Chapitre 6

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Il faisait sombre, très sombre, je ne sentais pas mon corps. Au bout de quelques secondes, une voix rauque pris la parole.
"Le ciel était rouge sang quand j'ouvris les yeux. Les anciens savaient ce que cela signalait : la fin, Änden, était proche. Nous nous étions préparés depuis des siècles à ce jour maudits. Nous savions que nous allions mourir mais nous n'avons jamais évité un combat et ce jour ne délogait pas à la règle. Donc quand ils sont apparus devant nous, nous n'étions pas surpris."
Le silence dura quelques secondes quand soudain une lumière aveuglante m'entoura. Quand mes yeux se furent habitués à cette lumière, je pus enfin regarder autour de moi. Je me trouvais allongé par terre. J'essayais de me relever mais je ne réussis pas. La voix rauque se fit à nouveau entendre : "Ne bouge pas, ce n'est pas ton histoire.". Au bout d'une dizaine de secondes d'immobilité, un bruissement de vêtements se fit entendre et la personne qui me prêtait ses yeux tourna la tête. Une silhouette féminine se découpa dans la voûte rougeâtre de cette journée. La voix rauque se fit à nouveau entendre mais ce n'était pas à moi qu'elle s'adressait :

-Ma sœur, que me vaut cette honneur ?

-Alors comme ça, je n'ai pas le droit de venir voir mon väktare préféré ?

-Je n'ai jamais dis ça.

Un ange passa. Sa sœur reprit la parole en première :

-Mère s'inquiète pour toi, cela fait trois jours que personne ne t'a vu.

-Je sais mais je me suis éloigné de la ville pour pouvoir réfléchir en paix.

-Je sais ce qui te tracasse mais tu ne dois pas te laisser ronger par ce que les Anciens ont prédit.

-Au fond de moi, j'espérais que ce jour n'arriverai jamais. Je ne veux pas être ce qui causera le déclin de notre peuple.

-Une prophétie est une prophétie mon frère, il faut bien qu'elle se réalise un jour.

Sa réponse fut rendue inaudible par un bruit assourdissant de cloche.

-Il est temps d'y aller mon frère, allons nous battre jusqu'à ce que la mort nous attrape.

Un nuage noir entoura la voix et sa sœur au point de me boucher entièrement la vue. Un instant plus tard, le nuage se dissipa et je vis que je me trouvais au milieu d'une ville gigantesque autant construit dans les airs que sous la terre. Mais je ne pus pas contempler ce paysage très longtemps. A peine le nuage dissipé, la voix se mis à courir et je ne vis que des formes floues pendant toute la durée du trajet.

Quand la voix arrêta de courir, je pus constater que nous nous trouvions dans une sorte de petit amphithéâtre. Nous n'étions qu'une petite vingtaine. Après quelques secondes, un homme en armure avec une balafre qui lui barrait la joue gauche monta sur l'estrade au centre de la pièce et prit la parole :

-Väktare, l'heure est grave, l'ennemi est à nos portes. Ce jour est peut-être pour notre peuple celui de notre fin, mais pour nous, il restera à jamais celui durant lequel nous avons honoré notre serment et c'est pour cela que je vous demande de vous battre jusqu'à votre dernier souffle. De plus, je vous demanderai de ne pas laisser les commandes aux själens djur avant que l'ennemi ait atteint notre siège pour conserver l'effet de surprise. Merci à tous et bonne chance.

A la suite de ce discours, toutes les personnes présentes dans la salle, nous compris, sortirent de la salle en rang et se rendirent dans une autre salle. Il se saisirent de leurs armes et le groupe sortit enfin du bâtiment. Le ciel était toujours rouge mais il y avait maintenant des centaines de petits points noirs. Je me rendis rapidement compte que ces points noirs n'étaient pas immobiles mais bougeaient et devenaient de plus en plus gros. L'ennemi atterrit à quelques kilomètres de la cité. Une gigantesque armée sortit des vaisseaux et commença à se diriger vers la ville. Au moment ou j'allais me demander si ils allaient laisser les ennemis venir les tuer sans rien faire, tout le monde, nous compris, firent apparaître une sorte de bâton couvert d'écritures qui brillaient, contrastant avec la noirceur qui semblait entourer la ville. Et là, le peuple entier, comme un seul homme, brandit son bâton et le frappa contre le sol.

Au début, rien ne se passa, puis soudain, un vague de lumière sembla surgir du sol et se dirigea en mugissant sur les troupes ennemis. Une fois la vague ayant quasiment atteint les envahisseurs, celui qui semblait être le chef de la ville, prit un arc et tira une seul et unique flèche en direction du tsunami d'or. Une fois à mi-chemin, la flèche sembla s'embraser et, lorsqu'elle atteint la vague, une gigantesque sphère noire se format. Celle-ci resta stable pendant quelques secondes avant de virer vers le rouge vif, puis vers le orange, le jaune et enfin le blanc. Une fois ayant atteint cette couleur, la sphère diminua de plus en plus vite jusqu'à atteindre la taille d'une tête d'épingle. Puis elle explosa dans une gigantesque boule de feu, relâchant d'un seul coup toute l'énergie qu'elle avait accumulé.

Le silence ce fit quelques secondes et puis des cris de joie retentirent dans toute la ville. La voix et son peuple avait gagné. Du moins c'est ce que je pensais jusqu'à ce que le monde redevienne ombre et que la voix prit de nouveau la parole.

"Nous pensions avoir gagné. Mais nous avions tort, après tout, le jour du ciel de sang ne faisait que commencer."

C'est à ce moment là que je me suis réveillé en sursaut.

Le dernier GuardienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant