3 ~ Dernière volonté accordée

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Leur dernier rêve

Édition Finale Souvenirs de Plume(s)

Fanfiction Escaflowne écrite par Andromeda Hibiscus Mavros

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Rating / Classement [+18]

Livre 1

Nothing Else Matters
(« Rien d'autre ne compte », Chanson de Metallica, 1991)

Chapitre 3

Dernière volonté accordée

Publié pour la première fois le 4 octobre 2011

Crédits : L'univers de The Vision Of Escaflowne est la propriété de Shoji Kawamori et du studio Sunrise, je ne fais que l'emprunter pour cette histoire.
Exception faite pour quelques personnages et lieux que j'ai créés pour l'ooccasion.

O~O~O~O~O~O

L'eau chaude était un vrai bonheur, Hitomi aimait profiter d'un bon bain. Après de nombreuses émotions, la jeune femme se détendait. Ce calme et cette chaleur lui évitaient de trop réfléchir.

À l'origine, ce soir-là, ses parents avaient prévu un diner romantique. Cependant, après la crise de panique de la veille, ils avaient changé d'avis. Ne voulant pas les voir se priver à cause d'elle, Hitomi les avaient longuement rassurés, promettant de manger son repas, prendre son bain et se coucher.
L'argumentaire avait fini par convaincre et la jeune femme en était donc à la deuxième étape de son programme quand la voix de son frère se fit entendre de derrière la porte de la salle d'eau, la sortant de sa torpeur :

— Hé, Hitomi, j'ai trouvé un truc sous la porte d'entrée en passant dans le couloir du bas. Apparemment, c'est une lettre pour toi, je te la passe sous la porte. Qui sait, c'est peut-être ton beau Russe !
— Quoi ? Tu ne l'as pas lue au moins ? s'indigna Hitomi.
— Oh, j'aurais tapé juste ? Non, ce n'est pas ça. J'avoue, je l'ai ouverte, mais je me suis rendu compte que c'était bourré de schémas... Donc sans lire, j'ai vite pigé que ce n'était pas une lettre d'amour, plutôt un truc pour un devoir, alors tant pis...

Énervée par l'attitude de Mamoru, Hitomi se replongea dans son bain en grommelant. Cependant, la vision de l'enveloppe qui dépassait de sous la porte l'attirait. Elle décida finalement de quitter l'eau, de s'envelopper d'un peignoir et d'aller la ramasser.

Le courrier comportait une page manuscrite et, surtout plusieurs feuilles couvertes de dessins de paysages, d'objets et de blasons. L'un d'entre eux attira directement le regard de la jeune femme, il s'agissait du blason de Fanelia !
Stupéfaite, elle se lança dans la lecture de la lettre :

« Chère Demoiselle,

Je me présente, Meinmet Fanel, l'homme dont vous a parlé Alexandre. Je me permets de vous écrire car cela me semble le meilleur moyen que nous nous comprenions à têtes reposées.

En effet, je crois que nous avons une chose en commun, ici, pour nous, ce n'est pas tant la Terre, mais plutôt la Lune des Illusions ! »

Ces premiers lignes... Ils étaient écrits dans un Japonais maladroit. Parfois, certains mots étaient écrits en hiragana plutôt qu'en kanji. Dans les tracés hésitants, elle reconnaissait une personne qui avait commencé l'apprentissage de la langue récemment.

Néanmoins, ce n'était pas la forme du courrier qui retenait l'attention de la lectrice, c'était le contenu. Et, à le croire, le compagnon de voyage d'Alexandre viendrait de Gaea !
Avide de réponses, Hitomi poursuivit sa découverte :

« Quelques précisions, mon nom de naissance est Meinmet Alzacour de Fanel et, si mes calculs sont exacts, j'ai environ soixante-dix ans dans votre mesure du temps.

Aux dires d'Alexandre, le nom de Fanel vous a vivement interpellé. Cela me laisse à penser que vous connaissez plus particulièrement mon pays d'origine : Fanelia.

Bien évidemment, ignorant quelles circonstances vous ont conduit en mon monde, je ne peux que présumer des rencontres que vous y avez faites. Cependant, je pense que si vous connaissez ma patrie, vous devez certainement avoir entendu parler de mon frère aîné, qui était d'ailleurs mon jumeau. Il se nomme Goau et c'est probablement le Souverain de ce pays à l'heure actuelle. »

— Goau Fanel... Le père de Van et de Folken, mais alors... réfléchit la jeune femme. Cet homme serait l'oncle de Van... C'est complètement fou... Comment s'est-il retrouvé sur Terre, qui plus est ici ?

Espérant trouver des réponses dans les lignes suivantes, elle se replongea dans le courrier avec attention :

« Quoiqu'il en soit, lassé d'être le second, marqué à la naissance d'une croix entaillée sur la joue pour éviter la confusion avec le premier né, l'idée m'a pris de voyager à travers Gaea.
Je n'avais même pas vingt ans et cela me semblait le seul véritable moyen de fuir les différents conflits que j'avais avec ma famille. Même si cela me fendait le cœur d'être séparé de mon frère auquel j'étais profondément attaché et qui m'avait toujours soutenu.

Au fil de mes expéditions, un jour, dans une forêt, j'ai trouvé des ossements de dragon assez récents. Ce fait peu coutumier m'a interpellé car ces créatures tendent plutôt à mourir dans des vallées particulières.
Parmi les restes de l'animal, j'ai trouvé sa drag-energist. À mon immense surprise, le simple contact de mes doigts sur la pierre a déclenché une colonne de lumière et j'ai perdu connaissance.

Une fois revenu à moi, en regardant le ciel, j'ai rapidement réalisé que j'étais sur la fameuse Lune des Illusions dont parlent tant de légendes.
Étrangement, je compris immédiatement le grec, langue des habitants des lieux que je découvrais, à savoir l'île de Santorin.

Pendant des années, à pied, j'ai parcouru ce monde étonnant. J'ai d'abord visité l'Europe de l'Ouest, puis l'Afrique du Nord.
Ensuite, je suis remonté vers le nord, où ma route a croisé celle d'Alexandre, pour finir à l'extrémité est de l'Asie, dans votre pays. La découverte de peuples et de cultures que je n'imaginais même pas a donné un sens à mon existence.
Maintenant, je suis bien conscient que je ne peux plus vraiment voyager. Aussi, mon dernier souhait serait de revoir mon pays et, surtout, mon frère.
J'ai eu beau retourner ma pierre d'energist dans tous les sens, elle n'a jamais voulu redéclencher de colonne de lumière.
Sachant que vous êtes allée sur Gaea, je pense que vous pourriez m'aider. D'autant plus que, par là-même, je pense aussi aider Alexandre. En effet, depuis que je l'ai rencontré, j'ai l'intime conviction que lui et moi partageons le même sang.

Je vous serais donc gré de venir ce soir à 19 h au parc de Kamakura, nous pourrons discuter calmement sans que personne ne nous écoute et ne nous prenne pour des fous.

J'espère sincèrement que vous viendrez, car ce que vous savez sur ma planète représente peut-être mon dernier espoir d'y retourner.

Bien à vous,

Meinmet Fanel
Prince de Fanelia »

Incroyable, c'était incroyable, Hitomi s'affala au pied de la baignoire, estomaquée par sa lecture. Elle, qui avait tout fait pour fuir le souvenir de Gaea, se trouvait finalement rattrapée dans des circonstances presque surréalistes...
Toutes ces coïncidences... Il était évident que ce ne pouvait pas être le seul fait du hasard...

— L'oncle de Van... pensa-t-elle. Maintenant, je ne peux plus nier ce qui m'est arrivé, le fait que j'ai voyagé sur Gaea... Je ne vois pas non plus ce vieil homme renoncer comme ça à son souhait. Et, somme toute, ce serait mesquin de ma part de lui refuser quelques informations qui lui permettrait de rentrer chez lui pour finir ses jours. Il ne me laisse pas le temps de réfléchir... Délicat...
Enfin, ma foi, si je peux l'aider et cet Alexandre aussi... Après tout, ça ne m'engage à rien, je peux leur dire ce que je sais et les laisser se débrouiller pour la suite...

Sa décision prise, Hitomi regarda la pendule de la salle de bains. Il était juste 18 h, elle avait le temps d'aller au rendez-vous en question. Alors, tentant d'ignorer les images de Gaea qui lui revenaient en mémoire malgré elle, la jeune femme s'habilla.
Un instant, se regardant dans un miroir, elle se revit à quinze ans, emplie de doute et d'angoisse.

Un peu plus tard, la voyant prendre son sac et enfiler ses chaussures, Mamoru, abandonnant brièvement sa télévision, s'étonna :

— Tu sors ?
— Oui ! S'ils rentrent avant moi, tu diras aux parents que je vais bien. Je prends juste un peu l'air !
— Ce n'est pas ce qui était convenu... Ils vont râler !
— Et ils râleront sur moi ! Écoutes, si ça t'arrange, tu n'auras qu'à dire que tu n'as rien entendu avec ta télé...
— Laisse-moi deviner, tu vas aller écouter Miss Uchida se plaindre ?
— Non, laisse tomber... répondit sèchement Hitomi en fermant la porte derrière elle.

Ce ton presque agressif surprit Mamoru. Il était habitué à voir sa sœur plus aimable et plus disciplinée... Partir comme cela en fin de journée alors qu'elle avait promis le contraire aux parents, c'était étrange...
Cependant, trop pressé de continuer sa partie, l'adolescent ne s'en inquiéta pas plus que ça.

O~O

Le parc de Kamakura était tranquille à cette heure. C'était bientôt l'heure du repas et le jour commençait doucement à décliner. Le soleil n'allait pas tarder à aller se cacher derrière les montagnes de l'ouest. Enfin, un peu de fraicheur allait soulager les habitants des environs de la baie.

Vêtue d'une légère robe verte faite de couches de volants et retenues par de fines bretelles, assortie à ses yeux, Hitomi traversait le parc. Vu son immensité, elle se demandait comment elle allait bien pouvoir trouver le vieil homme quand, soudain, elle entendit :

— Youhou, Mademoiselle Hitomi !

Elle se retourna et vit un vieux barbu, en short, t-shirt coloré, tongs et chapeau de paille. Debout sur une pile de sacs, il lui faisait de grands signes.
À ses côtés, assis sur un banc, se trouvait Alexandre, encore une fois sans lunettes. Portant un jean gris foncé et un t-shirt d'une nuance un peu plus claire, il était en train de lever les yeux au ciel, visiblement affligé par l'attitude de son acolyte.

Stupéfaite par le comportement pour le moins inattendu de celui qui voulait tant la rencontrer, Hitomi s'avança d'un pas un peu hésitant. Meinmet lui faisait étrangement penser au comportement de Muten Roshi-san dans Dragon Ball...
Il était grand, ses longs cheveux retenues en catogan alternaient de nuances argentées à blanche et il arborait une barbe tellement longue qu'elle était tressée. Hitomi se souvint des visions où elle avait vu le père de Van, et, effectivement, la ressemblance était impressionnante.
En fait, en dehors de traits vieillis, la seule vraie différence était la cicatrice en forme de croix sur la joue droite.

Sautant de son perchoir avec une facilité déconcertante au vu de son âge avancé, le vieil homme s'inclina devant elle et lui prit la main qu'il effleura de ses lèvres dans un baisemain des plus inattendus :

— Je suis heureux de vous voir, jeune fille, merci d'avoir répondu à mon invitation !
— Enchantée, je ne sais pas quoi vous dire... Je connais Gaea, je...
— Ah, j'en étais sûr ! Cela fait longtemps que vous êtes allez là-bas ? Dites-moi, connaissez-vous mon frère Goau, ne serait-ce que de nom ?

Tandis que Hitomi s'asseyait, gênée, sur le banc, Alexandre, interloqué, demanda :

— Ton frère, parce que tu as un frère ? Et comment elle le connaîtrait ? Et puis, c'est quoi cette histoire de Gaea à la fin ? J'ai besoin de comprendre le pourquoi de tout ce bazar ! Depuis ce matin, tu dérailles complètement... Dire que tu m'as fait faire tous les bagages...

C'est en les écoutant se disputer qu'Hitomi eut une étrange sensation, comme lors de sa première rencontre avec Van. Les deux hommes n'étaient pas en train de parler en Japonais, mais dans la langue de la Lune des Illusions, sans s'en rendre compte.
Après les avoir laissé parler un moment, prenant soin de peser chaque mot, Hitomi prit la parole :

— En fait, Meinmet semble venir d'un autre monde que moi-même je connais pour y être allée... D'ailleurs, ni l'un ni l'autre n'y faites attention, mais vous êst en train de vous exprimer dans la langue de cet endroit !

Si le vieil homme n'avait pas l'air particulièrement surpris, Alexandre était médusé. L'étudiante commença alors à raconter l'histoire de Gaea, et Meinmet acquiesçait tout en complétant le propos.
Pour le jeune bibliothécaire, tout ceci semblait complètement irréel. Une autre planète, créée par les Atlantes, qui pourrait être sa terre d'origine, voilà qui défiait toute logique.

— Vous êtes fous, mais... bredouilla Alexandre, qui s'était relevé et tenait ses poings serrés en détournant le regard. Et, si éventuellement... Tout ceci était la vérité, je serais qui moi ?

Meinmet ne savait pas trop quoi répondre. Pour sa part, Hitomi souffla un grand coup avant de continuer son explication, qui s'annonçait délicate :

— J'ai donc été sur Gaea, il y dix ans de cela. J'y suis restée environ une année entière. Là-bas, j'ai rencontré un jeune homme qui s'appelait Van, Van Fanel.
— Et ? demandèrent Meinmet et Alexandre en même temps.
— Van était le fils d'un homme prénommé Goau, Roi de Fanelia, seulement...
— Seulement quoi ? murmura le vieil homme la voix tremblotante, ayant peur de comprendre.
— Cet homme était décédé une douzaine d'années auparavant, de maladie apparemment... Je suis désolée...

À ouïr ces paroles, Meinmet s'effondra sur le banc. Ses yeux se gonflèrent de larmes et, appuyant ses coudes sur ses genoux, il prit sa tête entre ses mains pour dissimuler ses sanglots :

— Mon frère, tu ne m'as pas attendu... Si tu savais, Goau... Pendant toutes ses années, tu as été la seule personne qui me manquait. Je m'imaginais rentrant un jour et te racontant mon périple. Maintenant, je sais que je ne t'entendrais jamais rire de tout ce qui m'est arrivé d'étonnant...

Un lourd silence, le vieil homme revoyait son frère, en tout point identique à lui physiquement, à l'exception de la croix sur la joue qu'il n'avait pas. Leur vraie différence était leurs caractères, Meinmet était direct et nerveux, Goau, plus calme et posé.
Toutes sortes de bons souvenirs revenaient à la mémoire du vieil homme... Ses jeux d'enfant, ses joies et ses peines, mais surtout ses douloureux adieux à son frère.
Fermant les yeux, il imaginait l'attendre, lui aussi devenu vieux, Goau, avec le même sourire qu'autrefois.

— Vous allez bien Monsieur ? demanda Hitomi en se penchant vers lui, émue de le voir dans cet état.
— Oui, merci... Que mon frère ne soit plus de ce monde était une possibilité, j'aurais dû l'envisager. C'est étrange, il y a vingt-deux ans de ça, j'ai fait un malaise cardiaque... Qui sait, peut-être au même moment, le cœur de mon cher frère s'était, quant à lui, arrêté pour de bon.

Un peu à l'écart, Alexandre semblait perdu. Il n'osait rien dire. Les noms de Goau et Van résonnaient en lui, pourtant... C'était comme pour le nom de Folken, là encore, rien de concret, juste un déstabilisant sentiment de déjà vu...

Après avoir essuyé quelques larmes, Meinmet se reprit. Conscient qu'il ne reverrait plus son frère, il restait cependant désireux d'en savoir plus :

— Dites-moi, jeune fille, quel lien pourrait-il y avoir entre moi et Alexandre ? J'ai toujours senti quelque chose entre nous, ne serait-ce que la ressemblance...
— Votre frère a eu deux fils. expliqua Hitomi d'une voix crispée. Van était son cadet. Son autre fils, de dix ans plus âgé, s'appelait Folken. Cependant celui-ci est décédé, à l'âge de vingt-cinq ans. J'ai été témoin de sa mort. Malgré tout, quand j'ai vu Alexandre, j'ai cru avoir Folken devant moi... Je ne comprends pas...
— Je suis donc le sosie d'un mort ? interrogea Alexandre d'une voix effrayée. Un mort-vivant ? Un fantôme ?
— Non, vous ressemblez énormément à Folken, mais vous n'êtes pas lui. Vous avez l'air plus jeune... Et surtout, l'homme que j'ai connu avait été amputé du bras droit... Aussi, ses yeux étaient d'une sorte de rouge rosé et ses cheveux d'un étrange vert de gris.
— Le regard d'energist et les cheveux de la couleur des cadavres qui se putréfient... déclama solennellement Meinmet. L'une des malédictions du Peuple du Dieu Dragon. Comment mon neveu pouvait-il être ainsi ?
— Il s'avère que votre frère, reprit Hitomi, a épousé une femme de ce peuple, contre l'avis de ses conseilleurs d'ailleurs. Et, de cette union, sont nés Folken et Van. Or, si l'aîné avait un physique qui trahissait ses origines, le cadet avait une apparence normale, tout ce qu'il y a de plus humaine, à l'exception de quelques reflets couleur energist dans les yeux.

Meinmet éclata de rire, l'explication semblait énormément l'amuser. Face à ce brusque changement d'attitude, Hitomi et Alexandre furent décontenancés.

— Mon frère a fait un sacré mariage, étonnant venant de lui qui était, contrairement à moi, assez discipliné ! J'imagine la tête des vieux religieux, ils devaient en manger leurs livres de prières !
— Je ne connais pas les détails, je sais juste que cela n'a pas été simple...
— Et qu'est devenue cette dame ?
— Elle a disparu, on ne l'a jamais retrouvée. Folken n'est pas revenu de sa chasse au dragon, elle est partie à sa recherche. Cependant, elle n'est pas revenue...

Toutes ces révélations avaient surpris Meinmet. Il posa diverses questions sur Fanelia à Hitomi et l'interrogera longuement sur son séjour. L'existence de la Grande Guerre et son récit attristèrent le vieillard. Par contre, entendre parler de sa famille, de ses neveux, lui plut beaucoup.
La personnalité de Van semblait être à son goût. Il fut également profondément touché par le destin tragique de Folken.

Écoutant avec attention chaque parole, Alexandre s'interrogeait. L'histoire de cet homme, Folken, ne le lui évoquait rien de précis. Néanmoins le savoir mort sensiblement à l'époque où il s'était réveillé amnésique en pleine forêt le perturbait.
Aussi, finit-il par oser interrompre la conversation :

— Et moi, je suis Folken sans l'être ?
— Je crois que personne ne peut dire qui tu es, mon gars ! Répondit le vieil homme. Hitomi a dit tout ce qu'elle savait sur lui, maintenant, je pense que, pour trouver des réponses, il va falloir retourner sur Gaea !
— Soit ! acquiesça Alexandre. Je veux bien, mais comment ? Nous sommes venus avec les valises à ta demande. Cela dit, je présume que le voyage va être « spécial » !
— En fait, c'est là que Mademoiselle Hitomi intervient ! expliqua Meinmet, triomphant.

Face à cette remarque, l'intéressée eut un mouvement de recul. L'idée de retourner sur Gaea, c'était hors de question pour elle :

— Je veux bien vous expliquer comment je me suis retrouvée là-bas. Cependant, je ne ferai rien de plus !
— Ce sera déjà beaucoup, je pense que mon energist a juste besoin d'un peu plus de puissance ! expliqua le vieil homme. Si tu pouvais me montrer le lieu où s'est produit la colonne de lumière qui t'a happée, cela pourrait faire mon affaire ! J'ai bon espoir que l'énergie résiduelle qui a persisté à cet endroit suffise...
De toute façon, c'est ma dernière chance de rentrer chez moi... Le lieu par où je suis arrivé, en Grèce, est aujourd'hui un parking pour les bus touristiques, je doute de pouvoir y faire quoique ce soit. Quant à la forêt où avait été trouvé Alexandre, son père adoptif nous a appris, il y a peu, par courrier, qu'une immense usine agro-alimentaire allait y être construite... Bref, il ne reste plus vraiment de possibilité autre...
— Bien, dit Hitomi, angoissée, la colonne de lumière qui m'a amenée sur Gaea s'est produite vers le temple, je vous y conduis.

O~O

Comme promis, la jeune femme amena les deux hommes au temple où, il y a longtemps, Van avait tué un dragon sous ses yeux. Revenir en cet endroit la troublait, elle n'avait, en aucun cas, osé y retourner auparavant.
Bien sûr, elle avait parlé de Van à Meinmet, mais ne s'était pas étendue et surtout n'avait pas évoqué sa relation avec le jeune Roi, sujet tabou pour elle.

Sur le chemin, voyant Alexandre complètement stoïque malgré l'aspect dément de ce qu'il vivait, elle eut envie de lui parler pour le comprendre :

— Tout ceci ne vous dépasse pas ?
— J'avoue que, ce matin, quand Meinmet m'a dit de ne pas aller au travail car il voulait rentrer chez lui et que, pour cela, il avait besoin de vous, j'avais du mal à le comprendre. Je le croyais devenu fou... En même temps, ma vie est tellement bizarre...
Cette histoire de colonne de lumière, mon père adoptif m'en a parlé. Il en avait vu une le soir où il m'a trouvé. Tout aussi impossible que ce soit, je ne crois pas au hasard... Et puis, vous êtes la preuve que ce n'est pas un délire de vieillard sénile ! lui répondit le jeune homme avec un sourire mélancolique.
— Cela doit être dur de ne pas savoir qui l'on est et d'où l'on vient...
— En fait, je me sens vide, juste vide... Je ne fais que lire pendant des heures au point de devoir porter des lunettes de repos pour continuer.

Alexandre avait dit cela avec une grande tristesse. À l'écouter, Hitomi sentait à quel point il était perdu. Il semblait errer dans ce monde, quasi transparent, ne se raccrochant qu'à l'espoir d'une piste pour trouver un sens à son existence.

La marche continua en silence. Arrivée à destination, Hitomi constata que les lieux de la première colonne de lumière n'avaient pas changé.
En gravissant l'escalier, surmontés de torii rouges, qui menait au premier temple, elle revoyait l'ascension fulgurante du dragon...

Quand elle était revenue sur Terre finalement, elle était réapparue à ce même endroit. D'un côté, elle était heureuse d'être rentrée chez elle, d'un autre, complètement perdue.
S'il y avait eu le bonheur de revoir ses proches, elle avait dû subir les regards extérieurs.
Officiellement, elle avait dû raconter qu'elle avait fait une fugue. Le mépris des policiers, du personnel du lycée, de certains camarades et de leurs parents s'étaient largement fait ressentir. Heureusement, sa famille l'avait toujours soutenue, notamment en remuant jamais les souvenirs de cette période par une quelconque question.
Là, elle n'avait qu'une hâte : que Meinmet rentre chez lui avec son mystérieux compagnon afin qu'elle puisse, définitivement cette fois, refermer ce chapitre de sa vie.

Le Prince et Alexandre suivaient. N'appréciant pas trop le côté solennel du parcours, le vieil homme décida de rompre le silence en demandant des détails à Hitomi sur la formation de la colonne de lumière, espérant apprendre quelque chose d'utile pour son retour.

De son côté, Alexandre fermait la marche en portant les sacs sans dire un mot. Peut-être ne suivait-il le mouvement que par curiosité ?
Néanmoins, si s'entendre dire qu'il ressemblait à un mort l'avait déstabilisé, c'était bien moins que l'on aurait pu l'attendre d'une personne ordinaire. En effet, il s'était toujours senti différent des autres, toujours spectateur, comme un fantôme, et là, on lui disait qu'il pouvait en être un. Coïncidence ? Aussi improbable qu'était l'existence de Gaea, il avait besoin d'y croire.

Enfin, ils arrivèrent sur l'esplanade du temple. Meinmet demanda à Hitomi de situer la colonne de lumière aussi précisément que possible. Elle montra l'endroit du doigt et s'en éloigna aussi sec.
Le vieillard appela Alexandre et se mit à fouiller dans un des sacs que portait ce dernier dont il finit par sortir une étrange pierre rosée.
Hitomi reconnut immédiatement une energist, pâle, comme éteinte. Meinmet commença à l'agiter dans tous les sens, sans succès. Il demanda à Alexandre de faire de même, aucun résultat...

— Ah, saleté de caillou va, tu es donc bel et bien fichu ! Comment peux-tu refuser à un vieillard de retourner sur la terre de ses ancêtres pour y finir ses jours ?
— À mon avis, ce n'est pas en lui parlant que tu vas l'activer ! remarqua Alexandre d'un air cynique.

Meinmet se mit à pester de plus belle sur la pierre. S'apercevant que la nuit tombait, Hitomi estima qu'il était temps de rentrer chez elle, ses parents ne tarderaient plus trop à rentrer et risquaient de s'inquiéter :

— Je suis désolée, j'ai sincèrement espéré pour vous que ça fonctionne... Là, mes parents vont bientôt rentrer, je dois retourner chez moi, et...
— Je comprends, merci à toi Hitomi ! souffla Meinmet en se laissant tomber assis sur le sol. À trop avoir voulu fuir, je suis prisonnier ici...

Émue par son désarroi, elle s'approcha pour réconforter le vieil homme. À peine lui effleura-t-elle l'épaule, que l'energist se mit à briller. Alors, un cercle de lumière se forma à terre, entourant les trois protagonistes.

Si Meinmet ne cachait pas sa joie d'être parvenu à son but, Alexandre resta complètement figé. Quant à Hitomi, elle voulut s'en dégager, néanmoins impossible, ses jambes étaient comme paralysées. Sans rien pouvoir y faire, elle commença à sentir ses pieds se décoller du sol.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Alexandre, complétement désorienté.
— C'est le billet du voyage pour Gaea ! répondit Meinmet en souriant.

La nuit était tombée. Un faisceau de lumière jaillit vers le ciel étoilé, emportant avec lui Meinmet, Alexandre et Hitomi.

O~O~O~O~O~O

Notes de l'auteur : Meinmet est un personnage que j'ai adoré créer. Je le vois comme l'incarnation même du petit vieux excentrique avec un petit côté Doc dans « Retour vers le futur ». Son nom est une déformation du nom turc « Mehmet». Je l'avais choisi car je trouvais la sonorité agréable parmi la liste des enfants de Hurreim Sultane, épouse de Soliman Le Magnifique. Cela dit, Mehmet, deuxième du nom, est aussi le prénom du Sultan qui fit tomber Constantinople.
Sinon, Santorin n'est pas un choix hasardeux. Selon beaucoup de recherches, cette île serait peut-être à l'origine du mythe de l'Atlantide ainsi que de la plaie d'Égypte de l'obscurité.
En effet, en explosant aux alentours de - 1200 avant J.C., le volcan de l'île en a détruit la moitié créant un immense cratère tout en envoyant des cendres dans l'atmosphère. Le nuage ainsi formé a obscurci une partie du ciel de cette zone de la Méditerranée pendant plusieurs semaines. Il y a quelques années, des découvertes d'objets fabriqués avec précision dans des alliages inconnus posent de nouvelles questions sur les mystères que cache cette île.
Aussi, pour ceux que ne le saurait pas, Muten Roshi-san est le nom japonais de Tortue Géniale dans Dragon Ball.
Enfin, j'ai imaginé que les descendants des Atlantes, le Peuple du Dieu Dragon, avaient été maudits car ils étaient blond aux yeux bleus à la base pour finir avec des cheveux aux nuances de verts et des yeux roses comme l'energist, cas de Varie et Folken.


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