Sam - 21 -

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Accoudé au bar, j'aboie après le serveur incompétent tout en claquant des doigts pour l'interpeller. Un quart d'heure que je poireaute sans que cet abruti daigne remarquer ma présence. Je ne suis pas l'homme invisible, tout de même ?

Après avoir enfin passé ma putain de commande, je prends appuie, dos au le comptoir, jette un regard circulaire à travers la foule. Je repère deux nanas super-bien roulées qui tentent de s'ouvrir un chemin à travers la flopée de fêtards un peu ivres. La plus grande prend place à mes côtés, suivie de près par son amie.

Ses faux nibards écrasés contre le zinc, cet imbécile de barman rapplique sans attendre pour prendre en note leurs deux boissons de gonzesses.

Il faut dire que vu le short ultracourt qui couvre à peine les fesses rebondies qu'elle me colle sous le nez, je me la ferais bien, cette salope. Ça se sent à dix kilomètres qu'elle espère qu'une seule chose : se faire tringler. Comme toutes les femmes, présente ici, d'ailleurs. Ça pue les phéromones à plein nez dans toute la discothèque. Toutes des putains, des mal baisés en quête de sexe. Seulement, ce qu'elles ne comprennent pas, c'est que ce sont les hommes qui dominent. À croire que je suis le seul à avoir conscience de ce qui se passe réellement, ici.

Quand j'observe tous ces mecs autour de moi, de vrais players. Ils minaudent devant les filles juste pour pouvoir tremper leur bite, alors qu'il leur suffit de montrer qui est le maître.

Même mes potes ne réalisent pas comment j'ai maté Lysa. Ils disent tous que je suis devenu un sale manipulateur avec elle, que rien que ma posture lui faisait peur. Ils disent même que j'use de notre amitié comme moyen de pression, mais Lysa ne s'est jamais plainte avant qu'elle ne se barre en véritable traître. Juste le temps de ramasser un peu le merdier dans notre modeste demeure et elle s'est barrée en n'emportant aucune fringue.

Je suis certain que ce n'est pas elle qui a mis cette combine à exécution. C'est sa poufiasse de meilleure amie qui a dû lui monter le bourrichon. Elle a dû lui bourrer le crâne pour qu'elle me laisse crever de désespoir comme un chien. Pourtant, malgré cela, je l'aime encore comme un fou. Je serais prêt à changer pour que l'on reprenne notre vie d'avant... Même après avoir échoué d'une manière déplorable en essayant les remèdes magiques que l'on m'a conseillés, que je n'ai jamais réussi à surmonter, parce que je n'avais que sa cruelle absence à mes côtés pour me soutenir.

Qu'est-ce qu'elle n'a pas compris dans ma façon de le lui démontrer ?

Merde! Elle est à moi, bordel!

La perche tourne la tête dans ma direction, étire ses lèvres vermeilles en un sourire embarrassé.

– Bonsoir...

Oh putain!

Son visage s'empourpre sous l'éclat des lumières colorées qui ornent l'ambiance survoltée de la grande salle. Elle me renvoie littéralement, dix ans en arrière ! Sa timidité enfantine, ses paupières rabattues, sa bouche pincée...

Le regard plissé, j'incline la tête sur le côté, m'approche doucement vers sa face cramoisie. C'est elle ? Ses yeux vert fuyant et brillants me rappellent mon tendre amour quand elle tentait d'échapper à mon regard. Elle allait avoir dix-huit ans, avait rabattu la tête et ses longs cils noirs pour que je ne la remarque pas parmi notre groupe d'amis communs.

Sa meilleure amie, la plus grosse salope sur Terre, sortait avec un des gars de mon régiment. Elle aimait se taper tout ce qui avait un édifice entre les jambes. D'ailleurs, je suis certain qu'elle n'a pas dû changer d'un iota.

Sale garce!

Dieu merci, j'étais là pour remettre Lysa à sa place. Que serait-elle devenue sans moi ? Une petite catin, probablement.

L'envie d'aimer - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant