onze

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La tête à l'envers, appuyée contre le rebord du canapé, je fixe Elliot qui est plongé dans ses pensées. Je me munis d'une feuille que je coupe en petits carrés irréguliers. Je fais des boules et les poses sur mon ventre. Une fois mes munitions prêtes, je coince les boulettes entre mes doigts, pince mes lèvres entre elles, puis les lance une à une sur mon meilleur ami.

Il ne prête pas attention à la première, mais à la deuxième il me jette un regard mauvais, ce qui ne m'empêche pas de continuer. Arrivé à la cinquième, je ferme un oeil et me concentre. Je tends mon bras et mon arme improvisée atterrit à la naissance du col du tee-shirt d'Elliot. Il soupire et prend le projectile avant de l'analyser.

" Sarah..." dit-il d'un ton las qui me fait sourire. " Tu ne penses pas que tu as passés l'âge de faire ce genre de chose? "

" Je m'ennuie! " ronchonne-je.

Voilà deux jours que je suis enfermée dans ce manoir et la seule chose intéressante que j'ai faite c'est de parier avec Isaac que je pouvais faire une nuit blanche. Un pari que j'ai perdu, quand je me suis endormie contre l'épaule d'Elliot, vers cinq heures du matin. C'est facile pour eux aussi! Ce sont des démons! Et les démons, d'après ce que j'ai appris, ne sont pas obligés de manger et dormir.

" Ce n'est pas une colonie de vacances, Sarah. "

Je souffle et me redresse.

" Ouais, c'est plus une prison. Et encore! Les prisonniers ont le droit à une balade dans la cours eux! "

" J'ai l'interdiction de te laisser aller dans le jardin, on en a déjà parlé. " m'informe-t-il, avec un ton autoritaire.

" Tu étais plus drôle quand tu faisais semblant d'être humain. "

Il ne réagit pas ce qui me désespère encore plus. Moi qui m'attendais à ce qu'il m'envoie un autre pic! Cela m'aurait occupé au moins.

Tout à-coup, Isaac apparait dans l'encadrement de la porte avec mon sac de voyage à la main. D'un bond, je me lève et accours vers lui.

" Je suis désolé, je ne savais pas quoi prendre alors j'ai versé pratiquement toute ta commode dans ton sac. " m'explique-t-il.

Hier soir, j'avais fait remarquer à Elliot que je portais les mêmes vêtements depuis plusieurs jours et que malgré les douches que je prenais et les caleçons qu'il me prêtait, je me sentais sale. Je lui avais fait comprendre que je ne pouvais continuer à vivre comme ça, alors il avait demandé à Isaac de se rendre chez moi pour me ramener le strict nécessaire.

" C'est très bien comme ça, merci beaucoup! "

Je me jette dans ses bras et lui fais un câlin, qu'il ne refuse pas.

" Par contre, je dois te l'avouer, quand je suis arrivé au deuxième tiroir j'ai laissé, comment dire, mes yeux se délecter du spectacle. "

Il me faut deux secondes pour analyser ses paroles. Aussitôt je le repousse.

" T'es un gros dégueulasse! Tu ne sais pas que c'est irrespectueux de fouiller dans les sous-vêtements d'une fille? "

Je devrais être énervé, mais en réalité j'ai plus envie de rire. Les traits innocents d'Isaac mélangé à sa mine coupable est juste hilarante.

" Tu as regardé ses sous-vêtements? " rugit Elliot.

" Non! J'ai juste...prit plus de temps que la normal pour les ranger. "

Elliot fulmine ce qui rend la situation encore plus comique.

" Tu m'en as ramené assez suffisamment au moins? "

" Oh que oui! "

" Cool! "

Je hisse le sac sur mes épaules et le remercie une dernière fois.

" Oh et entre nous, tu devrais porter plus souvent l'ensemble rouge, il est magnifique. " Il me murmure alors que je passe près de lui.

Mes joues changent de couleur immédiatement et la honte m'envahit. Je le pousse avec toute la force que je peux rassembler, mais il n'oscille même pas.

" Tu voulais me faire tomber là? "

Je lève les yeux au ciel avant de joindre mon rire au sien. Puis, je jette un regard à Elliot et il comprend que je veux qu'il m'accompagne jusqu'à ma chambre, pour qu'il m'aide à ranger mes affaires. Il opine de la tête et me suit.

Sur le chemin, Elliot caresse mon épaule et me demande silencieusement, rien qu'avec le regard de me passer le sac. Je fais descendre la lanière et le lui tends. Il enroule ses doigts masculins autour des poignées en tissu et s'avance dans le couloir à mes côtés.

Isaac n'a fait aucune référence à mes parents. Apparemment ils ne lui on pas demandés de me faire passer un message, ni même un mot. J'ai le coeur qui se déchire. M'ont-ils déjà oubliés?

Je profite d'être de nouveau seule avec Elliot pour lui faire part de mes craintes.

" Isaac n'a pas parlé de mes parents. "

Il tourne la tête vers moi. Nos yeux se croisent un instant et j'ai la sensation que je vais pleurer d'une minute à l'autre.

" Ne pense pas au pire, Sarah. Je suis sûr qu'il a juste oublié de t'en parler. "

J'esquisse un faible sourire et remonte le menton, engloutissant cette tristesse au plus profond de moi-même.

On arrive devant ma chambre, qui est juxtaposée à celle d'Elliot. Avec sa main gauche, il l'ouvre et on pénètre à l'intérieur.

Il m'aide à défaire mes vêtements et à les ranger dans la grande armoire en Tech. Une fois le sac vide, on décide de descendre à la cuisine car il est bientôt l'heure pour moi de manger.

Comme les démons ne mangent que très rarement, nous nous retrouvons seuls pour le diner. Elliot, en bon meilleur ami qu'il est, décide de m'accompagner en mangeant à table avec moi.

Cela me touche qu'il fasse l'effort pour moi, alors qu'il n'est pas obligé. Ça renforce mon idée de départ sur le fait que je peux compter sur lui, et avoir confiance en lui.

" Regarde, j'ai une moustache. " dis-je en formant avec mes spaghettis une courbe, au dessus de ma lèvre supérieure.

Il rigole et riposte.

" Regarde bien. "

Je le fixe avec attention alors qu'il enfourne dans sa bouche une fourchette de spaghettis, les laissant pendre le long de son menton. Il place ses doigts au niveau de ses oreilles et d'un geste rapide il tourne ses oreilles et fait monter en même temps les pâtes dans sa bouche.

J'explose de rire, devant ses yeux qui louche et son faux mécanisme de remonter de pâte. Je ris tellement que j'en ai mal au ventre.

Nos rires s'entremêlent et ce doux son me rappelle ô combien son amitié et sa présence m'est indispensable.

Quelqu'un tousse et Elliot s'arrête immédiatement de rire. Les larmes aux yeux, je me retourne et regarde l'homme qui se tient à l'entrée de la cuisine.

Il a un air grave qui m'ôte instantanément ma bonne humeur.

" Il veut la voir. "

Au vu du visage de mon meilleur ami, je comprends que cette rencontre n'est pas une bonne chose du tout.

* Comme je pars pour une semaine, dans la famille, je ne pourrai pas poster les chapitres, alors j'en poste trois chapitres à la suite :) Je suis désolé, ce n'était pas prévu, on m'a proposé de partir hier et je pars demain, donc vous observerez que c'est de la dernière minute haha.

LIAISON DANGEREUSE AVEC L'ENFER I h.sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant