Les Passeurs d'histoires : Le masque du Serpent

24- Lumière divine

Un grand coup frappa la porte. Nokomis grimaça au choc qui se répandait dans son dos.

« Éloigne-toi de la porte, Nokomis, demanda César calmement. »

La jeune femme s'exécuta et trouva refuge dans les bras de son père.

Un autre coup percuta la porte qui vibra.

« Qu'est-ce que tu fais dans le couloir à cette heure-ci ?

— Le marionnettiste m'a réveillée. »

L'annonce fit même retourner César qui posait alors sa main contre la porte.

« Comment ça ?

— Un bruit m'a réveillée, et j'ai trouvé des cookies sur mon lit. Puis, j'ai vu une poupée à ma porte, je l'ai suivie et elle m'a conduite ici. Elle avait laissé ça, dit-elle en montrant le papier. En regardant dans le jardin, je l'ai vue, et elle m'indiquait la direction des Tzitzimime.

— Pourquoi le Marionnettiste nous préviendrait-il du danger ? demanda Edgar.

— Aucune idée, mais il l'a fait !

— Et pourquoi tu ne nous as pas réveillés, au passage ?

— J'avais la tête dans les vapes et je n'étais pas si sûre de ce que je voyais ! répondit-elle plus froidement qu'elle ne le voulait. »

Edgar haussa un sourcil. Nokomis haussait rarement le ton.

« Je pense que nous avons mieux à faire, de toute manière, grogna-t-elle. Risquent-elles d'entrer ? Et comment sont-elles arrivées ici ?

— Pour l'instant le Manoir tient bon, rassura César. Elles ont dû pister votre odeur dès que la faim les a tiraillées. Heureusement le Manoir a bloqué leur téléportation. Mais ce qui m'inquiète, c'est que je n'ai rien senti, et les protections auraient dû les neutraliser.

— Il s'agit d'êtres puissants, César, commenta Néfertari d'une voix assurée. Elles accompagnent la fin du monde, charrient la mort et la désolation. Et si j'en crois ce qui s'est passé à Tugan, elles se sont repues des trépassés de la malédiction. Une nourriture puissante, pleine de magie noire. Elles sont au plein de leur puissan...

— Arh ! grogna César. »

Il retira sa main de la porte d'un geste brusque, sa paume fumait et se teintait de rouge.

« Leur attaque s'intensifie, leur magie est puissante et elles sont quatre. Je crains malheureusement qu'elles ne finissent par rentrer. »

Nokomis déglutit et serra le bras de son père. C'était inédit. Le Manoir était le lieu le plus sûr sur Terre, aucune créature magique, aucun mage, aucun sorcier, aucun esprit ou dieu non autorisé par César ne pouvait rentrer. Le seul moyen de pénétrer alors était d'attaquer les défenses magiques de la maison, et seuls un dieu ou de très puissantes créatures pouvaient espérer les endommager.

Et c'était désormais le cas, depuis près de sept cents ans, le Manoir demeurait inviolé. Nokomis ignorait d'ailleurs ce qui s'était passé il y a sept cents ans, mais le fait que César n'en parlait jamais ne la rassurait pas.

« La magie du Manoir n'est pas inépuisable ? demanda Nokomis incertaine.

— Loin de là, indiqua César en un souffle.

— Et c'est pourquoi vous devriez retourner auprès de la Source, déclara Néfertari.

— La Source ? demanda Edgar. »