4. L'histoire de la cape

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La perception du temps sous terre était complètement déformée.

Combien de temps s'était-il passé depuis leur chute ? Trente minutes ? Deux heures ? Davantage ?

Depuis quand étaient-ils là, recroquevillés dans cette grotte ?

Harry sentait le bout de ses oreilles et ses doigts de pieds s'engourdir avec le froid. Un nuage de buée se formait à chacune de ses respirations, et il regrettait sérieusement de ne pas se souvenir du sortilège qu'utilisait Hermione pour invoquer un petit feu.

Il jetait régulièrement un œil à Malefoy pour surveiller son état. Celui-ci avait ramené ses genoux contre sa poitrine, sans doute pour se réchauffer. Il s'était enroulé dans sa cape, mais le tissu, bien léger, ne lui apportait pas la chaleur nécessaire.

Des tremblements le secouaient de temps à autre, et Harry était presque sûr d'entendre parfois ses dents claquer.

Harry se leva et sautilla sur place pour se réchauffer lui aussi. L'obscurité de la grotte devenait de plus en plus oppressante et il resserra sa cape doublée en laine autour de lui en se félicitant de l'avoir préféré à sa cape ordinaire.

Il fit quelques pas dans la grotte pour faire circuler le sang dans ses jambes. Il serait bien aller découvrir les tunnels qui leur faisaient face mais il éprouvait un soupçon de scrupule à laisser Malefoy seul dans cette cavité immense.

Il se demandait si le fait qu'il lui ait proposé son aide avait changé quelque chose.

Bien sûr, cela ne voulait pas dire qu'ils étaient amis, loin de là !

Il ne pouvait pas le supporter et c'était réciproque. Assurément.

Non. Ils ne deviendraient jamais amis. Malefoy était bien trop imbu de lui-même et arrogant.

Il n'était qu'un minable serpentard qui n'hésiterait pas à l'humilier à la première occasion. Comme toujours.

Pourquoi Diable lui avait-il proposé son aide ? Voir Malefoy dans cet état aurait du lui procurer un plaisir indicible. Mais justement, ses sentiments contradictoires le laissaient perplexe.

Le jeune homme lui faisait presque de la peine. Il était intrigué par cette fragilité et ses confidences à demi-mots. Fallait-il qu'il le laisse dans cette état ? Fallait-il le laisser devenir mangemort contre sa volonté ? Voulait-il réellement lui tendre la main ?

Qu'est-ce qui clochait chez lui ? Éprouvait-il vraiment l'envie de le sauver ? De l'aider ? Malefoy, son pire ennemi.

Il entendait déjà Ron lui reprocher de ne pas l'avoir laissé mourir dans cette grotte et il sourit tristement.

Il y avait bien quelque chose qui clochait chez lui. Il ne pouvait s'empêcher de trouver le serpentard arrogant et hautain dans ses attitudes, mais en ce lieu, ici et maintenant, il lui semblait que Malefoy avait tombé une partie du masque et que cette image qu'il s'était forgé aux yeux de tous s'était fissurée. Harry se surprit à penser que cette fragilité était touchante. Mais il balaya très vite cette pensée inconvenante et refit les cent pas dans la lueur de son Lumos.

Il savait que Malefoy avait reçu une mission du Seigneur des Ténèbres, il l'avait senti, déjà, quand lui, Hermione et Ron l'avaient croisé sur le chemin de Traverse. Il avait eu raison. Étonnamment il n'éprouvait aucun plaisir d'avoir vu juste.

Ce qui le tracassait à présent était la façon dont il allait pouvoir aider Malefoy.

Ne s'était-il pas enflammé en lui proposant cette aide ? Bien sûr, il avait tout de suite songé à Dumbledore et à l'Ordre du Phénix, mais étaient-ils prêts, eux, à venir en aide à un héritier des Malefoy ? Ron ne verrait-il pas, là, une trahison d'aider un Serpentard toujours prêt à l'insulter lui et sa famille ? Les Weasley seraient-ils d'accord pour faire table rase des conflits et d'accueillir le serpentard ? L'Ordre serait-il prêt à accorder sa confiance au jeune homme ?

Huis closOù les histoires vivent. Découvrez maintenant