Ne m'oublie pas ʸᵒᵒⁿᵐᶦⁿ

q u a t r e

✩

«  — Yoongi!

Jimin s'empresse de me rejoindre, son sac de cours rebondissant sur son épaule. Ses cheveux sont ébouriffés, mais son sourire resplendissant est toujours fixé à ses lèvres. Sa démarche est légère, élégante, et ses hanches ondulent à chacun de ses pas, faisant froisser le tissus clair de sa chemise d'uniforme coincée dans son pantalon foncé, mettant ainsi sa fine taille en valeur.

Je vois des filles se retourner, le fixer avec passion et envie, discuter entre-elles de la beauté éthérée de Jimin.
Je ne leur en veux pas, puisque je fais de même.

Mais ce que je vois surtout, ce sont ses yeux doux sur moi, et son corps se rapprochant du mien.

Je souris avant même qu'il n'ouvre la bouche.

— On fait le chemin ensemble?

Je hoche la tête sans hésiter, et c'est avec entrain que le jeune homme se met à marcher à mes côtés, en direction du quartier que nous avons en commun.

Le trajet est silencieusement agréable, bien que ponctué de quelques interventions de Jimin auxquelles je réponds toujours avec plaisir. Sa main frôle la mienne à plusieurs reprises, me provoquant des milliers de frissons, et je dois me faire violence afin de ne pas la saisir et entrelacer ses doigts avec les miens, rien que pour sentir la chaleur qui émane de lui en permanence, pour toucher à sa peau si douce qui me tente chaque jour de plus en plus.

Le soleil commence à se coucher, laissant dans le ciel un tableau inachevé de rouge, orange et rose qui se peint au-dessus de hauts gratte-ciels lorsque nous passons sur un petit pont.

Jimin ralentit un peu pour admirer le paysage, alors je fais de même. Le temps est frais mais pas froid; il fait simplement bon, et une petite brise vient délicatement remuer les feuilles de quelques arbres du voisinage, créant un murmure apaisant.

— Je peux te prendre en photo?

Sa question me prend au dépourvu, et je le regarde, son téléphone en main, une moue gênée sur son visage divin. Ses joues rougies finissent par avoir raison de moi et j'accepte, posant alors que le « clic » de l'appareil retentit.

Jimin sourit en regardant le cliché;
Et je souris en sachant que j'en suis la cause.

Il se tourne ensuite vers le couché de soleil et le capture également, et je l'observe faire, en silence.

— Je crée des souvenirs, m'explique-t-il sur le chemin du retour.
Tu sais, parce qu'on va tous partir, à la fin de l'année. »

✩

Mes bras entourent son petit corps, une de mes mains posée derrière sa tête, l'autre dans le bas de son dos. Je caresse délicatement ses cheveux; ses mèches que j'ai tant de fois rêvé de toucher. Dans d'autres circonstances, je serais heureux; plus que ça. Une joie incommensurable m'envahirait; et je sourirais comme un idiot heureux, avec le garçon qui me plait pressé contre mon torse.

Mais je ne ressens rien de tout cela, car les doigts de Jimin serrés autour du col de mon manteau et les sanglots violents qui lui échappent ne font que briser mon organe vital un peu plus, comme si à chaque larme qui dévalait ses joues; un morceau de mon cœur tombait aussi.

Je laisse à Jimin le temps qu'il lui faut pour se calmer; et lorsque ses gémissements se sont tus, que sa tête est posée contre ma poitrine et que ses mains ont glissé le long de mon corps pour finalement venir entourer ma taille, il prend la parole.

— Tu n'as jamais eu l'impression que ta vie s'écoulait entre tes doigts?