26 Juin 1994 - LE PARRAIN

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          - Et tout ça sous prétexte que je protège l'accès à mon esprit ? releva-t-elle un sourcil haussé sans penser une seconde à le remercier. Vous ne seriez pas plutôt en train de vous assurer que je suis prête parce que le Seigneur des Ténèbres reprend des forces ?

          Aya se redressa en dévisageant Severus qui la fixait intensément sous ses airs impénétrables.

          - Serait-il possible que votre intérêt pour le Maître soit l'expression d'une quelconque peur à son sujet ? s'enquit-il le ton mauvais.

          Aya ricana,

          - Je fais juste mon job. D'ailleurs, est-ce que l'on ne devrait pas tous rejoindre le Maître maintenant, comme Black ? Vous m'avez demandé un jour ce qui se passerait pour moi si le Seigneur revenait. Mais que se passera-t-il quand il reviendra et qu'il vous verra à Poudlard en train de servir Dumbledore ? Et Père qui est devenu aux yeux du Ministère un bienfaiteur ? -laissez-moi rire- Est-ce qu'il n'y a pas un risque pour qu'il vous tue tous les deux, M'man, Drago et moi en prime, dès qu'il reviendra ?

          Severus la fixa avec une telle intensité qu'elle se demanda brièvement s'il n'avait pas finalement réussi à passer sa défense ultime.

          - Ce n'est pas ton job de te soucier de ça. Ta tâche consiste uniquement à t'instruire et attendre. Rien d'autre.

          - Montrez-moi votre Marque, répondit-elle simplement en soutenant son regard.

          - Je te demande pardon ? murmura Severus de sa voix la plus mauvaise, ses yeux plissés lançant des éclairs.

          - Vous voulez que je m'instruise sagement en patientant ? Montrez-moi votre Marque, répéta-t-elle sans se démonter. Si elle n'est toujours pas visible, vous me ferez faire ce que vous voudrez aussi longtemps que cela vous plaira. Si en revanche, elle l'est...

          Aya laissa sa phrase en suspens un instant. Elle était persuadée d'avoir vu juste, si Severus était là pour lui donner des cours particuliers pendant les vacances, il ne pouvait y avoir d'autres raisons. C'était un sentiment étrange mêlant montée d'égo mal placé et grondement sourd dans ses entrailles. Qu'était-elle supposée faire dans le cas où le Seigneur reprenait des forces, que pouvait-il réellement attendre d'elle ?

          - Eh bien disons simplement que vous aurez du mal à me garder à l'écart, finit-elle.

          Le masque de Severus sembla se fissurer et il sembla pendant une seconde, déstabilisé, pris au dépourvu... Aya en fut presque confuse, elle l'observa attentivement mais son visage de marbre s'était déjà reconstitué. Pourtant elle en était sûr, quelque chose venait de... l'inquiétait. Elle resta silencieuse face à cette curieuse réaction.

          - Ne vas surtout pas penser que je suis un quelconque elfe supposé te servir, mais puisque tu as tort, réglons cela rapidement, gronda-t-il froidement.

          Avant qu'elle n'assimile ses paroles, Severus tendit le bras gauche et remonta sa manche jusqu'au coude. De là où elle était, Aya ne vit rien d'autres que sa peau blanchâtre et blafarde. Elle se redressa précipitamment, la bouche entrouverte sous l'effet de la surprise. L'étrange grondement dans son ventre s'évanouit aussitôt, et son égo prit un coup.

          - Mais... Dans ce cas, pourquoi êtes vous là ? lui demanda-t-elle en fixant sans y croire la Marque invisible.

          - Il me semblait, que dans le cas où elle n'était toujours pas visible, comme maintenant, tu ferais ce que je voudrais aussi longtemps que cela me plaira, pour reprendre tes mots, susurra-t-il. Tu vas donc commencer par me faire le plaisir de me dire comment tu as appris l'existence de cette marque, lâcha-t-il plus mauvais que jamais à présent.

          Aya serra les dents. Elle n'avait fait cette proposition seulement parce qu'elle était persuadée que la Marque serait présente... Elle n'avait pas l'intention d'obéir au doigt et à l'œil de son parrain, mais s'était tendu un piège toute seule.

          - Karkaroff, grogna-t-elle. Il me la montrer pour les mêmes raisons que vous, à savoir : me faire taire.

          - Bien, je ne manquerai pas de transmettre cette information à ton père. Karkaroff t'a t'il dit d'autres choses pour te faire taire ?

          - Non. J'ai des cours avec Katlitz depuis, je ne le vois plus. Il a réglé le problème autrement.

          - Très bien. Tant que tu seras à ma merci, lança-t-il d'une voix suave qui déplut fortement à Aya. Le Seigneur des Ténèbres, sa marque et toutes potentielles activités de Mangemorts sont des sujets tabous. C'est compris ? Tu vas te concentrer uniquement sur tes études, autrement, je m'occuperais personnellement de te recadrer.

          Aya soutient son regard, mais la menace était pour le coup bien plus menaçante que tous les avertissements de Lucius et Narcissa réunis -sauf peut-être celui de l'enfermer au manoir lors de la Final de la Coupe du Monde.

          - C'est tout ? demanda-t-elle mâchoire serrée.

          - Jusqu'à demain. Quinze heures.

          - Très bien, siffla-t-elle en tournant les talons.

          - Tu ressembles plus à ton père qu'il n'y paraît, lança-t-il d'une voix plate et grave.

          Aya ne savait pas comment prendre cette remarque. À vrai dire, elle n'était même pas certaine de savoir de quel père il parlait exactement. Elle choisit donc de l'ignorer et retourna au manoir sans se retourner.

Le Serpent qui RugissaitWhere stories live. Discover now