Ne m'oublie pas ʸᵒᵒⁿᵐᶦⁿ

d e u x

✩

« La sonnerie retentit, et je range mes affaires dans mon sac tandis que le professeur termine en vitesse son cours, nous rappelant au passage les devoirs pour la semaine prochaine. Les conversations interrompues au début de l'heure reprennent avec enthousiasme lorsque les groupes d'amis se retrouvent, créant un raffut intimidant, qui s'estompe doucement au fur et à mesure que les élèves sortent de la classe.

Je quitte la salle en dernier, regardant quel est le prochain cours sur mon emploi du temps, puis vérifiant le bâtiment où je dois me rendre. Un peu perdu, je replie le bout de papier et m'aventure avec une certaine appréhension dans les couloirs de cet établissement qui ne m'est pas encore familier.

Une voix aiguë m'interpelle alors.

— Tu es le nouveau?

Je lève la tête vers mon interlocuteur, et il me semble avoir déjà vu son visage. Peut-être est-il dans ma classe?
Dans tous les cas, je reste quelques instants en contemplation, tant sa beauté me surprend.
Ses cheveux bruns légèrement ondulés caressent avec douceur son front, couvrant la majorité de ses sourcils. Ses yeux sont rieurs, bienveillants, et une lueur constante de malice semble y briller, comme une flamme dansant dans son iris.
Un adorable petit nez se trouve au milieu de sa peau de porcelaine à l'allure parfaite, si lisse et saine qu'il me semble la voir briller par endroit, comme une preuve du pouvoir divin qui doit couler dans le sang du garçon.
Les pommettes hautes, de mignonnes joues n'attendant qu'à être embrassées, mon regard descend progressivement, jusqu'à atteindre ce qui pourrait illustrer le mot « perfection » dans le dictionnaire.

Deux lèvres pulpeuses, roses et gonflées; tentatrices à souhait; et pourtant à l'air si innocentes.

Je déglutis; hoche la tête en réponse à sa question.

— Je- Min Yoongi.

Il sourit à nouveau, et ses traits s'adoucissent davantage, si cela est possible.

— Enchanté! Je suis Park Jimin, le délégué. Si tu as des questions ou besoin d'aide, n'hésite pas à venir me parler.

J'acquiesce, intimidé par l'aura lumineuse que dégage le dénommé Jimin. Pourtant, une agréable chaleur m'envahit lorsque sa voix unique continue à me parler, et un sourire vient naître sur mes lippes lorsqu'il propose de m'accompagner en classe, me montrant le chemin à notre prochain cours. »

✩

Le bus s'arrête, et Jimin se lève. Il appuie sur le bouton d'ouverture des portes, descend du véhicule.

Avant même que je ne m'en rende compte, je suis dehors aussi. Le froid me surprend et fait trembler mon corps en entier, mais je ne peux que penser au garçon qui ne porte pas de veste.

— Jimin!

Il se retourne, l'air surpris. Ses yeux tristes rencontrent les miens, et pour la première fois, je ne vois aucune flamme briller dedans, aucune étoile y scintiller.
Je ne vois rien d'autre que mon reflet, dans ses pupilles vitreuses.

Il ne dit rien, ne force pas un sourire.

La rue est déserte, et le vent qui siffle dans nos oreilles est le seul bruit perceptible avec, parfois, les reniflements de Jimin.

— Qu'est-ce qu'il y a? Je demande calmement, par peur de le brusquer.

Le garçon frotte ses yeux pour les sécher, ce qui ne les fait que rougir davantage. Il baisse la tête, s'intéresse à ses chaussures usées. Quelques secondes s'écoulent; un chien aboie dans le voisinage.

— Rien, ne t'inquiète pas. Je suis juste fatigué et un peu stressé.

Il a l'air vulnérable, dans cette position; et la petite voix qu'il vient d'utiliser ne fait que soutenir mes propos. J'ai envie de le prendre dans mes bras et de le rassurer; de lui dire que tout va bien; rien que pour le voir rire à nouveau, pour observer son si beau visage s'illuminer.

Parce que son sourire m'est vital, tout simplement.

— Qu'est-ce qui te stresse?

Je m'attends à ce qu'il ignore ma question; qu'il me dise que tout va bien et que ce n'est rien de grave; qu'il me convainque de partir.

Mais un seul mot franchit ses lèvres roses.

— Tout.

Et un sanglot s'échappe de sa gorge nouée.