Je ne me sentais franchement pas à l'aise, touchant sans cesse la bague. Pourquoi avais-je dit oui ? Parce que sur le moment, en plein milieu de la fête, ne voulant pas décevoir... j'ai dit oui, et cela se répéter en moi. Et puis lui, pourquoi ne parle-t-il pas ? Comment entamer cette lourde conversation qui ne vient pas. Et pour parler de quoi ?
— Tu... tu as déjà fait des visites ? Finissais-je par demander.
— Des visites... L'appartement ? Pas vraiment. Mais mon père connait du monde, donc...
— Tu vas faire de la coloc ?
— Bien sûr ! Avec toi.
Je me remis droite dans mon siège. Avec moi ? On ne se voyait que sur « rendez-vous », alors vivre ensemble. Et puis, mes migraines ? Avait-il oublié ?
— Tu sais, je ne suis pas si facile à vivre.
— Nous serons ensemble, c'est ce qui importe le plus, non ?
J'aurais dû répondre : « oui, bien sûr » avec le grand sourire qui va avec, mais ce ne fut pas le cas. Je regardais le paysage défilé devant moi, quand une superbe voiture de sport nous dépassa sur l'autoroute. Mon cœur frappa la chamade. Je pensais inévitablement à Alex.
— Pff, ils pensent à quoi avec leurs gros bolides ! Des fous, s'enquit Cédric.
— N'empêche qu'elle est belle !
— Tu aimes ce genre de voitures ?
— Je ne suis pas une fan de vitesse, mais j'avoue... elles sont belles.
Et voilà, fin de la discutions jusqu'à notre arrivée. Il se gara juste devant l'entrée. Je défaisais ma ceinture. Il me caressa la joue.
— Tu vas me manquer, me dit-il.
— Tu... tu ne montes pas ? Demandais-je surprise.
Il me fixe, puis m'embrasse. J'en rêvais. Je voulais d'une telle situation, mais... mais ce baiser n'était pas gourmand et je commençais à le comprendre. Juste un baiser sur les lèvres, pas de fougue.
Je finis par sortir de la voiture. Il me regarde partir. Je lui souris.
Il me fit un signe de la main pour dire au revoir et... part.
Une boule au ventre se forma. J'avais de la peine. J'aurais bien voulu qu'il m'accompagne, au moins jusqu'à la porte d'entrée. Et malgré cela, j'avais les yeux pleins d'étoiles, surtout en touchant ma bague.
J'entrais dans le studio, l'allumant. Je m'assis dans mon fauteuil, refermant les yeux, respirant longuement.
— Je suis fiancée !
Soudain, je trépigne des pieds, me lève, danse sur moi même, gesticule. J'allume le pc, écrit un mail à mes parents : « Cédric a demandé ma.... » et je m'arrête dans mon élan.
« Cédric a demandé ma... main » se percuta au fond de moi. Quand je me rappelais du lapsus la veille au soir. « Fiancée à Al.. »
Je m'effondrais dans le fauteuil. Et si cela était venu d'Alex, aurai-je réagi de la même manière ?
« Je ne désire qu'une femme, c'est toi ! »
D'ailleurs depuis, nous nous étions revus... plus ou moins par hasard. Il me désirait à ce point ?
Soudain, la sonnerie de mon téléphone fixe me fit sursauter. Je décrochais. Maman était au bout du fil. Elle était heureuse pour moi, me demandant si Cédric était là :
" Il est reparti illico !"
"OH ! Pourtant je pensais que... mais repartit ?"
« Paris, maman. Donc... tu le verras. »
Il y eut un silence. J'entendais sa respiration. Ils complotaient et je le savais.
« Clé... ce n'est pas ce que tu penses, mais... prend soin de toi, raccrocha-t-elle. »
Un poignard venait de me pénétrer en plein cœur. Et celle qui le tenait n'était autre que maman. J'eus beaucoup de mal à remettre le combiné en place. « Ce n'est pas ce que tu penses. »
Alors pourquoi ne m'avait-elle rien dit ou même expliqué ? "Nous sommes voisins, amis... nous nous voyons, mais... ma porte reste close" ou un truc de ce genre, même si c'est vrai, je ne l'aurais pas cru, mais au moins, cela aurait été une explication. Non, au lieu de cela, elle me raccroche, presque au nez. Je finis par tous les détester tout en retirant la robe, allant sous la douche, ou je me repassais en boucle tout cela, et surtout lui. Lui, Alex. Comme le fait qu'il se soit '' pris'' une fille. J'aurais aimé ne pas le voir!
« Je te ressens » me revint en tête.
— Ça se trouve en ce moment même, il sait ? Me bloquais-je sous la douche. En une minute, je sortis de là, me mettant dans une serviette, allant me chercher de quoi me vêtir. Enfilant sans attendre un grand tee-shirt. Mon dieu, je devenais folle et parano. Pourtant, avec les migraines c'était amplement suffisant pour me gâcher la vie. La faim me prit. J'ouvris mon frigo.
— Et merde !
Bien sûr, il n'y avait plus grand-chose. Placard à gâteau obliger ! J'ai foncé dessus, sortis tout le paquet, direction le fauteuil, allumant le pc. Soirée films en perspective. OK, je me suis goinfrée, et même endormie.
°°°
Un bip retentit. J'ouvrais les yeux avec un tas de courbatures. En bas de l'écran de mon pc, une enveloppe. Je l'ouvre.
« Bien arrivée et ce fut... chaud. Je passe dans la semaine. Et, RÉFLÉCHIS. Marion »
Mais bien sûr ! Réfléchir ? Réfléchir à quoi ? Quand la souris tomba sur une photo de Cédric. J'ai éteint l'écran, me sortant du fauteuil, allant sur le clic-clac. Je regardais ma main. J'hésite à l'enlever, pourtant... Je sais ce que je dois faire, alors pourquoi ?
Mais la routine reprend. Un mal de tête se fait sentir. Je prie pour que cela ne se transforme pas en migraine. Je prends donc quelques cachets, rallumant l'écran, mettant un fond sonore. Chouette pour un milieu de mois de juillet. Le ciel s'assombrit aussi.
— La pluie ? Regardais-je à travers la fenêtre. J'observe le paysage. Je m'attends peut-être à le voir qui sait ?
Mais non, la journée se passa presque bien. Les orages grondèrent, m'apportant avec eux d'horribles migraines. Pas le temps de réfléchir. Allongée dans le clic-clac, je n'entends que le film qui passait en boucle sur mon pc. Je me tends la tempe. Là, je regrettais Alex. Il ne désirait que moi, tandis que je ne désirais qu'une chose, que cette fichue douleur s'arrête. J'aurais tout donné à ce moment-là pour que cela se termine. Mais au lointain, j'entendais ces orages d'été qui n'en finissaient pas.
Par moment, j'arrivais à être mieux. J'allais m'informer sur le web. Il annonçait de violent orage, de monstrueuse perturbation encore jamais vus.
Bref, je comprenais ce qu'il allait m'attendre. Un mois au lit.
Pas très enthousiaste à cette perspective, mais bon, il fallait que j'y passe. Et cette semaine se passa ainsi, volet mi-clos, vent, pluie, médicaments. Tout le plaisir du monde.
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Alex.
FantasyUne jeune femme , malade, va aider et faire la connaissance d'un sans domicile. Suite à cela, elle n'imaginait pas un seul instant tout ce qui allait se produire.
