrait et le laissa tomber sur le sol.
Comme irrésistiblement attiré, il se pencha vers elle et déposa un baiser léger sur ses lèvres avant de se relever et de se dévêtir à son tour.

Yiris luttait toujours pour ne pas céder au stress. Pourtant, c'était loin d'être le premier homme nu qu'elle voyait. Soldats, clients du bordel et, souvent, Konstantinos, c'était quasi son quotidien. Là, les choses étaient différentes...
Fixement, elle regardait le visage du Prince, essayant de comprendre à son expression ce qu'il pensait.

Quand il fut dévêtu, il s'étendit doucement sur le corps de son épouse, dont le cœur rata deux ou trois battements tellement elle était embarrassée.
Une autre peau contre la sienne, cette sensation fut, pour elle, un mélange de gêne et d'une douce chaleur.

Puis, le mari commença à caresser la peau meurtrie de son épouse. Malgré le relief des cicatrices, celle-ci lui parut néanmoins douce.
Touché à la vue de certaines blessures qu'elle avait reçues en lui sauvant la vie, il se laissa aller à embrasser quelques balafres.

Yiris le regarda faire silencieusement, songeuse. Elle, qui pensait que l'affaire se réglerait en quelques minutes, se trouvait l'objet de marques de tendresse montrant la volonté de son partenaire de prendre son temps et de la respecter. Il voulait en profiter.
Ce qui la surprit le plus et l'émut, c'était son désir de lui faire aussi apprécier ce moment.

Nus l'un contre l'autre, ils se regardèrent les yeux dans les yeux. Un lien semblait les unir à cet instant précis. C'était irrationnel, mais ils se laissèrent aller à le suivre.
À nouveau, ils s'embrassèrent. Ce baiser-là fut différent, interminable et torride. Leurs langues s'emmêlèrent à en perdre haleine.

Comme en quête d'air, la jeune femme se cabra, ce qui attisa davantage le désir du Prince. Son regard avait changé. Il n'avait plus rien de celui de l'homme calme et posé, il trahissait une soudaine passion.
Quant à Yiris, elle se laissait enivrer par la sensualité, oubliant, peu à peu, tous ses principes de détachement.
Sous le tourbillon de baisers qui parcourait son corps mutilé, elle ne pouvait retenir de petits gémissements. Les douces sensations procurées par ces préliminaires la dépassaient.

Un geste spontané, elle se prit à caresser les épaules de son partenaire. Percevant ce léger effleurement, Folken détailla son épouse. Elle semblait encore un peu mal à l'aise. Cependant, face à l'expression à la fois tendre et sensuelle qu'il affichait, sans trop savoir pourquoi, elle se sentit soudain en confiance.
Alors, elle s'enhardit et commença à parcourir le torse musclé, passant doucement ses doigts sur les sutures de la blessure de la flèche, encore fraîches, puis, sur la cicatrice au niveau du cœur.
Elle réalisait à quel point cet homme était beau, grand, aux proportions harmonieuses... Elle se surprit à esquisser un petit sourire gourmand.

De plus en plus assurée, sa main descendit et s'aventura sur les hanches de son mari. Et dans un sursaut d'audace, elle vint frôler sa virilité.
Déconcerté, un puissant frisson parcourut Folken. Il parvint malgré tout à conserver son calme.
Souriant, il embrassa le front de la jeune femme, avant de poser son oreille sur son cœur en lui caressant langoureusement la poitrine. Ainsi, il apprécia le rythme des battements s'emballer, sentant davantage la respiration haletante.

Passionné, Folken fit rouler son épouse de côté et la plaça au-dessus de lui. Il en profita pour glisser ses paumes le long de sa colonne vertébrale jusqu'à la chute de ses reins tandis qu'elle reposait doucement son visage contre son torse en laissant ses mains se balader au gré des reliefs de son corps.

Toute notion de lieu et de temps avaient disparu, les deux amants semblaient même avoir oublié qui ils étaient, seule cette attirance irrésistible gouvernait leurs gestes.

Après un long échange de caresses, le Prince ressentit l'envie incontrôlable de posséder totalement son épouse. Doucement, il l'installa sur le dos et commença à lui effleurer l'intérieur des cuisses, avant de les écarter délicatement.

Brutalement, Yiris revint à la réalité. Paniquée, elle voulut se dégager par réflexe de survie. Folken para, in extremis, un violent coup de poing au visage mais subit un coup de genou dans le flanc :

— Oh merde ! lâcha la jeune femme, honteuse de son acte. Je ne voulais pas, je...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, le Prince posa son doigt sur sa bouche :

— Calme-toi ! Je suis désolé, je crois que je me suis laissé emporter par ma fougue. Tu ne seras jamais en danger avec moi !

Yiris le regarda, interloquée. Puis, le silence revint.

Cherchant à la rassurer, il se blottit contre elle, dégageant les immenses cheveux couleur d'or, afin qu'aucun obstacle ne s'interpose entre leurs peaux.
Apaisée par cette douceur, elle reprit confiance et son corps mutilé se détendit.
Pour la première fois depuis qu'elle était sur Gaea, pour la première fois en vingt-cinq ans, elle se sentait vraiment en sécurité... C'était inespéré !

Folken reprit doucement son étreinte. Méconnaissable, il agissait malgré lui, obéissant à ses pulsions qui le poussaient à la faire sienne.
Il tenta de se frayer un chemin en elle, en vain, tant elle était contractée à l'image de ses doigts qui se crispaient sur les draps, près de son visage.

Conscient qu'il risquait de la blesser, il s'étendit sur le côté et lui prenant doucement le menton, l'incita à le regarder.
Agitée de spasmes nerveux, elle affichait une expression désemparée. C'était la deuxième fois qu'elle lui montrait sa part de vulnérabilité. Il reconnaissait sans peine cet étrange regard perdu, qu'elle avait eu au lac, l'instant avant de s'effondrer, épuisée, après avoir encaissé les coups.

Il lui répondit par un sourire empreint de calme et de tendresse, ce qui la détendit. D'une main, il lui caressa la joue avant de descendre sur son épaule, son flanc, sa hanche...
Passant son autre bras sous son cou, pour se saisir de sa nuque, il la força à l'embrasser tandis qu'il ses doigts s'aventuraient encore plus bas.

Comprenant son intention, la jeune femme ferma les yeux. Décidément, pensait-elle, elle avait vraiment affaire à un homme totalement différent des autres.
Là où n'importe quel autre aurait conclu sans se soucier de la souffrance causée, il tentait de l'apprivoiser.

Néanmoins, rien n'y faisait. Yiris s'arquebouta pour se dégager de son emprise et se recroquevilla sur le côté, lui tournant le dos.
Cette fois, il comprit que, quoiqu'il fasse, elle resterait prisonnière de son appréhension et n'insista pas.

Basculant sur le dos, il sentit un profond trouble s'emparer de lui. Son cœur battait à s'en rompre. Il s'assit et observa Yiris.

Crispée, les yeux rougis perdus dans le vague, son esprit semblait fuir ce qui lui apparaissait comme une torture interminable. La honte la rongeait autant que la peur.
Pourtant, elle le savait, elle n'était plus une gamine, elle avait presque quarante ans.
En y réfléchissant sérieusement, c'était même aberrant d'être encore vierge à cet âge-là ! Son excuse de la réputation était avant tout l'incarnation même de sa lâcheté. D'ailleurs, sérieusement, y avait-il quelqu'un d'assez stupide pour gober cela ? Même Folken avait attaqué l'une des failles de l'argumentation...
Si elle l'avait vraiment voulu, elle aurait pu aussi avoir une aventure sans risque avec un homme saoul... Et, si elle oubliait ses principes de respect des liens du mariage, en manipulant l'esprit d'Hylden, elle aurait pu aussi partager cela avec lui.
Dieu seul savait le nombre de fois où l'idée lui avait traversé l'esprit.

Au-delà de sa curiosité concernant ce qu'elle ne voulait pas faire qui la taraudait, elle n'avait pas prononcé de vœux de chasteté. En fait, en ayant vécu quinze ans à l'écart des gens, quelle que soit leur espèce, seule avec son maître, elle avait gardé un regard fasciné sur les méandres de la pensée des gens.
Quand elle résidait au bordel, elle était intriguée en observant cette façon d'agir de laquelle les gens ordinaires retiraient du plaisir, au point de vouloir même payer pour cela.

Folken voyait bien que l'esprit de la jeune femme se perdait dans un million de réflexions. Elle semblait marmonner, comme si elle voulait s'exhorter à faire quelque chose.
Lorsqu'elle commença à se griffer la peau avec ses ongles, le Prince comprit qu'elle était en train de revivre la façon dont Dirken avait abusé d'elle avant de la massacrer. La peur n'est pas quelque chose que l'on peut si facilement maitriser.

Délicatement, Folken posa une main sur son épaule, elle ne le repoussa pas et il la tourna face à lui. Caressant ses joues, il finit par capter son regard. D'abord, elle parut apeurée, puis, il se mit à passer sa main dans ses cheveux, sur ses épaules.
Cette tendresse finit par la déconnecter de son cauchemar et, après de longues minutes, elle réussit à sourire. C'était bien ça, Folken la protégerait. Toutes ces horreurs, c'étaient derrière elle, elle ne vivrait plus quelque chose de semblable tant qu'il serait là.

Elle leva une main hésitante et posa sa paume sur la joue du jeune homme. Il rapprocha son visage, elle rapprocha le sien.
Un nouveau baiser finit de la tirer du marasme. Elle ne ressentait plus de crainte, mais les fameux papillons dans le ventre dont on parle souvent...

Elle avait l'impression d'être un paradoxe vivant. Pas étonnant que, quand on parlait d'elle, on dise "Yiris, c'est Yiris !", elle passait de la plus grande angoisse à l'envie.
Car oui, cet homme, elle désirait, pour elle !

Lui aussi avait perçu ce changement. Il y avait un temps pour la patience, un autre pour les actes. D'une main caressante, mais ferme, il rallongea la blonde sur le dos, sans qu'elle n'oppose la moindre résistance, avant de s'étendre sur elle.
S'appuyant sur ses coudes, il saisit ses mains entre les siennes et entremêla ses doigts aux siens. Il la chercha du regard. Ses yeux couleur d'energist se noyèrent dans ceux au vert bigarré de son épouse.

Des femmes, il en avait connu, cependant, Yiris lui semblait unique, surpassant de loin toutes les autres.
Sans doute n'était-elle pas la plus ravissante aux yeux de la plupart de gens, néanmoins, auréolée de sa longue chevelure blonde, illuminée par un magnifique sourire, elle lui apparaissait sublime.

L'espace d'un instant tout devenait clair, il voulait la conquérir, elle ! Auparavant, aucune autre n'avait suscité chez lui ce désir de possession.

Sans y réfléchir, il murmura quelque chose à l'oreille de la jeune femme.

À l'entendre, Yiris ouvrit de grands yeux stupéfaits et se relâcha un peu. Pour parfaire sa détente, le Prince l'embrassa à nouveau avidement, et, tout en douceur, il s'immisça en elle.
Yiris aurait voulu garder sa douleur pour elle, mais ses mains se crispaient peu à peu sur celles de Folken.

Acculée, la générale savait que ses résistances étaient purement psychologiques, cela n'empêchait pas les larmes de couler. De prime abord, cela ressemblait à un coup de poignard s'enfonçant profondément dans la chair, après, ça devenait confus... Elle avait eu déjà mille fois plus mal, néanmoins, la sensation n'en demeurait pas moins gênante.
Son mari observa son visage, il eut la déstabilisante impression d'avoir affaire à un adversaire reconnaissant sa défaite.

Une certaine émotion s'empara du Prince. Tendrement, il libéra une de ses mains et caressa le front et les mèches de la chevelure blonde de sa partenaire.
Touchée par cette douceur, ses traits s'adoucirent et, lentement, elle effleura le bras de son mari, avant de lui sourire à nouveau.
Il se pencha vers elle, soufflant doucement sur ses lèvres pour les inciter à s'ouvrir. Il y glissa sa langue et ils échangèrent un baiser langoureux.

Yiris ne pouvait s'empêcher de se sentir humiliée. Cependant, cette façon passionnée qu'il avait de l'embrasser faisait vaciller ses certitudes.
Et, peu à peu, faisant le vide dans son esprit, elle s'abandonna, totalement.

La voyant lâcher prise, Folken commença ses va-et-vient avant de s'allonger contre elle. Il s'acharna à garder une certaine maitrise, les ongles de Yiris étant planté dans sa chair.
Et, tandis que l'étreinte se prolongeait, le jeune femme était perdue. La souffrance s'était dissipée, elle s'interrogeait sur ce qu'elle ressentait désormais... Du plaisir ?

Comprenant qu'elle était enfin détendue, le Prince commença à donner des coups plus rythmés et violents. Échappant à tout contrôle, il couvrit le visage et le cou de son épouse de baisers passionnés.
Yiris soupira d'aise, la souffrance initiale avait définitivement laissé la place à une agréable volupté.

Pour la première fois, un homme la faisait exister en tant que femme, une impression au combien étrange, qu'elle se plut à savourer.
Jamais elle n'aurait cru cela possible et, dans une sorte de réflexe animal, la concupiscence l'incita à onduler ses hanches pour accompagner les mouvements du Prince.
Les coups de reins devinrent encore plus bestiaux. Yiris prit davantage d'assurance. Comme voulant l'emprisonner de son corps, elle enlaça son mari de ses bras et enserra ses jambes autour de lui.
Percevant cette audace, il redoubla d'ardeur.

Libérée de toute inhibition, Yiris poussait de longs soupirs rauques. Folken en devenait fou. Il posa une main sur le front de la jeune femme et, caressant sa chevelure, en l'embrassant sensuellement, l'incita à reposer sa tête sur l'oreiller.
Ce plaisir, il voulait encore le faire durer, aussi bien pour lui-même que pour elle... Ainsi, en sueur, repoussant ses limites, il poursuivit son étreinte torride.

Dans un dernier mouvement sec du bassin, une intense bouffée voluptueuse leur coupa la respiration.
Les deux corps se relâchèrent totalement. Folken s'écroula sur sa femme, et, tendrement, celle-ci passa la main dans ses cheveux.

Son souffle retrouvé, le jeune homme se dégagea et s'assit. Déconcerté, il ne s'était pas reconnu dans ses actes. Il se leva et constata quelques petites taches de sang, près des cuisses de son épouse, qui, une fois ses esprits retrouvés, avait les joues rouges d'embarras.
Lui bascula alors d'un sentiment de confusion à une sorte de fierté, celle d'avoir fait sienne la jeune femme.

Touché par sa gêne, il la recouvrit en silence du drap froissé et elle eut un regard doux en remerciement.
Il contourna le lit et alla s'asseoir de l'autre côté pour réfléchir.

Après quelques instants, il se tourna vers Yiris. Celle-ci s'était assoupie, éreintée physiquement et psychologiquement par la journée surréaliste qu'elle venait de vivre.
Détaillant la vision de l'endormie, dont le flot de cheveux se répandant autour d'elle telles d'étranges vagues lumineuses, ses yeux s'attardèrent sur le galbe de la poitrine, mise en valeur par les draps tendus par une main posée sur le ventre...
Il cherchait à comprendre les raisons de cette attirance folle qu'il éprouvait pour cette femme.

Lui, qui n'avait jamais aimé céder à l'empressement, venait de se surprendre à se laisser dévorer par une passion incontrôlable.

Se remémorant ces instants, il en arrivait à se demander s'il n'avait pas rêvé l'étreinte qu'il venait de vivre, et s'il lui avait réellement murmuré un « Je t'aime » passionné à l'oreille de Yiris, qui, profondément touchée par cette déclaration d'amour inespérée, s'était enfin offerte à lui....

O~O~O~O~O~O

Notes de l'auteur : Ce chapitre est donc un deuxième lemon, plus facile à écrire puisque je m'étais déjà mesurée à l'exercice, mais qui avait une complexité plus particulière.
Là encore, j'ai fait des dizaines de retouches avant d'aboutir au résultat final... Le style a beau être difficile, j'aime bien m'y confronter, paradoxe d'autrice... En fait, ce qui est intéressant, c'est que j'ai écrit le texte original à vingt-six ans et, en le corrigeant à trente-huit, soit l'âge du personnage de Yiris, j'étais plus à l'aise pour décrire ces émotions. Nos textes grandissent avec nous !


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