Jour 3 - Cauchemar

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— Bizarrement, ça te va bien.

— Tu ne dois pas rester , tu t'es aventurée trop loin , ça va être compliqué pour toi de revenir.


Avant que j'aie le temps de comprendre,la pièce s'alluma , m'éblouissant au passage. Mais comment pouvait-on trouver de l'électricité ici ? On était pas perdus au milieu de nulle part ? Pendant que je réfléchissais à ça , mes rétines s'accommodèrent à la lumière vive. Et là, un spectacle d'horreur s'offrit à moi. Des pendus apparaissaient sur des cordes suspendues au plafond. La gorge prise dans le nœud coulant , la tête sur le côté , leurs yeux inanimés m'indiquaient que je ne pouvais pas les aider. Je connaissais très bien toutes ces personnes et j'avais énormément d'affection pour elles. Je me pinçais le bras dans une tentative désespérée de me réveiller. Mais ça ne marchait pas. L'image apparaissait toujours. Les larmes montaient tandis que je les regardais , prenant conscience de tout ce que j'avais perdu. Mes grands-parents. Mes meilleurs amis. Mes frères et sœurs. Tous mes proches avaient répondu présents à cette funeste réunion à l'exception de mon père et ma belle-mère. À voir l'état de leurs corps , ils étaient vraisemblablement morts depuis un moment. Un hurlement s'échappait de ma gorge avant que je n'aie le temps de le retenir.


— Je te l'ai dit , tu es allée trop loin , ricana l'abruti. Et maintenant , tu ne peux plus sortir.

— Mais comment ça s'ouvre ? J'essayais tant bien que mal de baisser la poignée, de tirer dessus comme une forcenée, ça ne fonctionnait pas. Aide-moi au lieu de me laisser comme ça !

— Je ne peux pas. Et je suis obligé de patienter.

— Et donc tu comptes rester planté comme un poireau qui attend la pluie derrière la porte?

— Non, tu dois effectuer la tâche pour laquelle tu es venue.

— Mais de quoi tu parles à la fin ? Je veux sortir !

— Tu ne peux pas , me répondit-il calmement , et arrêtes de crier , tu me casses les oreilles. C'est comme ça. Une fois qu'ils se seront exprimés , tu pourras partir. C'est ce que l'on gagne quand on s'aventure trop loin dans l'univers des cauchemars , ma chérie.

— Les écouter ? Mais ils sont morts! Comment veux-tu que je puisse les entendre?

— Ce que tu vois n'est pas réel. Rappelle-toi , tu es dans un monde différent , et si tu as pu aller aussi dans ton inconscient , c'est qu'il a quelque chose à te dire.


Au même moment , un raclement de gorge attira mon attention. Mon grand-père adoré , décédé des années plus tôt, prit la parole.


— Tu dois faire un choix puce. Soit tu laisses ta vie comme elle est , soit tu mets toutes les chances de ton côté pour qu'elle s'améliore pour toi.

— Changer ? Je sais que c'est pas super en ce moment ; mais je fais ce que je peux , je te jure !

Abandonne tes addictions ma puce , et tes fréquentations. Donc je répète , soit tu modifies ton destin pour le mieux et dans le vrai quitte à en souffrir ; soit , tu restes comme tu es , à vivre dans le mensonge et ton existence ne s'embellira pas. Il accentua son propos en me montrant une corde vide près de lui. Ceci est l'endroit où tu reposeras si tu prends la mauvaise décision. Alors que choisis-tu ? Venir ici à mes côtés pour toujours dans le monde de l'illusion ; ou préfères-tu que la porte puisse s'ouvrir à nouveau et que tu affrontes la réalité sans te perdre dans les paradis artificiels ?


Pendant qu'il parlait , ses deux mains s'étaient placées à la même hauteur , et me faisaient penser aux plateaux d'une balance ancienne. Chacune indiquait vraisemblablement un chemin à suivre : le gibet pour la fausseté , et le vide pour symboliser ma vie future. En fait , c'est ça. J'avais fait trop de bêtises , et je passais devant la justice de l'inconscient.


 —   Je choisis de sortir d'ici , et ce même si je dois affronter le monstre qui m'attend dehors.

— Tu as pris la bonne décision. Je vais te laisser partir maintenant.


J'entendis la porte s'ouvrir. Je saisis la poignée , et je me tournais vers mon grand-père pour lui dire un dernier mot. Mais il avait disparu , tout comme les autres pendus. Avais-je rêvé ? Ce n'est pas possible. Je me serais réveillée quand je me suis pincée dans ce cas.


— Et pourtant , susurra mon ex. Je symbolise ce qui n'a pas de raison d'être dans ton existence comme tes craintes , ou ce à quoi tu t'accroches alors que tu ne le devrais pas.

— Comment ça ?

— Tu as beaucoup souffert à cause de moi non ? C'est aussi le cas de beaucoup de gens que tu côtoies toujours. Mais ça ne m'étonne pas. Tu n'as jamais pu t'entourer des bonnes personnes. Comme pour tes addictions, tu t'obstines. Ne te rattache pas aux mauvaises choses. Réveille-toi maintenant.


Avant que j'aie le temps de répondre , j'ouvris les yeux. Le halo rassurant de ma lampe de chevet apparut lorsque je réussis à trouver le bouton. Je soupirais de soulagement quand je constatai que j'étais dans mon lit. J'avais donc rêvé. Mais pourquoi les pinces sur mon bras ou même la douleur ne m'avaient-elles pas réveillée ? Je sentais un liquide chaud et visqueux couler sur mon front. Du sang. Comment me suis-je blessée ? Et mes doigts comportaient de grosses traces de terre. Comme si je m'étais aventurée à l'extérieur, et si tout était réel. Comment est-ce possible?








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