CHAPITRE DIX-HUIT

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Le vrai visage d'un "ami"

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Après une énième dispute avec Carter, je m'enferme dans ma chambre en veillant bien à claquer bruyamment la porte pour souligner mon agacement. Je n'arrive plus à le supporter. Ces derniers temps il s'est montré aussi distant qu'au premier jour, même après la scène dans la cuisine de la semaine dernière. J'essaie vraiment de faire comme Apolline me l'a conseillé : l'ignorer et le laisser se rapprocher à son rythme de moi tout en jouant, je cite « la fille inaccessible ». Malheureusement, jouer la fille inaccessible c'est loin d'être mon point fort. C'est comme si vous demandiez à Jérémy d'arrêter de fumer, autrement dit, c'est impossible.

Peut-être que son comportement inchangé est à cause de mon cousin qui lui aurait potentiellement dit de se tenir écarté de moi, mais j'en doute fortement. Carter n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds ou à obéir à des ordres s'il ne les a pas décidés lui-même.

Si je n'avais pas eu une tonne de devoirs à faire ce soir, je pense que j'aurais pris le bus pour aller à San Francisco rendre une petite visite à Bathilda l'histoire d'en apprendre plus sur Aaron et surtout sur ce qu'il s'est passé il y a deux ans. J'ai essayé d'aborder le sujet avec Andrew maintenant qu'il est au courant pour ma relation passée avec son meilleur ami, mais je me suis heurtée à un mur. Chaque fois que je prononçais son prénom à voix haute, il m'arrêtait d'un geste de la main et changeait de discussion. Je crois qu'il ne s'est toujours pas remis. En même temps quelle est la probabilité que son meilleur ami et sa cousine soient sortis ensemble au lycée ? Quasiment nulle sachant qu'on ne vient même pas de la même ville.

Une fois que je suis à peu près calmée, je me redresse en position assise sur mon lit sur lequel je m'étais laissée tomber sur le dos pour souffler et remettre mes pensées en place. Il faut que je travaille, même si ma motivation est enterrée six pieds sous terre. Il y a beau avoir des jours où on a l'impression qu'on pourrait bouger toute une montagne, il y en a d'autres comme celui-ci où même ouvrir notre trousse nous paraît insurmontable. Dans ce cas là, je me force.

Je compte jusqu'à cinq pour stopper ma procrastination et me motiver à m'arracher de mon matelas moelleux. Je dois m'y reprendre à quatre fois avant de finalement décoller mes fesses de mon lit pour les poser sur la chaise inconfortable devant mon bureau. Et dire que les vacances sont terminées depuis seulement une semaine et demi. Je ne suis pas sûre de pouvoir survivre jusqu'à Noël. Heureusement que dans deux semaines c'est Thanksgiving. Avec un peu de chance je réussirai à prétexter que j'ai beaucoup trop de travail et ma famille me laissera en paix dans ma chambre. Ou peut-être que je pourrai rester à Berkeley si Andrew ne s'en va pas non plus. Il faudra que je le lui demande quand il rentrera.

M'armant du peu de volonté qu'il me reste, je noue mes cheveux en un chignon rapide, je sors un livre sur l'histoire des civilisations antiques et j'allume mon ordinateur portable pour retrouver mes notes. Si je m'y mets tout de suite, je devrais pouvoir terminer d'ici un peu plus de deux heures et il sera pile l'heure du dîner. Allez, je peux le faire !

C'est sur ces pensées positives, je me plonge dans mon travail. La première heure se passe à merveille et est beaucoup plus productive que je l'aurais cru. C'est au premier quart de la suivante que les choses se compliquent lorsque je reçois un message Facebook très enflammé d'Apolline. Je pousse un profond soupir et je supprime la notification sans lire ce qu'elle m'a écrit. Si je commence à lui répondre, je vais me déconcentrer et je ne parviendrai jamais à boucler ce chapitre qui me semble sans fin.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant