CHAPITRE 4 Partie 2

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Sans attendre, je me dérobai aux regards de tous et rentrai au pas de courses me mettre à l'abri chez moi. Et dire que j'aurais dû être tranquillement installée dans les bras de Morphée. Je me dirigeai vers la cuisine et me servis une grande tasse de café noir, espérant ainsi effacer les souvenirs de cette dernière heure. J'avançai, tasse à la main jusqu'à la fenêtre et pris un moment pour m'apaiser. Plongée dans mes pensées, je ne perçu pas de suite la présence de Milo derrière moi, mais quand une odeur boisée vint envahir la pièce je sus.

— Qu'est-ce que tu fiche encore ici Milo, je pensais avoir été clair, le questionnai-je en me retournant, alerte.

Sa présence entre ces murs que je partageais à présent avec Adrian, me mettait mal à l'aise. Et pourtant, il avait ce don de s'approprier chacun des lieux qu'il occupait, il paraissait à sa place ici comme si cela avait toujours été le cas.

— Tu as laissé la porte ouverte, j'ai pensé que c'était une invitation.

— A tort, comme tu peux le constater. Écoutes, j'ai bien réfléchi Milo. Nous allons apparemment devoir cohabiter et j'aimerais vraiment que cela se passe le mieux possible.

— Je suis d'accord avec toi, dit-il en s'approchant.

— Alors dis-moi pourquoi tu es revenu ? Pour le domaine ? L'exploitation ?

— Non.

Sans que je ne n'en prenne conscience, il s'était subrepticement approché jusqu'à se retrouver juste devant moi. Je me sentais prise au piège, coincé entre lui et le comptoir, et précisons-le en petite tenue. Il ne me touchait pas mais me scrutait intensément, et si je n'y prenais pas garde je savais d'avance que je m'y perdrai.

— Recule Milo, s'il te plaît, soufflai-je soudainement nerveuse.

— Non.

— Ah quoi tu joues putain ! m'écriai-je soudainement en le repoussant violement du plat de la main. Tu ne peux pas débarquer comme ça, comme si de rien n'était. Tu es parti !

— Et je suis revenu, hurla-t-il à son tour.

— Trois ans trop tard Milo.

La tension retomba soudainement face à cette constations. Je n'arrivais pas à cerner ces attentes et ça me faisait peur.

— C'est le mariage c'est ça ? Car on va être bien occupé Milo et...

— Quel mariage ? De quoi parles-tu ?

Vous connaissez cette scène où vous voyez l'accident se profiler mais vous ne pouvez rien faire pour l'arrêter. Je ressentais exactement la même chose à cet instant. A peine les mots avaient-ils franchis la barrière de mes lèvres que je le regrettais. Je vis d'abord l'incompréhension se peindre sur ces traits, puis la réflexion, et enfin il comprit. Ses traits se durcirent afin de ne laisser transparaître que de la colère.

— De quel mariage parles-tu au juste, Romy ? me demanda-t-il d'une voix grondante, en avançant lentement vers moi.

Il ressemblait ainsi à un prédateur sur le point d'attaquer. Que répondre à ça, encore une fois j'aurais mieux fait de me taire. Néanmoins, je n'avais aucun reproche à me faire. IL était parti sans un mot... Croyait-il que j'allais l'attendre sagement ? Je stoppai tout mouvement, il était hors de question que je recule devant lui. Les foudres de Milo Johnson ne m'avait jamais faites peur auparavant, ça n'allait pas commencer maintenant. Je redressai la tête et prenant une grande inspiration, plongeai mon regard dans le sien.

— Mon mariage Milo, je me marie dans moins de dix jours.

Il parut dans un premier temps sous le choc, reculant d'un pas, vacillant légèrement ; et je faillis m'appesantir, pendant un bref moment j'eus mal pour lui. Cependant, il reprit rapidement le contrôle, avalant les quelques mètres qui nous séparaient à une vitesse fulgurante. Je me retrouvai bloquée par son corps qui me clouait au mur, statufiée par son regard fou et ce bleu qui avait viré à l'orage. J'ouvris la bouche dans une tentative désespérée de me sortir de cette situation, mais pas un son n'en sortit puisque je n'en eus pas le temps. Sans aucun avertissement, il plaqua brutalement ses lèvres sur les miennes. Cela n'avait rien à voir avec la douceur dont il avait pu faire preuve dans le passé. Milo déversait sa colère et sa rage, il léchait, mordillait et par réflexe, lorsque j'entrouvris les lèvres pour chercher mon souffle, il força l'entrée de ma bouche. Sa langue jouait avec la mienne habilement, sensuellement, dans un ballet que nous connaissions tous deux par cœur. Ses mains remontèrent lentement sur mes cuisses nues, et agrippant fermement mes fesses, il me souleva, calant son érection proéminente contre moi. Je ne pouvais plus bouger, son torse musculeux me plaquait fermement contre le mur. Instinctivement, nos corps se muèrent, se frottant l'un contre l'autre à la recherche de ces sensations oubliées. Il grogna de satisfaction quand un long gémissement m'échappa par inadvertance. Pendant un court moment, je me revis adolescente, quémandant ses baisers entre deux pieds de vignes, goûtant avec délectation ses lèvres, caressant sa peau dorée par le soleil de l'été.

Mais la réalité me frappa durement, et non sans peine je réussis à passer mes mains entre nos deux corps et à faire pression. Sentant mon débat, il me mordit violemment la lèvre inférieur et se recula de peu. Le regard fou, les cheveux légèrement en bataille, les lèvres rougies, il était envoûtant. Mais je ne me laissai pas subjuguer par ces charmes, je m'étais déjà briser lamentablement dans le passé, hors de question de recommencer. Je me dégageai furieuse, la respiration irrégulière, la lèvre douloureuse, je le fusillai du regard. Comment avait-il osé ?

— Je veux que tu t'en ailles Milo et ne reviens jamais, déclarai-je froidement.

— Tu ne peux pas nier ce qu'il y a entre nous.

— Je t'ai dit de dégager, hurlai-je à bout. Jamais ça n'arrivera, Milo ! Reviens à la réalité, tu as joué et tu as perdu, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.

J'ouvris la porte et il passa devant moi sans que je ne lui porte la moindre attention. Lorsqu'il fut enfin hors de chez moi, je relâchai le souffle qu'inconsciemment je retenais. Mais qu'elle ne fut pas ma surprise quand à quelques mètres il fit volte-face, et me fixa avec une lueur de détermination que je ne connaissais que trop bien et qui ne me disait rien qui vaille.

— Ça ne se passera pas comme ça Romy, tu es à moi et à moi seul.

Clac !

Je claquai la porte, et courus jusqu'à la salle de bain. J'eus à peine le temps de relever la lunette des toilettes, que je rendis le peu que j'avais ingurgité ce matin. Des larmes silencieuses coulaient en abondance sur mes joues. Qu'avais-je fait ? J'avais honte. Honte d'avoir aimé ça, comme une droguée qui retrouvait après tant d'années sa substance favorite. Honte d'en vouloir encore, toujours plus. Honte de ce cœur qui s'emballait frénétiquement à ses côtés, même après plus de trois ans. Honte de ce corps qui me trahissait à sa proximité ; qui se tendait automatiquement vers lui, comme une fleur cherchant le soleil ; qui rougissait sous son regard hypnotique ; qui se réchauffait et ronronner sous ses mains habiles. Honte de la femme qu'il avait faite de moi : une infidèle.

Je m'adossai contre le carrelage de la baignoire à bout. Je maudissais Milo Johnson et l'emprise qu'il exerçait sur moi ; et le ciel de l'avoir mis sur ma route.

MAKE YOU MINE (le 6 mai - HQN Harlequin) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant