Nine

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Outch.

Ça, c'est la première chose.

Je n'ai pas encore ouvert les yeux et je n'ai pas besoin de ça pour remarquer à quel point ma tête me lance. J'ai d'ailleurs tellement peur de me mettre à vomir, la douleur s'étant subitement propagée jusqu'à mon ventre.

Mais qu'est-ce qu'il s'est pas...

Ah oui, je me souviens : je me suis évanouie.

Ce qui est d'ailleurs, en partie, ma faute. J'aurais dû me rassasier un peu plus quand j'en ai eu l'occasion. Quant à l'autre élément qui a provoqué tout ça, je parierai sur toutes ces émotions que j'essaie de contenir depuis mon arrivée sur ces terres. La peur, bien évidemment en tout premier lieu. Celle d'un tas de choses que mon esprit a du mal à assimiler et qu'il a essayé de rejeter au mieux. Celle de me trouver dans un endroit inconnu avec des gens qui ne peuvent normalement pas exister. Et puis... Celle de ne jamais retrouver ma vie.

Vient ensuite la tristesse d'être séparée de la personne la plus importante à mes yeux, ma mère. Et puis la colère, à l'égard de cette dernière qui connait sans aucun doute l'existence de tout ce petit monde et qui n'a jamais pensé qu'il serait bon de tout me dire. Ah oui, je suis en colère qu'elle ne m'ait rien dit ! Maintenant je me retrouve ici, sans savoir quoi faire et seule, en quelque sorte.

Ça fait beaucoup à encaisser, surtout le ventre presque vide.

— Je crois qu'elle est en train d'émerger, j'entends une voix un peu éloignée.

Je suis toujours là. Ô désespoir, j'espérais tant me réveiller dans mon lit bien chaud. À la place, je suis allongée sur quelque chose de peu très confortable, d'un peu froid, de dur et qui, en plus de cela, me trimballe dans tous les sens au grès de la route que nous empruntons.

— Elle a repris quelques couleurs, dit une autre voix avant d'appeler, Robin ! Je crois que notre invitée est toujours vivante.

— Pas si fort, conseille ce dernier à son interlocuteur, si elle a encore besoin de repos, elle aurait du mal à se rendormir avec ta grosse voix !

J'entends quelques rires avant que le silence ne revienne. Je n'ai pas encore ouvert les yeux, j'ai peur que la douleur ne s'accroisse. Alors j'attends, analysant le moindre pic douloureux et jaugeant le meilleur moment pour signaler au monde qui m'entoure que, oui, je suis bien réveillée.

Ça me prend au moins une vingtaine de minutes, peut-être plus ou même moins, je n'ai vraiment pas la notion du temps. Encore moins quand je suis dans cet état. Une fois les yeux ouverts, les quelques suppositions que je m'étais faites ces dernières minutes se révélèrent être exactes : j'avais bien senti le soleil sur ma peau. J'ai donc dû dormir toute la nuit et n'ai rien vu des grottes du point d'Arkhar. Je n'ai sûrement pas raté grand-chose de toute façon.

— Comment vous sentez-vous ? me questionne-t-on à peine ai-je pu donner signe de vie.

— J'ai l'impression qu'un...

Mais je m'arrête net. Il va falloir que j'apprenne à tourner sept fois ma langue dans ma bouche, surtout quand j'ai loupé toute une nuit, au minimum, de route et que j'ignore si d'autres petits compagnons nous ont rejoints durant ces heures où j'étais inconsciente. Sortir une expression telle « un camion m'est passé dessus » pour faire comprendre à mes nouveaux amis que j'ai la tête en vrac et que je me sens lourde, n'est donc pas la meilleure des idées. Je devrais leur expliquer ce qu'est un camion, j'ai déjà galéré à trouver les mots justes pour la montre, alors un camion...

— J'ai très mal à la tête, je me contente de dire après une hésitation qui a éveillé les soupçons de Robin. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Je jette un coup d'œil circulaire et remarque que je me trouve dans une charrette, un long drap étendu sur moi. Nous sommes, pour ne pas changer, encore dans une forêt. Mais je m'attendais à quoi ? À des gratte-ciels peut-être ?

Faëra ▬ Tome ✯ © (Les 9 Royaumes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant