Chapitre 7 : Le vrai du faux

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   À cette heure de la nuit, le quartier est calme. Seules quelques fenêtres laissent filtrer de la lumière, trahissant la présence de couche-tard qui grignotent des snacks en regardant la télévision.

   Me fondant dans le silence ambiant, je descends les marches de la maison, m'engouffre dans ma voiture et démarre le plus silencieusement possible. La vielle Chevrolet Cavalier noire ayant jadis appartenue à mon père traverse les routes pratiquement désertes de la ville tandis que je ressasse les évènements de la soirée.

   Quand mon esprit embrumé est lentement revenu à lui, j'ai d'abord pris conscience de ma position inconfortable. Puis, en ouvrant les yeux, j'ai remarqué avec étonnement que je me trouvais allongée sur mon propre canapé. Mon redressement brusque m'infligea une brève sensation de vertige et je dus attendre quelques secondes avant de pouvoir observer mon environnement.

   La porte d'entrée était fermée mais une des fenêtres du salon se tenait grande ouverte et un bruit d'eau s'échappait de la salle de bain. J'ai toqué à la porte mais n'ai obtenu aucune réponse.

— Maya ? C'est toi ?

   Un cri s'est alors élevé de l'autre côté de la porte :

— À L'AIDE !

   Sans réfléchir plus longtemps, je suis entrée à toute vitesse et un nuage de vapeur m'a englobée. L'eau chaude qui s'écoulait de la douche avait transformé la pièce en véritable sauna.

   J'ai fermé l'eau pour y voir plus clair mais ma sœur n'était nulle part en vue. Un dictaphone était par contre posé sur le sol. La voix de Maya provenait de là.

   Alors que je m'emparais de l'objet afin d'en écouter le contenu, le petit boitier a explosé dans mes mains, relâchant une substance liquide d'un vert chimique. Je suis restée là, stupéfaite, à observer mes mains tâchées et les bouts de plastiques à mes pieds qui baignaient dans une flaque fluorescente. Le produit m'avait recouverte en entier au même titre que la pièce. Même le plafond n'avait pas été épargné.

   Mais j'ai vite repris mes esprits. Il fallait que je trouve Maya.

   Je me suis empressée d'ouvrir la chambre de ma sœur et je l'ai trouvée inerte sur son lit. En vérifiant son pouls, j'ai pu constater avec soulagement qu'elle était en train de dormir paisiblement.

   Je l'ai secouée. Elle respirait correctement et n'était pas blessée mais son sommeil était profond, beaucoup trop profond. En fait, elle ne semblait pas avoir bougé depuis mon départ de la maison. Elle avait été droguée.

   Cette nouvelle information à l'esprit, mon attention s'est portée sur les deux verres présents dans sa chambre. Au premier abord, je n'ai observé aucun résidu de somnifère dans les récipients. J'ai clairement affaire à quelqu'un d'organisé et de méticuleux.

   De plus en plus inquiète, je me suis redressée, tous mes sens en alerte. L'intrus était peut-être toujours là...

   Mes actions ont ensuite suivi un processus tout à fait méthodique : d'abord s'assurer que Maya était hors de danger et confortablement installée, puis vérifier que la porte d'entrée et les fenêtres étaient bien verrouillées. Personne ne pouvait donc s'échapper de la maison sans que je le remarque.

   J'ai ensuite fait une rapide inspection de la cuisine. Rien à signaler. Quant à ma chambre, elle était toujours fermée et la clef se trouvait dans la veste que je portais toujours. J'ai tendu l'oreille, m'attendant à entendre ne serait-ce qu'un infime souffle de respiration de l'autre côté de la porte, mais rien. Le silence dans l'appartement était complet.

MYSTERY - L'As de Pique [T1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant