CHAPITRE TRENTE-TROIS (1)

1.6K 95 23
                                    


3 3

Barrows un jour, Barrows toujours

______________________________________

- Il faut que tu prennes à gauche à la prochaine intersection, je fais remarquer à Carter alors que nous sortons du centre de Los Angeles, ma ville natale.

J'y ai vécu la majeure partie de ma vie jusqu'à ce que mes grands-parents ne décident de m'envoyer en pension à Barrows et par conséquent cette ville aura toujours une place particulière dans mon cœur. A l'inverse, si j'apprécie San Francisco, ce n'est pas parce que j'aime la ville, c'est parce que c'est de là que sont originaires mes amis. Je n'ai pas d'autre attache particulière, bien au contraire.

- Carter ! je m'écrie quand il prend à droite au lieu de suivre mes recommandations.

- Doucement, on a rendez-vous quelque part avant que je t'emmène chez tes grands-parents.

Je lui adresse un regard en biais, mes sourcils si froncés qu'ils se touchent presque, me demandant intérieurement ce qu'il a encore prévu. Les surprises de Carter sont toujours les meilleures, surtout lorsqu'elles sont imprévues, mais ce soir, je ne suis pas certaine que ce soit le moment propice pour me surprendre.

Bien qu'elles me démangent la gorge, je n'ai pas l'occasion de lui poser les questions qui jaillissent de mon cerveau car la voiture prend un nouveau tournant et la conduite brusque de Carter me cloue contre le siège passager. Bon sang, ce qu'il peut être mauvais conducteur ! Heureusement, sa vitesse ne tarde pas à se réduire jusqu'à l'immobilisation totale de la voiture, en plein milieu d'un bas côté, juste sous le panneau indiquant la sortie de la ville de L.A. J'ignore à quoi il joue, mais je le sens très moyennement.

- Euh... Nous allons avoir un léger problème...

- Ne me dis pas que tu n'as plus d'essence ! je m'exclame en prenant ma tête dans mes mains.

Le bruit assourdissant du silence qui me répond veut tout dire. Bon sang, pourquoi ne peut-il pas être un peu plus prévoyant ? A force de me côtoyer, je pensais que j'aurais fini par déteindre sur lui. Il faut croire qu'il n'est pas si influençable, après tout.

Avant que j'ai eu le temps de relever la tête pour sermonner Carter ou pour lui demander s'il a une idée miraculeuse pour nous sortir de cette situation délicate, les crissements de roues annonciateurs de l'approche d'une autre voiture rompent le silence qui règne entre Carter et moi. La vitre côté chauffeur se baisse alors que l'autre voiture s'arrête à notre niveau, redoublant mon trouble.

- Un problème messieurs dames ? s'élève une voix que je reconnais immédiatement et me fait relever la tête aussi vite que si on m'avait dit qu'une araignée géante nous bouchait le passage.

- Cédric !

- Le seul et l'unique, Cassie-jolie.

Si j'avais été assise côté conducteur, je lui aurais sauté au cou, comblant le vide entre notre voiture respective. Si ma ceinture n'avait pas été encore attachée, j'aurais probablement escaladé Carter pour me jeter dans ses bras. Si la voiture de Jérémy ne s'était pas remise en fonction pour se garer devant nous sur le bas côté, j'aurais mis mon plan à exécution.

Le temps que Cédric sorte de la voiture, je suis toujours en pleine bataille acharnée avec ma ceinture qui ne semble pas être désireuse de céder. Sous ma précipitation, les lanières s'enroulent autour de mes bras comme pour me garder prisonnière. C'est Carter qui vient à ma rescousse, la détachant avec un calme que je n'ai pas. Sans même prendre le temps de le remercier, j'ouvre ma porte à grands coups pour courir me jeter dans les bras de Cédric, qui manque de tomber à la renverse sous mon impulsion. Ce qu'il m'a manqué !

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant