CHAPITRE TRENTE-SEPT

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Nouvelle année

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J'ai toujours aimé l'ambiance du dernier jour de l'année. Peu importe où tu le fêtes ou avec qui, une euphorie générale s'empare de la foule. Tout le monde rit, danse, chante, lâche prise et s'amuse. On se crée des souvenirs inoubliables qui alimenteront notre nostalgie pendant les années à venir. Mais c'est aussi le moment où on fait table rase des événements des trois cents soixante-cinq jours précédents, se concentrant sur le positif. Certes, j'aime l'atmosphère festive, mais ce que j'aime encore plus c'est les possibilités qu'une nouvelle année nous apporte. Comme on dit, nous allons avoir trois cent soixante-cinq nouvelles chances d'accomplir nos rêves.

Je n'avais pas vécu une fête collective depuis Barrows et je dois dire que je m'étais pas rendue compte à quel point ça m'avait manqué. J'ai beau ne pas être la personne la plus sociable de la terre, j'apprécie être avec mes amis. En l'occurrence, à Berkeley, les étudiants revenus en avance se sont tous regroupés dans diverses parties du campus. Certains dans les restaurants exceptionnellement ouverts pour l'occasion, d'autres dans des fraternités ou des fêtes improvisées dans des logements solitaires et le reste dans les rues.

Malgré le froid hivernal qui règne à quelques dizaines de minutes de minuit, Apolline et moi avons trouvé le courage de rejoindre le groupe de mon cousin, qui nous a gentiment indiqué le parc où plusieurs deuxièmes années ont décidé de se retrouver. Armées de mon écharpe gentiment prêtée fermement nouée autour du cou de ma meilleure amie et de mon bonnet enfoncé jusqu'à protéger mes oreilles, nous avons pris place sur les draps humides qui recouvrent la pelouse déjà à moitié pleine de rosée aux côtés de mon cousin.

— Cassie, il s'appelle comment déjà le blondinet à lunettes ? me demande discrètement Apolline à voix basse, me ramenant subitement à la réalité.

— Matt, il me semble. Pourquoi, tu es intéressée ?

Je lui lance un regard appuyé lourd de sens auquel elle me répond par un haussement d'épaule indifférent.

— Disons qu'il est plutôt mignon alors je me renseigne pour quand il m'embrassera à minuit, m'explique-t-elle d'une voix totalement naturelle qui me fait écarquiller les yeux.

— Pardon ? Qu'est-ce que tu racontes encore, Apo ?

— Je préfère choisir mon baiser de minuit et tomber sur quelqu'un qui ne voudra pas m'emmener dans son lit directement après. Et il me sourit depuis tout à l'heure.

Apolline a tendance à penser que tout le monde flirte avec elle dès l'instant où un garçon se montre avenant ou fait preuve de gentillesse. Et généralement, ça la fait fuir à des kilomètres puisqu'elle, je cite « souhaite rester indépendante et libre de ses mouvements. »

— Si tu l'embrasses ce sera comme si tu trompais Cédric, je plaide en la fusillant du regard.

— Calmos, Cédric et moi on n'est même pas ensemble et puis s'il ne trouve pas son compte en l'apprenant, il n'aura qu'à se mordre les doigts de ne pas avoir été là pour prendre la place de Matt.

Je vois, Apolline fait ça dans le but de le rendre jaloux. Elle s'attend à ce que Carter vende la mèche pour faire réagir Cédric. Même si je n'approuve pas sa pratique – bien que ce soit un peu ce que j'ai tenté de faire avec Léo –, je ne la dissuade pas. Après tout, ses affaires avec Cédric ne me regardent pas et il est temps qu'ils avancent tous les deux. Ils sont pires que des escargots, je crois qu'on peut même dire qu'ils avancent à l'envers. Et dire qu'elle trouvait que Carter et moi y allions lentement à Barrows.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant