20. Départ

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Je suis bien décidée a rentrer chez moi, même si le visage d'Alex me hante. C'est affreux d'avoir un amour à sens unique ! Je me mets à la fenêtre. Il ne reste plus que deux jours avant l''Alpha du Centaure. Et après ? Que vais-je devenir ? Je sais qu'au fond de moi je devrais partir, mais sans papier ni argent, je suis donc piégée....

— Emprisonnée, me vint à l'esprit.

Quand on frappa à la porte. Celle-ci s'ouvrit avant même que je ne dise quoi que ce soit, et je fis face à cette Éléonore. Je panique. Que suis-je censée faire ? Que me veut-elle, surtout si j'ai bien compris leurs «  nature ».

— Mademoiselle Dumont, soyez sans crainte, me dit-elle regardant mon sac à dos sur le lit. Je vois...alla-t-elle à la fenêtre. Elle pointe quelque chose dans le jardin.

Je regarde, j'attends. Alex ! Il embrasse une jeune femme avec fougue.

— Il a trouvé son dû... du moins, pour le moment, me dit-elle sarcastiquement.

— Que me voulez-vous ?

Elle plonge sa main dans sa manche gauche et en sort une enveloppe, me la tendant. Je la regarde, stupéfaite, ne comprenant pas.

— Il me semble que ceci vous appartient. Vos papiers.

Sur le coup , je n'y croyais pas. J'ouvris sans attendre l'enveloppe, et effectivement, c'était bel et bien mes papiers et même...

— De l'argent, remarquais-je.

Tout comme au fond de celle-ci, un billet de train.

— Ma garde vous y amènera.

— Pour... pourquoi faites-vous cela ?

— Vous le savez parfaitement bien, alla-t-elle cette fois-ci , s'asseoir dans l'un des fauteuils de la chambre.

— A...Alex ne veut donc plus de moi. Et pour sa mémoire ?

— Vous ne faites pas partie de son univers, dit-elle pensive ; de cet univers. Cela est contrariant, je ne le sais que trop bien. Cet homme est... si.... magnifique, incroyable. Cependant, ouvrit-elle les yeux sur un regard émeraude, me fixant, nous ne voulons pas que tout cela finisse... mal, n'est-ce pas ? Je vous laisse donc le choix. Mais, se leva-t-elle enfin, sachez qu'après cela, nulle ne pourra plus franchir les portes, s'avança-t-elle jusqu'à la porte l'ouvrant, sortant : de son âme, finit-elle par dire.

Je crus même l'entendre ricaner. Qu'est-ce que tout cela voulait dire ?

« Les portes de son âme. »

J'avais à peine quarante-huit heures. Non, en réalité, il me restait à peine quarante-huit heures pour prendre une décision. J'avoue que je voulais comprendre la signification : les portes de son âme, mais Éléonore me l'a bien dit  « nous ne faisons pas partie du même univers », et à vraie dire, je n'avais pas vraiment envie d'en faire partie. Trop glauque. Je rêve d'une vie normale, tranquille, et de chaleur, ce qui n'était absolument pas le cas, ni dans cette région ni dans ce château, quant aux hôtes ; trop froid, voire même glacial.

Rien que d'y penser j'en ai la chair de poule. Je serre mes bras contre ma poitrine, et puis, je ne sais pas trop pourquoi, je regarde dehors. Il est là, juste en bas, il me fixe d'un de ces regards qui vous fait chaviré. J'aimerais qu'il vienne à l'instant, qu'il me dise que tout cela est faux, que je suis utile, et... et qu'il... Mais je finis par fermer les yeux. Une larme coule sur ma joue. Je l'essuie. J'ai toujours envie de pleurer. Là, je vois le sac à dos.

— Pourquoi attendre ?

Je le prends, le met et sors enfin de la chambre. Mon cœur battait la chamade, passant même devant la chambre du « roi ». Je stoppe même. Pourquoi ? Je ne sais pas trop. J'y crois encore, peut-être.... puis continue mes pas allant jusqu'au vestibule, faisant face à cette lourde porte. Un des gardes me scruta, restant tout de même silencieux. Voilà, j'y étais. Cette fois-ci, je ne reculerais pas. Je devais faire mes adieux à Alex tout comme à Zack, une bonne fois pour toutes. Avais-je vraiment été d'une utilité quelle conque ? Très honnêtement, je ne le pense pas. Certes, il s'est rapproché de cette Éléonore, mais je suppose qu'avec ou sans moi il y serait parvenu.

Un étrange bruit me parvint d'en haut. L'ouverture d'une porte.

— Vous avez donc fait votre choix.

Je finis par me retourner.

C'était elle, Éléonore. Elle descendit l'escalier, au même moment deux hommes sortirent d'une porte dérobée sur la gauche.

— Chose promise, me fit-elle. Ma garde va vous y conduire et la porte s'ouvrit à ce moment-là. Effectivement, une voiture de luxe m'attendait juste dehors.

Je m'avançais sous un : « Bonne chance, venant d'elle. » Je me retournais, une dernière fois, allant pour la remercier, si je puis dire, quand mon cœur loupa un bond.

Là, sur le palier, droit comme un i, fier et pourtant... Alex. Il me fixait, sans dire un mot, ses mains sur la balustrade. Je me tenais la poitrine, sentant même une larme coulait le long de ma joue. Je l'essuyais en vin.

Il aurait suffi juste d'un mot de sa part, mais.. Rien. Je baissais mon regard, me retournant, sentant toujours le sien sur ma personne. Je finis par sortir. L'air était frais dehors, ce qui me fit du bien. J'expirais un grand coup, puis fis face à ce pont disparaissant dans cette brume matinale.

Là, et avec peine, je montais dans la voiture. Elle démarra. Ce fut dur au début, puis je me suis traitée de '' folle'', me retournant. Il était à la fenêtre, me fixant. Puis, il disparut.

Je me rassis normalement. J'avais certainement trop espéré.

Et une fois être sortie de la brume, la ville s'offrait à moi.

Au bout de quelques minutes, je quittais enfin cette ville, ce pays, retour à la maison. J'arrivais à la gare. Un des hommes me fit descendre me tendant un papier, me montrant un homme en casquette.

Les indications sans doute.

Une fois sur place, je montrai le papier au chef de gare, qui comprit. Il m'installa sur un banc sur le quai de gare, attendant le fameux train.

Je fermais les yeux, revoyant sans cesse Alex.

« Qu'est-ce que je fais ? Se répéter en moi, telle une mauvaise mélodie. » J'étais en train de regretter mon geste, me levant d'un coup. Soudain, un bruit de moteur. Sauvée ! Le train arriva.

Sans attendre, j'y montais, m'installant. Et c'est ainsi, avec un mal de tête manifeste que je rentrais pour la France, à Paris.

Alex.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant