CHAPITRE TREIZE

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Un Halloween agité

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— CASSIE, TU ES OÙ ? hurle Apolline dans son téléphone. JE TE JURE QUE SI TU ES PARTIE SANS ME LE DIRE JE T'ASSASSINE DANS TON SOMMEIL.

J'ai un mouvement de recul et je grimace en me massant le dessous de l'oreille. Apolline vient officiellement de me défoncer les tympans. Même à grande distance du téléphone et avec la musique qui bat son plein dans le jardin, je suis capable d'entendre la suite de ses menaces. Si j'étais déjà partie de la fête d'Halloween, je crois que je serais revenue en courant par peur qu'elle ne mette ses paroles à exécution. La connaissant, si je m'en vais tout de suite, je risque de me réveiller sans sourcils demain matin.

— CASSIE TU...

— Apo, calme-toi, je suis sortie prendre l'air dans le jardin, je rentre dans deux minutes.

Le silence me répond à l'autre bout du fil, le temps que mes paroles montent au cerveau de ma meilleure amie. Je l'entends pester et crier un « Tu peux pas faire attention où tu vas Frankenstein ? » – signe que quelqu'un a dû la bousculer – avant qu'elle ne me réponde.

— Certainement pas, tu ne bouges pas d'un poil, je te rejoins. J'ai besoin d'une pause aussi.

Elle rompt notre appel et j'en profite pour me rapprocher de la porte de la résidence où a lieu la grande fête. J'étais presque arrivée à mi chemin de l'allée donnant sur les rues du campus quand elle m'a téléphoné. Cinq minutes plus tard j'aurais presque déjà été à la porte de l'appartement. Il s'en est fallu de peu. En même temps, elle ne peut pas m'en vouloir, je suis restée presque une heure et demi à danser avec elle parmi les gens costumés et à force, je commence à être vraiment fatiguée.

— Purée, c'est vraiment bondé par ici ! s'exclame quelqu'un dans mon dos. Frankenstein a failli me renverser sa vodka, Ariana Grande m'a écrasé le pied et c'est tout juste si Poséidon ne m'a pas tripoté les seins.

Je n'ai pas besoin de me retourner pour deviner que la voix appartient à Apolline. Il n'y a qu'elle pour tenter l'humour noir à presque minuit après avoir dansé pendant plus d'une heure. Quand elle arrive à ma hauteur et se laisse tomber sur le perron à ma gauche, c'est à peine si je l'aurais reconnue si je ne savais pas que c'était elle : ses cheveux bruns sont cachés par une perruque grise délavée et salie volontairement, elle a des coquillages collés sur toute la partie droite de son visage et sa peau peinte en bleue tranche avec ses lentilles noires sans pupille. Honnêtement, elle me fait un peu peur. Surtout que son maquillage très réaliste n'a pas bougé d'un centimètre, et ce même en transpirant en dansant.

Le mien aussi est très réussi, je dois bien l'avouer. Je suis déguisée en squelette, ce qui fait que j'ai des faux os apparents de ma tête jusqu'à mon buste et même sur mes bras nus. C'est à peine si je me suis reconnue en regardant l'œuvre d'Apolline dans le miroir. Elle a vraiment bien suivi le tutoriel YouTube.

— Déjà qu'en temps normal tu fais flipper quand tu es perdue dans tes pensées, alors là je suis à deux doigts de faire une crise cardiaque, Cassie, m'avoue Apolline en me dévisageant avec crainte. Mon maquillage est beaucoup trop bien fait. Tu renverserais Hadès d'un seul regard et tu gouvernerais son royaume.

— Là tout de suite, tout ce que je veux gouverner c'est mon lit, Apo.

Elle soupire et nous sommes interrompues par un groupe d'étudiants qui ont visiblement l'air bourrés. Le premier manque de s'étaler dans la pelouse, le second va vomir contre un arbre et les arbres chancellent dangereusement. C'est tellement comique qu'un rire nous échappe. Apolline et moi sommes bien contentes de ne pas avoir bu, au moins nous avons toute notre tête et une situation similaire ne risque pas de nous arriver.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant