Quatorzième chapitre

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Le lendemain, tout le monde se leva avant le soleil, bien décidé à ne pas affronter de nouveau le jugement d'Odin et celui des autres dieux. Le château était calme, ses habitants encore plongés dans un sommeil profond.

Ils se glissèrent comme des ombres dans le dédale de couloir, partant comme des voleurs. Ils se scindèrent en plusieurs groupes et passèrent par des passages secrets différents.

Mathilda regarda plusieurs fois en arrière, son nouveau tatouage la démangeant légèrement, mais s'inquiètant également pour Stella, qui était la seule à rester en compagnie de l'ancienne nourrice des dieux Balder et Thor. En soit, cela la rassurait de la savoir en sécurité mais d'un autre côté jamais elles ne s'étaient séparées l'une de l'autre et elle ne savait pas comment Odin ou les autres dieux se comporteraient avec une humaine, surtout de cet âge.

Une fois le pied posé dans la neige, à l'extérieur de l'enceinte de la ville divine, la pression qui s'appuyait sur leurs épaules se relâcha.

Ils se rejoignirent et marchèrent jusqu'au bord de la rivière gelée. Comme ils l'avaient prévu la veille une colonne de lumière arc-en-ciel les entoura. En quelques secondes, ils furent soulevés dans les airs et amenés dans une autre dimension.

L'arrivée se fit plus en douceur que les fois précédentes. Ils étaient à la lisière d'une forêt et, de l'autre côté, le paysage était discontinu, la terre s'élevant parfois en colline ou s'affescant en vallon.

Thor "Bienvenus à la frontière entre l'ancien pays des glace et le Royaume chinois."

Ils regardèrent autour d'eux, attentifs au moindre indice. Il n'y avait qu'un paysage silencieux, morbide et des ruines désertées depuis ce qui semblait être des années. Les seules traces de vie étaient des arbres solitaires aux branchages nus de feuilles vertes, formant d'étranges silhouettes dans la semi-obscurité, le ciel étant couvert d'un épais voilage gris. Les jeunes femmes ne purent s'empêcher de ressentir un frisson d'effroi les parcourir tandis que les dieux fixaient les ombres, une expression fermée, indéchiffrable sur leur visage. Prudemment, ils avançèrent dans ce sinistre tableau, figé sous plusieurs centimètres de neige alors que celle-ci se remettait à tomber dans le plus grand silence.

Elaïa, déportée légèrement sur le côté, observa avec plus d'attention les rares arbres survivants et ressentit quelque chose, sans pouvoir l'expliquer clairement, se former dans le creux de l'estomac. Colère, haine douleur, amertume, regrets, ainsi qu'une peur sans nom. Devant elle, ... s'était arrêtée et, alors qu'Elaïa s'apprêtait à rejoindre sa soeur, une violente rafale de vent l'obligea à reculer, son bras replié devant elle pour faire office de protection. Soudain, elle entendit un craquement sinistre et la neige sous son pied s'affaissa. Sans un bruit, elle se rattrapa de justessse à son arme. C'est alors qu'elle vit des empreintes rouges carmin, celles qu'ils avaient laissé dans leur sillage. Ses sourcils se froncèrent et elle souleva son pied.

La même couleur venait d'y apparaitre. Seulement, elle vit aussi une sorte de creux de la taille de son poing et elle s'agenouilla, déposant son arme à ses côtés. Elle avait remarqué que ... la regardait intensément mais elle n'avait pas noté la lueur dorée dans ses yeux. Creusant dans la neige les mains nues, Elaïa finit par toucher quelques chose de dur. Enhardie par sa découverte, elle accéléra ses gestes et dégagea ce qui ressemblait à un casque d'armure utilisant une technologie très avancée. Délicatement, elle le débarrassa des dernières traces de neige. Soudain, elle vit les fissures s'élarcir comme si elle tenait un oeuf fêlé entre ses doigts. Puis les morceaux de métal tombèrent les uns après les autres, révélant à ses yeux un crâne parfaitement conservé.

Il y a quelques jours, elle aurait été révulsée par une telle apparition. Seulement, avec tout ce qui s'était produit, elle s'était un peu habitué à tout ce qui sortait de l'ordinaire. Alors qu'elle fixait sans bouger les orbes dépourvus de vie, elle crut entendre une voix résonner dans sa tête alors que le crâne semblait brûlant entre ses doigts.

La Tresse du destin-Kamigami no asobiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant