CHAPITRE DOUZE

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La chute de Carter

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Zzzzzzz Zzzzzzz Zzzzzzz

Je suis encore profondément ancrée dans les vapes du sommeil lorsqu'un bruit extérieur m'arrache à ce doux réconfort dans lequel mon cerveau s'est plongé. D'abord, je suis tentée d'ignorer ce son agaçant, prétendant que c'est mon esprit qui me joue des tours dans mes rêves. Puis, alors que je retombe dans les bras de Morphée, le bruit reprend de plus belle.

Zzzzzzz Zzzzzzz Zzzzzzz

Cette fois-ci, je suis certaine qu'il se soit produit parce que j'ai ouvert mes yeux en pestant contre la personne qui tente de me joindre au beau milieu de la nuit. Tout en lâchant un grognement rauque de ma voix encore emprunte de sommeil, je saisis à tâtons le portable posé sur ma table de chevet. Évidemment, je manque de le faire tomber en visant à côté, comment pourrait-il en être autrement ? C'est de justesse que je parviens à le rattraper, m'arrachant des sueurs froides.

Le vibreur se remet en fonction quand je saisis le téléphone, pour attester du reçu de SMS. Juste lorsque je parviens enfin à mettre mon cerveau suffisamment en pause pour m'endormir, il faut que quelqu'un me dérange. Depuis quarante-huit heures, je ne pense qu'à ma famille, tournant en boucle les informations que j'ai pu lire sur Internet et les combinant avec celles que j'ai pu recueillir pendant toutes ces années à côtoyer mes grands-parents.

Quand je me remémore avec nostalgie mon passé, lorsque j'étais encore heureuse et un peu naïve, il m'est impossible d'atteindre la paix intérieure. Je passe des heures à avancer, tourner, retourner et revenir sur mes pas dans le labyrinthe que constitue mon esprit. D'un côté j'aimerais pouvoir affirmer que je suis heureuse que mes grands-parents paient enfin pour toutes les mauvaises choses qu'ils ont été amenées à faire. Mais d'un autre côté, je ne peux pas m'empêcher d'éprouver de la compassion pour eux parce qu'ils restent ma famille. Je déteste ne pas être capable de les haïr comme je le voudrais. Ce serait tellement plus simple si je pouvais ôter les sentiments que je ressens pour eux. Mais ils restent ceux qui m'ont élevée pendant des années avant de faire de ma vie une cauchemar. Saleté d'humanité.

Encore pas très bien réveillée, j'allume mon téléphone pour découvrir le nom de la personne qui cherche à me joindre. Chose que je regrette immédiatement lorsque la lumière de l'écran m'éblouit au point de faire pleurer mes yeux déjà piquants à cause du manque de sommeil.

Chose à se souvenir : toujours baisser la luminosité de l'écran avant de se coucher au cas où un emmerdeur de première vous enverrait un message à... deux heures cinquante-cinq du matin. Même si les chiffres dansent sur mon écran de déverrouillage, entre deux de mes larmes je vois bien qu'il n'y a pas d'erreur possible : on vient littéralement de me bousiller ma nuit.

Le pire, je crois que c'est lorsque je remarque le prénom qui s'y inscrit.

Carter.

Il ne m'appelle pas pendant la journée, il n'était même pas en cours cet après-midi, mais il ose me réveiller à près de trois heures du matin. Il a un culot presque aussi grand que son orgueil, et ce n'est pas peu dire.

Si ça avait été n'importe qui d'autre, j'aurais sans doute effacé les SMS sans les lire, néanmoins les messages viennent de Carter et je ne conçois pas ne pas les ouvrir. Si ça se trouve c'est important. Ou peut-être qu'il a cherché à me joindre avant mais n'avait pas de réseau ? L'espoir s'empare de moi alors que j'entre mon mot de passe – « Tomate étoilée », quelle originalité Cassie ! – pour pouvoir découvrir le contenu des deux SMS que j'ai reçus.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant