burned ; m.chan

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[SKZ + MINCHAN]
— ANGST, 2018.

Le pas assuré, un beau jeune homme aux cheveux décolorés pénétrait l'enceinte du lycée. Il faisait froid, décembre caressant doucement ses larges épaules tandis qu'il saluait discrètement les quelconques personnes qui croisaient son regard. Il leur offrait des sourires sympathiques emplis de sincérité branlante alors qu'il passait enfin les portes battantes du bâtiment.

Il traversa les longs couloirs aux murs jaunâtres, répondant à ceux qui appelaient son prénom par des signes brouillons ou quelques haussements de sourcils accompagnés de fins rictus timides.

Tout le monde aimait Bang Chan. C'était un garçon adorable qui avait un pur bon fond et de nombreux amis au gré de l'établissement.

C'était un bonhomme sans histoire, avec une moyenne respectable, une chouette réputation et de nombreuses relations passées qui s'étaient toujours terminées en bon termes. Chan n'aimait pas vraiment se mettre dans l'embarras et faisait toujours de son mieux pour faire bonne figure, se montrer sous son meilleur jour et tenter de rendre les autres heureux.

Tenter.

Sans prononcer mot, il se dirigea vers son casier, encoda le nombre débloquant le cadenas qui scellait la boite de métal et en ouvrit la porte d'un geste fluide. Laissant son sac à dos s'échouer sur le sol de carrelage noir et blanc, le blond cendré plongea ses mains au coeur même de son casier afin de se saisir des ouvrages dont il avait besoin.

Mais là, dans le désordre sans nom qu'était le petit rangement, le jeune homme trouva un morceau de papier ; une lettre pliée en quatre.

Méfiant, il assena quelques regards en coin à la pièce, s'assurant qu'il n'avait l'attention de personne posée sur lui. Une fois sûr d'être quelque peu tranquille, il déplia la feuille.

Alors Chan, comment tu te sens ?

Son sang ne fit qu'un tour et sa salive sembla devenir soudainement plus épaisse ; il déglutit difficilement. Cette écriture, Chan l'aurait reconnue entre milles.

Tes cernes sont encore plus noirs qu'hier, on dirait que tu sais toujours pas dormir. Tant mieux, ça me fait du bien de savoir que t'es encore dans cet état. J'irais pas jusqu'à dire que ça me fait plaisir parce que je ne suis pas aussi méchant que ça mais tout de même, c'est pas si loin de la réalité.

C'est tout ce que tu mérites de toute façon, non ? J'sais bien que t'essaies de te convaincre du contraire et de boire tous les mensonges vides de sens que te racontent tes si bons amis ainsi que ta propre personne mais tu le sais tout aussi bien que moi que t'as merdé, hein ?

Le blondinet leva les yeux, sentant ses doigts se serrer autour du papier blanc. Il le cherchait du regard, sachant parfaitement qu'il avait dû glisser sa missive peu de temps auparavant. Chan connaissait son emploi du temps sur le bout de ses doigts.

Après au fond tu peux dire que je suis tout aussi pathétique que toi. J'pourrais tracer ma route et baisser les yeux comme tous ceux qui se sont mis en travers de ton chemin. J'pourrais garder les lèvres serrées et ignorer ce qui a pu se passer au cours de ces dernières semaines.

Mais j'me ferais pas marcher sur les pieds, Channie. J'ai pas été élevé comme ça.

Le susnommé déglutit à nouveau. Il avait chaud soudainement, affreusement chaud et c'était comme si tout le monde le regardait. Comme si ils savaient tous.

RECUEIL D'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant