˚⊱ Celui qui cherche refuge dans l'illusion se perd dans la réalité.⊰˚Ife.
La rentrée est déjà là.
Les jours se sont écoulés sans que je m'en aperçoive.
En même temps, j'ai passé la plupart de mon temps isolée dans ma chambre, bercée par l'illusion d'une vie parfaite que je notais avec soin dans les pages de mon journal intime.
Une existence parallèle où ma mère m'aimait et où mon père réalisait que j'étais sa fille, au lieu de me voir comme une simple locataire à qui il louait une chambre.
Tout en soupirant, je m'enfile dans un collant noir, avant de le superposer par la jupe grise de notre uniforme. Le tissu léger tourne légèrement autour de mes cuisses lorsque je me lève. Ma chemise blanche est dissimulée sous un pull gris à col en V, qui, bien que banal, est rehaussé d'une broderie blanche sur le côté gauche, affichant fièrement les initiales BWHG (BushWick High School).
Heureusement que nous avons des uniformes, sinon je ne saurais pas comment m'habiller, puisque j'ai presque laissé toute ma garde-robe chez ma mère. Quand je suis retournée là-bas pour récupérer mes affaires, elle a complètement perdu son calme, j'ai cru qu'elle était possédée.
« Sale petite ingrate, comment oses-tu revenir chez moi pour récupérer les vêtements que je t'ai offerts ? »
« Tu es une grande fille maintenant, non ? Alors débrouille-toi toute seule, surtout que tu n'as plus besoin de ta mère. »
« J'ai tout sacrifié pour toi, je t'ai élevée alors que je ne le voulais même pas. »
Qu'est-ce que j'ai dit, hystérique pour quelques bouts de textiles.
Depuis l'aube, une bourrasque venue du nord s'acharne sur la ville, sifflant à travers les fissures des fenêtres. Chaque rafale s'infiltre en tourbillons glacés sous la porte, faisant danser les feuilles échappées de mon carnet sur le sol stratifié. Je frissonne en enfilant péniblement mes jambières en laine, leurs bords élastiques roulant immédiatement sous mes doigts engourdis. À chaque tentative pour les remonter jusqu'aux genoux, le tissu glisse le long de mes mollets.
Dehors, le thermomètre affiche un -3°C traîtreusement printanier. Bien que huit heures aient sonné et que le soleil tente depuis deux heures de percer l'horizon, la brume s'est muée en un brouillard laiteux qui étouffe la ville entière.
— Mais qui avons-nous là ? gronde une voix d'une fausse solennité traînante derrière mon épaule. Miss Hemming, qui ce prépare pour sa première journée de terminal dans un lycée qui jouir d'une réputation qu'elle ne mérite pas !
En pivotant sur mes mocassins scolaires, pour me retourner je vois Solveig campée dans l'encadrement de la porte. Son épaule droite s'arc-boute contre le chambranle. Elle revêt aussi cet hideux uniforme, qui je trouve lui va plutôt bien ... beaucoup mieux que à moi c'est sur.Ses longs cheveux blonds, légèrement ondulés, tombent en cascade sur ses épaules, faisant ressortir le bronzage doré de sa peau, qu'elle a obtenu lors de ses récentes vacances à Hawaï.
Cinq jours après l'incident de la supérette, elle a frappé à ma porte me suppliant de la laissée rester chez moi, tout en m'expliquant qu'elle ne supportait plus son père.
Je ne pouvais pas lui dire non, alors que je savais qu'elle avait besoin de moi. J'ai donc naturellement accepté. Mais en échange de mon aide, je lui ai demandé de prévenir David, afin qu'il ne s'inquiète pas.
Ce qui attire actuellement mon attention sur elle, c'est la façon dont ses doigts nacrés enserrent mon caméscope.

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CARELESS
RomanceFuir ! Que cherche-t-il réellement à fuir ? L'homme qu'il est devenu ou ce passé qui le rattrape inexorablement, engloutissant tout sur son passage ? S'éloigner ! S'éloigne-t-elle de son enfance chaotique ou d'elle-même, au risque de disparaître aux...