Chapitre 20 : Ombre

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Leurs pas les conduisirent finalement à un endroit qu'Arthémis n'avait jamais vu malgré ses nombreuses promenades dans les bois.

"Cette rive du Serpent fait partie du domaine du manoir, elle nous a été cédée il y a plus de 60 ans. En échange ma famille s'est engagée à la préserver et à n'y pêcher qu'en cas de nécessité de consommation."

L'herbe était sauvage mais entretenue, formant comme une prairie parmi les arbres. Le serpent y était plus profond que ce que la jeune femme n'avait jamais vu.

"Il y a du courant ?"

Alan sourit

"Disons que je serais toi, j'éviterais de m'y aventurer, surtout seule."

"Et pas seule ?"

"Pas plus. Le fond est vaseux, tu n'en sortirais pas."

Il l'invita à longer la rive tranquillement.

"Je sais que c'est encore difficile pour toi, mais il va nous falloir parler de ton avenir, le mieux serait de régler ça rapidement pour te libérer de tout ça. Laisser tout en suspend ne peut que te faire cogiter pour rien."

Arthémis soupira en croisant les bras. Alan avait identifié ce geste comme une carapace, il la savait sur la défensive.

"Je ne veux pas te mettre la pression ou te mettre mal a l'aise, il faut juste qu'on se mette d'accord sur ce qui va arriver ensuite. Je veux t'aider mais il faut que tu me dises ce que je peux faire pour toi."

Arthémis allait répondre mais elle s'arrêta, fixant un point dans le dos d'Alan qui se retourna.
"Qu'est-ce qui se passe ?"

"Je ne sais pas, je crois que j'ai vu une ombre. Comme si quelqu'un se faufilait pas loin..."

"Nous sommes sur un terrain privé mais il arrive que des promeneurs imprudents s'égarent..."

Alan murmurait plus ça pour lui qu'autre chose

"En pleine nuit ?" Releva son amie

L'écrivain semblait scruter l'ombre en cherchant mentalement toutes les pistes sur son origine. Un animal était probable. Un promeneur égaré l'était beaucoup moins. Mais il restait toujours la dernière possibilité.

"Ça n'était probablement qu'un animal. Ne restons pas là, veux-tu ?"

Il voulait son ton le plus neutre possible mais un certain stress perçait quand même dans sa voix. Ils reprirent leur marche mais l'attitude de l'un comme de l'autre n'était plus sereine. Alan racontait machinalement l'histoire du manoir et de ses terres, des engagements familiaux pris par des ancêtres et qui lui incombaient encore, bien qu'il ne soit maintenant plus que le dernier des Larose encore fidèle au domaine. Le duo fini par devoir revenir sur ses pas pour rentrer au manoir. Alan fit le tour des pièces pour fermer les volets et s'assura d'avoir correctement fermé la porte d'entrée avant de rejoindre Arthémis à la cuisine.

Il s'adossa à un meuble, le regard fixé sur l'eau dans une casserole qu'Arthémis portait à ébullition.

" Tu l'as revu après ?"

"Je... je ne suis pas sûre."

"Combien de fois Arthémis ?"

"Quatre fois après celle où je te l'ai dit."

"Sur tout le trajet ?"

"Une fois quand on est partis et trois fois au retour."

Alan semblait contrarié par la nouvelle.

"Et toi ?"

"Je ne l'ai vu que deux fois et seulement pendant qu'on éloignais du manoir, j'avais espoir que ça ne soit qu'un rôdeur de la ville."

L'homme au livre [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant