Un souhait pour Noël [Vkook]

Chapitre 6

Il lui tendit la main et alors que Jungkook hésitait à la lui serrer, plus habitué à s'incliner pour saluer quelqu'un, Jin prit l'initiative de saisir lui-même sa main et le tira avec force de sorte à l'obliger à se relever.

« Allez, moi je me les gèle, indiqua-t-il avec humour. Viens vite, en plus on a des boissons chaudes à la boutique. »

Jin ne se considérait pas comme quelqu'un de généreux, du moins pas plus que la moyenne des gens qu'il connaissait, ce qui se résumait à un petit cercle d'amis très proches, dont son unique et fidèle employé. Mais voir ce garçon à peine majeur avec un visage angélique déprimer seul dans la rue alors que l'hiver approchait à grand pas, il n'avait pas pu le supporter.

Les deux donc se mirent en route pour à peine deux minutes de marche pendant lesquelles Jungkook jetait de fréquents regards à ce bienveillant jeune entrepreneur. Il n'avait pas l'air d'avoir trente ans, c'était admirable qu'il ait déjà sa propre boutique, et d'une certaine façon Jungkook imagina qu'il devait être heureux et il l'enviait pour ça. Lui aussi il voudrait bien ressentir du plaisir à aller travailler, plus tard.

« C'est là. Allez viens vite au chaud. »

La boutique était très humble, sûrement à l'image de son propriétaire : c'était un petit endroit dont l'extérieur n'avait rien de bien particulier : une vitrine qui présentait des vêtements de fête, depuis le beau costard jusqu'au pull ridicule de Noël. Il n'y avait là que des vêtements pour hommes dont les prix variaient, permettant à tous les budgets de se faire plaisir. Le nom du magasin, inscrit en lettres lumineuses, était paré de décorations de Noël et il en allait de même pour la vitrine qui arborait deux tout petits sapins absolument adorables et sur lesquels on avait installé de petites guirlandes.

« C'est vous qui avez décoré ? demanda le benjamin, désireux d'ouvrir la conversation.

- Tutoie-moi, je ne suis pas si vieux... Mais oui, c'est moi et mon employé qui l'avons faite. »

Jin ouvrit la porte et fit signe à Jungkook de passer le premier, ce qu'il fit avec la même timidité qu'au moment de leur rencontre. Quand il sentit la chaleur s'abattre de plein fouet sur lui, le garçon ne put que lâcher un soupir de bien être et aussitôt, ses doigts se détendirent autour de la hanse de son sac qu'il laissa tomber au sol. Il était midi, il n'y avait personne à cette heure creuse de la journée, probable raison pour laquelle Jin a décidé de le ramener maintenant.

À l'entente du petit carillon qui signale l'ouverture de la porte, une tête blonde s'extirpe d'un des rayons, et aussitôt Jungkook reconnaît l'homme qu'il avait surpris à le fixer depuis le café en face duquel il était quelques minutes plus tôt. Alors c'était lui l'employé de Jin ? Ils faisaient une sacrée paire : lui aussi était grand, il avait un charisme naturel que le jeune brun sentait rien qu'en le voyant, et quand il prit la parole, ce fut d'une voix grave mais aussi bienveillante que celle de Jin.

« Oh, alors j'avais raison ?

- Oui, le pauvre garçon ne sait pas où aller, confirma le gérant. Jungkook, je te présente mon employé, Namjoon. Namjoon, voici Jungkook, le petit que tu as probablement sauvé de la cryogénisation.

- Ça va ? » demanda l'employé à son cadet.

Jungkook s'apprêtait à répondre quand son ventre le devança, émettant un son particulièrement gênant. Le garçon plaqua ses mains au niveau de son estomac et rougit brutalement, reprenant la sangle son sac en la serrant fort contre lui, les yeux rivés sur le sol alors qu'il acquiesçait.

« Viens, on a des gâteaux de Noël et du chocolat chaud dans l'arrière-boutique, indiqua Jin. Nam, tu peux l'y amener, je dois remettre des trucs en rayon.

- Je m'en charge. »

Le jeune homme fit signe à Jungkook de le suivre et le garçon arriva en quelques rapides enjambées à sa hauteur, sans toutefois oser regarder celui qui l'avait sorti du froid polaire de cette matinée : puisqu'il faisait beau et que le ciel était dégagé, toute la fraîcheur de la nuit était restée en dépit du grand soleil, il faisait plus froid encore que la veille au soir. Heureusement qu'il avait rencontré ces deux anges gardiens.