Chapitre 1 (nv)

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Je fais un sourire chaleureux à la jeune femme de l'accueil avant de me diriger aux vestiaires hommes. Je me mets en tenue adéquate pour nager. Des cris lointains d'enfants me font sourire. Cette ambiance me décontracte de toute la pression accumulée de la semaine.

La piscine est pour moi une activité détente, mais aussi un sport où je peux me dépasser. Tenter d'aller plus vite, plus loin. C'est ce qui m'attire avant tout. Puis, être en maillot de bain devant de jeunes et jolies femmes qui m'observent en souriant est toujours bienfaisant. Malheureusement il n'y a pas que ce genre de gens. Il y en a aussi qui me dévisagent à cause de mon corps qui n'est pas comme les autres. Mes brûlures suscitent la compassion de femmes, mais aussi le dégoût ou même les moqueries. Je n'ai pas accepté bien longtemps le jugement des autres. Alors j'ai tenté de les cacher en me faisant tatouer. Je ne regrette pas mes tatouages, j'aurais juste préféré être comme les autres. J'aurais été parfait. Un tatouage me tient à cœur plus que les autres. Le nom gravé de mon frère sur ma peau. Comme cela, il ne me quitte jamais. Dorénavant, tout cela est un atout pour moi. Je me contente du positif. Si les gens ne sont pas contents avec mon corps, ils n'ont qu'à regarder ailleurs !

J'arrive dans la grande salle où se trouvent les piscines. L'horrible pédiluve passé, j'entreprends de trouver un transat libre. Je fais un peu le tour et tombe finalement sur un libre. Devant, je vais pour poser mes affaires quand d'autres se posent. Je relève les yeux et découvre qu'une belle jeune femme, qui a l'air de faire la tronche, a été plus rapide que moi. Un pas en arrière, je pince mes lèvres et m'apprête à en trouver un autre.

— Excusez-moi, je ne vous avais pas vu, avoué-je.

Elle s'installe et m'ignore royalement. Encore une personne impolie ! Je souffle et me détourne. Ce serait une perte de temps que de lui accorder plus d'attention.

Au loin, deux transats libres m'interpellent. J'y mets mes affaires et attends que mon ami arrive. Il ne se fait pas désirer. Quelques minutes après que je sois installé, Mathéo arrive à ma hauteur. Nous nous saluons puis allons nager.

Je plonge nous loin de quelques filles qui nous observent. Lorsque je ressors la tête de l'eau, je cherche Mathéo des yeux. Il est figé et regarde la jeune femme de toute à l'heure. Je fais plusieurs brasses jusqu'à lui pour lui taper dans le dos et le faire sortir de sa soudaine admiration.

— Bah alors, tu regardes quoi là ? La fille ? Ne perds pas ton temps, elle s'en fout des autres.

Mathéo a toujours les yeux braqués sur elle. Tellement, que je me demande s'il n'est pas bloqué ou qu'il n'a pas un coup de foudre. J'opte pour la première option. La deuxième n'existe pas. Le coup de foudre a été inventé pour dire qu'on a juste envie de coucher avec la personne au plus haut point.

— Comme tu sais ? me demande-t-il soudainement inquiet. Tu lui as parlé ?

— Je me suis excusé, car j'allais prendre sa place. Elle ne m'a même pas porté une seule seconde attention.

— C'est peut-être à cause de tes...

— Arrête. J'aime pas le début de ta phrase. Tu vas me dire quoi ? Que mes tatouages empêchent une fille d'être souriante et polie ?

Je lui désigne de groupe de fille sur le bord de la piscine. Elles sont toutes souriantes et m'observent. Mathéo soupire lascivement.

— Tu ne peux pas t'empêcher de croire qu'elles doivent toutes t'appartenir, siffle-t-il. Tu peux pas être aimé par tout le monde, tu sais ?

Je ne sais pas ce qu'il cherche, mais ce qu'il me dit m'agace. Je le sais très bien. La vie est déjà difficile, alors si en plus il me donne des leçons à la con, je vais péter un câble. La seule personne qui avait le droit de me faire la morale était Evan. Depuis qu'il est mort, je suis comme qui dirait libre. Pire, perdu. Abandonné. C'est difficile à dire, mais personne ne pourra le remplacer. Je ne l'accepterais pas. Je me suis habitué à grandir seul, à me démerder comme un adulte alors que je n'en étais pas un. Je sais quoi faire et où aller maintenant. De toute façon, je ne veux plus me laisser guider par qui que ce soit. Si je veux un truc, je le prends. Point.

Isaac Ryce, Tome 1 : Style Of Love (Auto-édition)Место, где живут истории. Откройте их для себя