Muet- TOME 2

Chapitre 7

Maintenant qu'il garde Sam pour la nuit, en fait on ne sait pas combien de temps précisément, on ne peut rien faire d'autre que de retourner à la maison et espérer pour le mieux. J'ai dit au revoir à mon père et Richard et sa femme, dont j'ai finalement appris qu'elle s'appelle Diane, m'ont ramené chez eux.    

- Va te coucher Frédéric, me dit Diane. Il est tard et demain tu as de l'école.

Elle s'approche de moi et dépose un baiser sur mon front. Oh putain. C'est la première fois que quelqu'un me fait ça. C'est la première fois qu'on me fait un geste aussi maternel.

- Tout va s'arranger avec Samuelle, ne t'inquiète pas, me dit Richard en me tapotant doucement le dos. Va te coucher mon grand.

- Bonne nuit, leur dis-je en souriant.

- Bonne nuit, me répondent-t-ils en même temps.

Je monte rapidement dans la chambre à Samuelle et ferme la porte derrière moi. Je souffle un bon coup en me frottant le visage. Quelle journée. Émotions par-dessus émotions. Sam me manque. Ça va faire bizarre de dormir dans son lit sans elle. Je regarde ses murs remplis d'affiche de ses groupes musicaux préférés. Il y en a beaucoup.

Je m'approche de son armoire et observe les livres qui s'y trouvent. Majoritairement des biographies de musiciens célèbre comme David Bowie, Kurt Cobain ou encore Freddie Mercury. Il y a aussi quelques romans fantastiques et un autre qui attire mon attention. Un livre de langue des signes. Je le prends et vais m'assoir sur le lit pour mieux l'observer.

Je tourne les premières pages et voit que c'est un simple livre à image pour apprendre la langue des signes, commençant par l'alphabet. À la page 17, une photo est prise entre les deux pages. Je la prends et vois que c'est une photo de Sam avec une petite fille plus jeune. Sa sœur Maxime. Les deux filles sont en plein fou rire sur la photo. Le sourire de Sam est magnifique comme celui de sa sœur. Je replace la photo à sa place et tourne la page, où se trouve encore une autre photo.

Sur celle-ci, Sam et Maxime sont en train de communiquer en langue des signes. Sur une autre que je trouve 2 pages plus loin, les deux sœurs se déchaine sur deux batteries. Encore sur une autre, elles se donnent un câlin. Plusieurs autres photos que je regarde une à une à la file des pages lorsque j'arrive à la dernière page du livre. Cette fois ce n'est pas une photo, mais une enveloppe. La lettre de suicide de Maxime n'a jamais ouvert.

Sentant que j'ai vu assez de chose pour ce soir je ferme le livre et va le remettre à sa place. Je me déshabille rapidement et vais me mettre sous les couvertes. Alors que j'allais fermer la lumière pour m'endormir, mon téléphone sonne. J'ai un appel. Ne me dites pas que c'est encore Chris qui m'appel. Je regarde mon écran et vois que c'est Samuelle qui m'appelle. Je réponds immédiatement, sachant très bien que je ne pourrais pas lui parler. Je veux juste entendre sa voix.

- Salut Fred, je sais que tu écoutes, entendis-je à l'autre bout du fils. Je voulais simplement te dire bonne nuit, te rassurer que tout allait bien. Tu rassureras Chris demain. J'ai droit à un appel de courte durée sous écoute, alors voilà. Je t'aime bébé.

Le surnom qu'elle me donne me provoque tout plein de frisson et de sensations que j'adore. Je sais que ce n'est pas le meilleur moment, que ça aurait été mieux que de faire en face à face, mais je ne peux pas me retenir de le lui dire. Ça va faire mal, mais je ne peux pas m'en empêcher.

- Jeee...

Je pars dans une immense quinte de toux.

- Jeee, reprenais-je avec ma voix très abimé et éraillée. T'aaimmeee S...sss... ammmmm.

J'attends une quelconque réaction à l'autre bout du fil, mais rien durant quelques secondes. Mes cordes vocales font énormément mal, mais je suis extrêmement fière de moi. Le silence continue de l'autre côté, lorsque je l'entends éclater en sanglot. Puis la ligne coupe.