Immenses immeubles, immuables, immobiles,
Mangeant le monde de son ciment fertile ;
Forêts
Morcelées
Fracassées
Silencieuses
Rubans de goudron noir ravageant notre terre
Rugissant de voitures, de moteurs, de klaxons,
S'injuriant, se hurlant, se frappant jusqu'à l'humiliation,
Condamnés à se suivre, à souffrir et se taire.
Et les gens,
Pressés,
Stressés,
Agressés,
Entassés,
Enchaînés,
Aux parcmètres aux feux rouges aux composteurs aux caisses
Aux péages aux guichets aux stops et à la presse
Sans air ;
Air puant, irritant, toxique et pollué,
Mortifère,
Et la montre nous montre le monstre qui monte :
Le temps qu'on perd
A courir sans arrêt sans raison sans bienfait
Dans la honte.