u n

2.9K 488 79
                                    

« — Yoongi?

Je me retourne, me retrouvant face au garçon qui occupe bien trop souvent mes pensées. Il est souriant, comme à son habitude, et ses yeux pétillants de malice sont légèrement cachés sous ses joues rebondies constamment teintées d'un joli rose pêche.

Ignorant les battements irréguliers de mon cœur, je lui réponds, priant que ma voix reste stable et mon visage un minimum impassible.

— Oui?

— Tu as oublié ça en cours.

Il me tend mon cahier de Philosophie, ses petits doigts délicatement resserrés autour de la couverture en carton blanc.

— Oh! Merci, Jimin.

Je m'empresse de récupérer ce qui m'appartient et il me sourit à nouveau. Je sens ma peau chauffer tandis que son regard doux m'observe calmement, caressant avec délice l'épiderme de mon visage qui se couvre lentement d'un voile rouge. Gêné, je baisse la tête, et observe mes pieds, ou peut-être les siens, que ses chaussures font paraître tout petits.

— À plus tard, Yoongi.

Il me fait un signe de la main auquel je réponds timidement et il s'éloigne. Mes yeux le suivent d'eux-même, s'attardant sur les courbes agréables de son corps, mises en avant par l'uniforme qu'il porte comme un gant. Il rejoint ses meilleurs amis et je le regarde, passif, participer à leur conversation. Il prend la parole et provoque l'hilarité chez les autres jeunes hommes; un grand brun semble ajouter quelque chose et bientôt, c'est le rire de Jimin qui résonne. C'est un son qui me met de bonne humeur, qui réchauffe mon cœur, qui me fait sourire malgré moi.

Je sers mon cahier de Philosophie un peu plus fort. »

Une larme finit par rouler sur sa joue. Grosse, brillante, lourde, son cœur déborde; le chagrin s'échappe de lui-même.
Jimin la sèche d'un revers de manche, presque rageusement, avant qu'elle n'atteigne son menton.
Ses sourcils sont bas, sa lèvre inférieure tremble; il a l'air d'un petit garçon,

Un petit garçon perdu.

Où est passé le jeune homme souriant que j'ai tant l'habitude d'observer?

Cloué sur mon siège, je suis submergé par ce que je vois. Cela peut paraître étrange, mais l'idée que Jimin puisse être malheureux ne m'a jamais frôlé l'esprit. Il est toujours si vivant, si joyeux, si animé, comme le soleil d'un ciel sans nuages.

Rayonnant, Jimin est rayonnant.

Je regarde par la fenêtre. Ni la lune, ni les étoiles sont visibles, ce soir.

Pleure-t-il souvent, tout seul?

Il bascule la tête en arrière, pose son crâne sur le tissus à motifs des sièges. Une deuxième larme trace silencieusement son chemin sur sa peau laiteuse, et il la fait disparaître à nouveau, ne laissant sur sa pommette qu'une trace humide de son passage, un fantôme de sa tristesse.

Il sèche ses larmes pour que personne ne les voit.

Mais je les ai vu, moi.

Ne m'oublie pas ʸᵒᵒⁿᵐᶦⁿOù les histoires vivent. Découvrez maintenant