8 ~ Le besoin de comprendre

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Leur dernier rêve

Édition Finale Souvenirs de Plume(s)

Fanfiction Escaflowne écrite par Andromeda Hibiscus Mavros

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Rating / Classement [+18]

Livre 1

Nothing Else Matters
(« Rien d'autre ne compte », Chanson de Metallica, 1991)

Chapitre 8

Le besoin de comprendre

Publié pour la première fois le 7 novembre 2011

Crédits : L'univers de The Vision Of Escaflowne est la propriété de Shoji Kawamori et du studio Sunrise, je ne fais que l'emprunter pour cette histoire.
Exception faite pour quelques personnages et lieux que j'ai créés pour l'occasion.

O~O~O~O~O~O

Un râle de douleur, Alexandre reprenait doucement connaissance. En le voyant ouvrir les yeux, Meinmet et Hitomi soupirèrent de soulagement.
Constatant cela, Van et Yiris, en retrait, quittèrent la pièce et commencèrent à discuter dans le couloir :

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda le Roi.
— Honnêtement, je n'en sais rien. Ce type agit et réagit bizarrement. Là, il a réparé le melef. Ensuite, devant la tombe, il s'est évanoui. À chaque fois, on aurait dit qu'il agissait comme un somnambule.
— Pourquoi l'as-tu emmené là-bas ?
— Je devais le faire, j'en ai assez de cette comédie. Je voulais le confronter à ce qu'il semble être. Pour moi, ça en devient intolérable. J'ai vu un mort me sourire, je ne peux pas supporter de le voir sorti de sa tombe et me parler comme si de rien était...
— On en a parlé des centaines de fois, mais es-tu sûre de ne pas avoir rêvé ?
— Non, je le maintiens sur mon honneur, et même ma vie ! Il y a dix ans, le cadavre de votre frère a ouvert les yeux et m'a souri. Je sais, ça n'a aucun sens, c'est impossible, pourtant... Regardez cet homme aussi est un non-sens et pourtant vous le voyez comme moi...
— C'est un fait... soupira Van. Je suis perdu moi aussi...
— Que dois-je faire ?
— Continue ta mission ! Ce qui vient de passer prouve que les choses avancent. Nous finirons bien par savoir...

Le Souverain s'en alla, laissant Yiris, seule avec ses doutes. Un souvenir traversa l'esprit de la générale. Elle se revoyait marcher dans les ruines de Fanelia, sur un tas de gravats, un homme lui faisait face : Folken Fanel.
Chaque détail de cette brève rencontre lui revint en mémoire, notamment la remarque sur le fait qu'un vrai soldat se devait au moins de porter une épée, ce que n'avait pas Yiris à l'époque.

L'intonation de la voix, le regard, en plus de l'aspect physique, Alexandre ressemblait tellement à Folken...

Impossible et malgré tout réel...

Meinmet arriva dans le couloir et fit face à la jeune femme, adossée au mur :

— Puis-je me permettre une question ?
— Allez-y...
— Que pensez-vous qu'il soit ?
— Je n'en ai aucune idée... Il est bien trop réel pour être un fantôme... D'un autre côté, on ne ressuscite pas les morts...
— Alors pourquoi n'avons-nous pas peur ? interrogea le vieil homme.
— Parce que celui à qui il ressemble inspirait confiance, c'était dans sa nature... Je n'ai vu qu'une fois l'homme en question vivant, pourtant, au premier contact, vous étiez conquis... Il avait une façon de vous parler, de vous regarder... Cela vous transperçait l'âme...
— Alexandre me semble loin de tout ça...
— Loin et tellement proche en même temps...
— Que vous a dit mon neveu à son sujet ?
— De continuer comme nous avons commencé. De toute façon...
— De toute façon ? insista Meinmet.

La jeune femme se redressa et entra dans le salon de façon à voir le lit. Alexandre parlait à Hitomi, lui expliquant, une nouvelle fois, son incompréhension face aux événements.
Yiris commença à tripoter nerveusement le fourreau de son épée :

— Quoiqu'il soit, cet homme a des réponses. Des réponses que j'attends depuis longtemps ! Tant que je ne les aurais pas, sa vie sera ma seule priorité, je veux comprendre.
— Comprendre quoi ? osa le vieux Prince, étonné.
— Pourquoi j'ai été envoyé ici pour y vivre l'enfer ! répondit-elle, nerveuse.

Meinmet baissa la tête, puis, il appela Hitomi, lui suggérant de laisser Alexandre se reposer. Celle-ci acquiesça et quitta la pièce avec le vieil homme.
Après leur départ, Yiris échangea un regard lourd de sens avec Alexandre, puis s'assit sur son lit de camp, sans un mot.

O~O

Hitomi et Meinmet marchèrent jusqu'au jardin. En passant près de l'atelier de réparation des melefs, le maigre Yrkas les remarqua et vint à leur rencontre :

— Excusez-moi, Seigneur Meinmet, vous savez ce qui s'est passé avec la chef ?
— Et bien, Alexandre s'est évanoui.
— Elle n'a rien fait au moins ? Cette histoire l'a mise à cran, on craint qu'elle ne laisse emporter.
— Non, elle n'a rien fait. Pourquoi êtes-vous aussi inquiet ?
— Ce genre d'histoire, ça la travaille. La chef a toujours été en quête de comprendre les choses autour d'elle et ce type pose beaucoup plus de questions qu'il n'en résout.
— Comment cela ? demanda le vieil homme.
— À vrai dire, la personne qui connaît le mieux la chef, c'est le général Hylden. Franchement, il saura plus en dire plus sur ce qui se passe dans sa tête. D'ailleurs, il m'a demandé de lui donner des nouvelles rapidement.

Sur ce, le soldat pris congé, laissant le vieil homme et la jeune femme perplexes :

— Les choses sont loin d'être claires et limpides ici... constata Meinmet.
— Vous ne pouvez imaginer à quel point ! soupira Hitomi.
— En tout cas, Demoiselle, je crois que je te dois des excuses.
— Des excuses ?
— Oui, j'ai papoté depuis mon arrivée et on m'a laissé à penser que tu ne voulais pas revenir car tu as vécu de durs moments ici.
— Je peux vous l'avouer, je ne voulais pas revenir sur Gaea... Cela dit, Meinmet, ne vous en voulez surtout pas ! Je réalise seulement maintenant que fuir son passé n'était pas la solution. Je me devais de revenir... Cependant, les choses ne sont pas simples... Je me sens perdue...

Hitomi avait prononcé cette dernière phrase avec un regard triste.

— Alors, il faut prendre du recul et faire une bonne vieille liste des pour et contre, cela aide à prendre une décision ! répondit Meinmet avec un sourire. Enfin, tu m'excuseras, Mademoiselle Hitomi, mais là, j'ai quelqu'un avec qui je dois discuter.
— Où partez vous donc ? interrogea la jeune femme en voyant le Prince avec une étincelle d'enthousiasme dans le regard.
— Je vais aller voir le Général Hylden, justement ! Je veux en savoir plus sur Yiris.

En entendant Meinmet parler cette femme, Hitomi eut un petit frisson, une sorte de dégoût mêlé à la peur :

— J'avoue que, moi aussi, je suis étonnée que cette fille soit devenue générale, mais bon... fit-elle remarquer avec un certain mépris.
— Ah, mais c'est vrai que toi, tu ne sais peut-être pas : elle vient aussi de la Terre ! Elle est née en 1969, en Grèce ! Elle avait treize ans et son frère, sept, quand ils ont été entrainés sur Gaea ! annonça le vieil homme avec un sourire qui montrait son intérêt.

La jeune femme resta interdite. Yiris avait ainsi une dizaine d'années de plus qu'elle, elle était européenne, mais pourtant, loin de se trouver des points communs avec elle, elle s'en se sentait encore plus différente.
Maintenant qu'elle savait cela, Hitomi avait presque peur. Comment Yiris avait fini dans cet état ?
Puis, aussi sec, repensant à l'attitude de la personne, elle se dit qu'après tout, son comportement avait dû lui attirer des ennuis et que ce n'aurait pas été mieux si elle était restée sur la Lune des Illusions. Et, quand elle envisagea le cas de Konstantinos, elle fut convaincue. La fratrie était juste composée de deux gamins caractériels et mal élevés qui avaient mal tourné.

De toute façon, elle avait d'autres problèmes à gérer. Reprenant un visage souriant, elle dit à Meinmet :

— Bonne enquête !

Trop concentré sur son projet, le vieil homme n'avait pas noté le trouble de son interlocutrice et s'était éloigné d'un pas joyeux.

Hitomi soupira, elle se retrouvait seule avec ses pensées. Regardant le ciel, elle songeait à sa famille, qui devait encore s'inquiéter, à Yukari et Amano, dont elle avait peur d'avoir gâcher le mariage avec sa disparition...

Alors, elle se remit à réfléchir à sa relation avec Van, enfin, s'il existait une relation...

O~O

La curiosité de Meinmet avait toujours été son plus grand défaut. Yiris l'avait intrigué et il voulait comprendre son histoire. Comment une jeune fille de la Lune des Illusions s'était muée en soldat sur Gaea ? Quel était cet enfer auquel elle faisait référence ?
Rencontrer ce fameux Hylden, dont elle semblait proche, davantage que de son propre frère, lui semblait une bonne piste.

Dans un autre secteur du palais, marqué de griffes, symbole de cette partie de l'armée, l'ambiance était à l'équitation. De nombreux soldats s'entraient à maitriser leur monture.
Demandant son chemin, Meinmet finit par atterrir dans un petit bureau. Derrière une table débordante de feuilles, se tenait un jeune homme brun aux cheveux longs.

— Bonjour, est-ce bien le Général Hylden auquel je fais face ?
— Exact ! répondit ce dernier avec un sourire en levant la tête de ses dossiers. Et vous, vous êtes le Seigneur Meinmet ! Très honoré de vous rencontrer, Votre Altesse.

Le général voulut se lever, mais le vieil homme lui fit un signe montrant que ce n'était pas nécessaire. Hylden, de son côté, invita le vieil homme à s'asseoir :

— Que me vaut votre visite, Monseigneur ?
— Yiris ! Je le concède, j'aime tout savoir. Cependant, dans le cas présent, j'aimerai sincèrement comprendre comment elle en est arrivée là. Le halo de mystère qui l'entoure m'intrigue vivement.
— Yiris, c'est Yiris. Elle est indéfinissable...
— Peut-être... Néanmoins, j'aimerais savoir ce qui lui vaut son apparence. Quand elle parle de ses premières années sur Gaea, elle en tremble.

En entendant ces mots, Hylden arrêta son travail et s'appuya sur le fond de son fauteuil, comprenant qu'il allait devoir avoir une conversation. Il ne pouvait refuser de parler à un membre de la Famille Royale :

— Je ne sais pas trop à quoi cela vous avancera de le savoir... Yiris vit avec un fantôme. Ce démon du passé, elle voit partout puisqu'il s'incarne dans son corps mutilé.
— Expliquez-moi...
— Je ne connais pas les détails. Elle refuse d'en parler, je ne pense pas que Maître Van en sache davantage. Ce que Yiris a vécu, elle n'a pas besoin d'en parler, cela ne la soulagera pas. Elle a appris à vivre avec, à défaut de l'accepter car rien ne n'effacera les cicatrices.
— Que savez-vous au juste ?
— En fait, on sait que son parcours a commencé par la destruction du village où elle et son frère s'étaient réfugiés. Après, il y a un gros flou, même Konstantinos nie l'existence de cette période. Yiris est réapparue à Irini il y a une quinzaine d'années et a défait le maître installé lors d'un duel d'une violence inouïe, devenant ainsi le chef de cette tribu. Sa force inhumaine, mystérieusement acquise, fait que personne ne conteste son autorité.
— Il apparait que vous la connaissez quand même bien.

Un petit sourire traversa le visage du général. Il se rappelait, amusé, « le bon vieux temps » :

— Je l'ai rencontrée à la fin de la guerre. Les chefs de tribu avaient été appelés à revenir à la capitale. Maître Van souhaitait offrir des funérailles royales à son frère. Il avait un problème particulier à résoudre, il souhaitait inhumer son frère en tant qu'être humain et non comme le monstre créé par Zaibach. Pour cela, il voulait que l'on démonte le bras mécanique de ce dernier avant de le mettre en bière.
À cette époque, il n'y avait personne à Fanelia qui sache enlever cela sans endommager gravement le corps. Aussi, comme j'étais médecin, le Roi m'a demandé de regarder comment était l'attache était faite avec l'espoir que je comprenne comment procéder proprement.
Pour m'aider, il y avait Yiris, il s'avérait que pendant des années, elle avait été fossoyeur, et avait dû parfois gérer les préparatifs des inhumations. Ensemble, nous avons examiné la prothèse et, en mettant nos connaissances en commun, nous l'avons détachée sans faire trop de dégâts. Sa Majesté a exigé que la prothèse soit broyée et que nous nous occupions des derniers rites, et c'est alors...
— C'est alors ?
— Yiris allait retirer le bout de métal planté dans le torse du corps quand elle a crié. Je me souviens, elle a reculé de plusieurs pas, pour finir assise par terre, le bout de métal à la main. Quand je lui ai demandé ce qui s'était produit, elle m'a dit avoir été certaine que le Prince s'était réveillé et lui avait souri.
Après avoir repris ses esprits, elle m'a raconté l'avoir rencontré une fois, dans les ruines de la cité, quand il est venu s'y réfugier. Sa tribu était d'astreinte pour garder les lieux. Elle avait donc échangé quelques mots avec lui.
Ce dernier s'était notamment étonné qu'elle n'ait pas d'épée et Yiris avait répondu que l'épée était faite pour tuer même sans le vouloir alors que le bâton ne tuait que si on insistait. Folken lui avait répondu qu'elle pouvait peut-être trouver une autre utilité à une épée et lui promis de lui donner la sienne quand il n'en aurait plus besoin.
Ainsi, racontant cette rencontre, elle demanda à Sa Majesté de récupérer l'épée brisée et son éclat, ce qu'il accepta. Depuis, Yiris s'est mise dans la tête que cette épée était en fait une réponse à toutes ses questions.
Alors forcément, avec l'arrivée de cet Alexandre, c'est son monde qui s'écroule.
— Et que pourrait-elle faire ?
— Ce que Yiris veut, elle l'obtient ! Elle n'a peur de rien, ni de personne. En vivant quelque temps ici, vous entendrez sans doute pas mal de choses à son sujet, notamment qu'elle est la propriétaire d'un bordel, qu'elle est aussi droguée que son frère est alcoolique...
— Son frère n'a pas d'ailleurs l'air des plus plaisants...
— Vous l'avez dit, Konstantinos est odieux. Je ne compte plus les fois où j'ai aidé Yiris à aller le ramasser dans un caniveau après une bagarre d'ivrognes. Sa sœur a beau veiller sur lui, il prend un malin plaisir à la mettre dans l'embarras mais elle lui passe tout... C'est son point faible.
— Et vous savez pourquoi ?
— Là encore, les détails, je les ignore... Konstantinos parle toujours de sa sœur comme un monstre... Sur ce point, il pourrait très bien s'entendre avec mon épouse... soupira le jeune général.
— Votre femme ?
— Ah ça, je vais être honnête, ma femme déteste Yiris. Contrairement à elle, c'est une femme tout ce qu'il y a de plus bridée dans sa condition. De là à dire qu'elle l'envie... s'amusa Hylden. Kyria passe son temps à médire sur Yiris. Pour elle, c'est le diable...
— Les épouses sont toujours jalouses... Surtout si on les délaisse pour aller parler à une autre femme sur un toit...

Fataliste en entendant cette remarque pour la énième fois, le général se contenta de hausser les épaules, détournant le regard. Quelqu'un de plus le trouvant immoral, cela ne changerait rien.
Aussi, fut-il surpris quand le vieil homme se pencha vers lui et posa sa main sur son épaule :

— Parfois, la vie est injuste... Il faut faire avec !

Meinmet s'était exprimé avec un petit sourire compatissant. Hylden soupira :

— Il y a une dernière chose que vous devez savoir. Je préfère vous le dire moi-même, histoire que vous sachiez que c'est une réalité, et non une rumeur. Cela va vous paraître très étrange, mais Yiris ne tue jamais ses adversaires. Elle les assomme, leur brise les membres, mais jamais elle ne les achève. Je ne sais pas pas pourquoi et je vous conseille de ne pas poser la question, vous êtes certain de vous faire rabrouer sèchement.

Intrigué, le vieux Prince haussa les sourcils :

— Surprenant, en effet ! Merci beaucoup d'avoir pris le temps de m'expliquer tout cela !

Au terme de cette conversation fort instructive, Meinmet s'en alla, laissant le militaire vaquer à ses tâches. Puis, il partit se promener sur la grande esplanade du palais, réfléchissant à tout ce qu'il venait d'apprendre. Son intuition concernant le fait que Yiris avait déjà une piste concernant Alexandre se renforçait.
De plus, l'histoire de Yiris le touchait. Sa détresse d'exilée résonnait en lui. Se retrouver dans un monde inconnu et devoir s'adapter, il avait connu cela il y a longtemps.

O~O

En rentrant à ses appartements, Hitomi fut surprise de trouver Merle qui l'attendait devant la porte. Depuis les révélations de Konstantinos, les deux jeunes femmes ne s'étaient plus croisées.

— Je crois que l'on a des choses à se dire... murmura timidement la jeune femme-chat.

En la voyant, Hitomi sentit la rancœur reprendre le dessus. Cependant, se maitrisant, elle lui répondit sans un regard :

— Oui, suis-moi...

Passant devant elle, Hitomi ouvrit la porte et, d'un signe de tête, l'incita à entrer. La jeune femme se dirigea vers la table ronde de l'antichambre et tirant une des chaises vers elle, avant de s'adresser, d'une voix évasive et monocorde, à sa visiteuse :

— Assieds-toi...

Confuse, Merle s'approcha et vint s'asseoir face à Hitomi. Celle-ci ne dégageait aucune agressivité, son visage était tourné vers la fenêtre, le regard perdu sur Fanelia.

Un étrange silence régnait dans la pièce.

Rassemblant tout son courage, la jeune femme-chat commença à parler :

— Si tu ne veux plus me ré-adresser la parole, je comprendrais. Sois certaine d'une chose, je n'ai jamais voulu te faire de mal en aucune façon.

Attentive à chacune des réactions d'Hitomi, qui restait silencieuse, Merle s'efforça de continuer ses explications :

— Maître Van et moi-même ne savions pas comment aborder cela avec toi... Même si nous étions conscients qu'il fallait te l'avouer avant que tu le saches par quelqu'un d'autre... Comme ce fut le cas...

Soudain, le visage d'Hitomi s'anima d'une petite grimace, la révélation de Konstantinos lui revenant en mémoire.
S'en apercevant, Merle en eut un vif frisson. Cependant, elle poursuivit, pesant soigneusement ses mots :

— Hitomi, depuis ton départ, Maître Van a dignement assumé ses responsabilités de Roi sans vaciller. Cependant, derrière la façade publique digne, il était rongé par la tristesse. Le voir sombrer petit à petit dans la mélancolie m'était insoutenable.
Il ne se livrait pas totalement à moi... Je ne pouvais que rester auprès de lui, espérant qu'il se confie pour atténuer sa peine.
Avec le temps, Maître Van a beaucoup changé, ce n'était plus un adolescent chétif mais un homme... Moi aussi, j'avais grandi.
Nous avons toujours dormi ensemble depuis l'enfance, mais les choses ont fini par évoluer... Maître Van recherchait une autre forme de réconfort, qui je pense, allait bien au-delà de ce qu'il aurait pu imaginer réclamer à l'époque où tu es partie...
Peu à peu, ce manque a commencé à prendre le pas sur lui. Néanmoins, je voyais bien qu'il se retenait. Un jour, tout a basculé... Je ne pouvais pas le rejeter... Je ne pouvais pas lui faire ça...
J'ai accepté cette situation en me persuadant que, de cette façon, je lui apporterais un certain soulagement qui lui permettrait de surmonter sa tristesse... Et, sans mentir, j'appréciais de partager ça avec lui...

Hitomi restait figée, presque éteinte. Elle affichait un regard inexpressif et restait plongée dans son mutisme.
Merle sentait sa poitrine se comprimer :

— Hitomi... Je t'en prie... Ne lui en veux pas !

La jeune femme-chat éclata en sanglots. Totalement désemparée, elle se précipita auprès d'Hitomi et s'accroupit contre ses genoux.
À son grand désespoir, son interlocutrice ne réagissait pas.

— Si pour que tu puisses un jour refaire confiance à Maître Van, j'accepte de partir et de ne plus jamais revenir ! Mais je t'en supplie, si moi, tu peux me haïr, je t'implore de pardonner Maître Van !
Il n'y a pas un jour où il n'a pas pensé à toi ! Celle qu'il aime, c'est toi ! Moi, je n'étais qu'une sorte de réconfort...

S'en suivirent de longues minutes de pleurs. Sur le point de se résigner à partir, Merle fut surprise de sentir Hitomi poser délicatement sa main sur ses cheveux.
Relevant la tête, elle vit que celle-ci la regardait droit dans les yeux avec une extrême douceur :

— Je pense que, moi aussi, je devrais vous demander pardon...

Stupéfaite, Merle écarquilla les yeux tandis que Hitomi posait son autre main sur son bras :

— Ma fuite et mon indifférence vous ont mis dans cette situation... avoua doucement Hitomi, la larme à l'oeil. C'était stupide de ma part de vous blâmer pour les conséquences de mes erreurs, de ma lâcheté...

Émue, la jeune femme-chat lui sauta dans les bras. Elles restèrent un moment à sangloter tout en souriant.
Puis, relevant la tête, Merle demanda, remplie d'espoir :

— Hitomi, tu vas rester ici avec nous ?

Cette dernière la regarda en esquissant un timide sourire. Alors, la jeune femme-chat l'enlaça en lui murmurant « Merci ».
Puis, lentement, Hitomi se releva et se dirigea vers la fenêtre en en essuyant ses larmes. Merle la suivit.

Dans la cour du palais, elles virent Van en train de converser avec Hylden. Comme s'il se sentait observé, le Roi tourna la tête vers elles et les aperçut ensemble.
Regardant le Souverain, la jeune femme-chat s'adressa à son amie :

— C'est toi la femme qu'il veut et qu'il désire... Je crois qu'il n'y pas une nuit où il n'a pas rêvé que ce sois toi qui soit blottie auprès de lui...

Quelques instants, Hitomi resta à observer Van avant de quitter le rebord de la fenêtre. Elle raccompagna Merle à la porte de son appartement en la remerciant.
Encore sous le coup de l'émotion, la jeune femme-chat l'enserra d'une sincère accolade avant de s'en aller.

O~O

La nuit était tombée, tout le monde dormait. Dans l'appartement d'Alexandre, Yiris était en train de ronfler tout ce qu'elle pouvait.

Soudain, un coup à la porte se fit entendre :

— Chef, excusez-moi de vous déranger, il y a un souci avec Konstantinos ! expliqua Haymlar à travers la porte. J'en ai discuté avec Hylden et il m'a dit que, sur ce coup-là, vous devez descendre. Votre frère a foutu la pagaille au Fleur Coquine.

Encore à moitié endormie, Yiris se leva en ronchonnant :

— Je m'habille et j'arrive !
— OK, chef, Hylden vous attend en bas ! Moi, je vais surveiller ici, partez tranquille !

Furieuse, Yiris se vêtit à la hâte, sous le regard intrigué d'Alexandre qui avait émergé et s'en alla, le laissant aux bons soins d'Haymlar.
Rapidement, la jeune femme arriva à la porte sud du palais où l'attendait Hylden :

— Je suis désolé, lui dit-il, mais quand Haymlar m'a donné le message de sa sœur, j'ai jugé que, là, il fallait que tu interviennes.
— Qu'est-ce qu'il a encore fait ?
— D'après ce que j'ai compris, encore sous l'emprise de l'alcool, et sûrement d'autre chose, il a frappé plusieurs filles du bordel, et là, il menacerait d'en égorger une.
— Non seulement, il baise à l'œil mais, en plus, il se permet de foutre la pagaille... Pourquoi... soupira rageusement Yiris.

Les deux généraux firent route vers le quartier graveleux. Yiris avait du mal à dissimuler son inquiétude. Elle savait son frère capable d'accès de violence incontrôlables. Il avait d'ailleurs tué de sang-froid un compagnon de beuverie, quelques années auparavant, et ses bagarres, fréquentes, étaient spectaculaires.

Si Van n'avait pas plus ou moins fermé les yeux sur ses agissements, conscient de ses qualités exceptionnelles de garde du corps, Konstantinos croupirait depuis longtemps en prison...
Étant donné la gravité de l'incident, Yiris se demandait si, cette fois, il n'allait pas effectivement finir au cachot...

O~O~O~O~O~O

Notes de l'auteur : Comme déjà dit, avec Yiris et Konstantinos, j'avais envie d'établir un parallèle avec Hitomi, mais dans la version de ce qui pouvait arriver de pire.
Certes, Isaac était aussi un ancien habitant de la Terre, cependant, la fratrie des Grecs est plus contemporaine et permet ainsi de mieux cerner les personnages.


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