#ShortStory 2 - Le Roi qui ne voulait pas l'être

Le Roi Paul

Il était une fois, dans une contrée plutôt lointaine, à une époque assez reculée, un royaume. Le royaume des Orbes. Ce royaume était dirigé d'une main de fer, par un roi, Robert. Il était âgé et malade, mais il tenait à diriger jusqu'à son dernier souffle. Il était apprécié de ses sujet, car il était un dirigeant sage et avisé, qui savait se faire respecter tout en prenant soin de son peuple. Personne ne manquait de rien. La paix régnait en même temps que lui. C'était, aux yeux des sujets des royaumes voisins, le souverain parfait.

Robert avait un fils, Paul. Paul était encore jeune, il n'avait que 15 ans, mais déjà, il était éduqué dans les codes de la royauté, et se préparait à prendre la place de son père. Paul n'aimait guère les leçons, et il se voyait encore moins passer ses journées dans un palais, à écouter des gens lui demander des faveurs. Il ne se sentait pas prêt, il pensait que son règne allait être un échec, et qu'il allait bafouer la mémoire de son père. Qui voudrait d'un roi comme lui?

Le jour vint, et son père, sur son lit de mort, lui dit ces quelques mots :

- Mon fils, tu seras un grand souverain. Crois en toi, car je crois en toi. Sois toi même, et le peuple t'aimera. Et surtout, n'abandonne jamais tes sujets.

Et ce fut la fin du règne de Robert.

De grandes obsèques furent organisées. Ce fut un coup dur pour le Royaume.

Paul, lui, avait peur. Il devait monter sur le trône le lendemain, mais qu'allait-il dire? Que faire ?

Le lendemain matin, le grand jour. Paul était habillé comme le futur toi qu'il était. Mais il avait peur, tellement peur. Quelques heures avant son couronnement, il décida de partir du château. Il marcha sur les murailles qui surplombaient la ville. Il voyait ses futurs sujets, dans leur vie quotidienne. La tristesse se lisait sur leurs visages. Robert leur manquait. Cela lui faisait peur. Il ne serait jamais un aussi bon roi que Robert.

Il ressassait ses mornes pensées, quand soudain, il sentit quelque chose lui tirer l'épaule. Il baissa le regard, une petite main était accrochée à sa tunique. Et une petite tête sortit de sa cachette.

- Bonjour-toi! Dit le futur roi au jeune garçon qui se tenait devant lui

- Bonjour monseigneur, je m'appelle David.

- Eh bien David, répondit Paul, qu'est ce qui t'amène ?

- Je cherchais quelqu'un pour jouer avec moi, mais tous mes amis sont déjà au château.. vous voulez bien jouer avec moi?

À ces mots, le futur roi sourit, et accepta. Ils jouèrent à chat sur les remparts. Ce fut une bonne course-poursuite sur les pavés. Lorsque Paul regarda dans les yeux de David, il vit toute l'innocence d'un enfant insouciant, sans peur ni inquiétude, et il comprit. Il comprit que ce serait son rôle, qu'il le veule ou pas, de préserver cette innocence. Ce jeu lui donna un regain d'assurance, et il regarda le soleil. Il était déjà midi, le couronnement allait commencer.

Il prit David sur son dos, et il descendit les marches pour le ramener à ses parents. Sur le chemin, il croisa beaucoup de gens. Et quand il passait à côté d'eux, leurs mines sombres et tristes devenaient claires et souriantes, il reçu des encouragements, des applaudissements même. Chaque sourire lui donnait de la force, et la confiance qui lui manquait. Il déposa David et remonte vers le château. Il se sentait fin prêt.

Le couronnement fut l'un des plus inoubliables de sa lignée. Paul fit un discours poignant sur le règne de son père, et promit à ses sujets de continuer son œuvre.

Et ce qu'il avait promis arriva, le règne de Paul fut plus prospère, plus paisible et agréable que ne l'avait été celui de Robert. Le Roi se plu dans son rôle, il avait appris à concilier les codes de la royauté avec son envie d'être soi même et cela fit de lui un souverain juste, et aimé.