Chapitre 13

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Au moment où je croisai le regard de ma mère en arrivant à l'hôpital, je sus qu'il était trop tard. Mon grand-père n'avait pas eu la force d'attendre et il s'en était allé quelques heures avant mon arrivée. La voyant fondre en larmes, je me précipitai pour la serrer contre moi et je laissai à mon tour libre court à mon chagrin. Nous restâmes ainsi quelques minutes, l'une dans les bras de l'autre, mon père et mon frère autour de nous, pleurant également.

- Je m'excuse maman, je ne suis pas arrivée assez vite...

- Ce n'est pas de ta faute, Roxanne. Il était fragilisé par la première crise cardiaque. Une autre est survenue quelques heures plus tard mais les médecins n'ont pas réussi à faire repartir son cœur.

Je n'arrivais pas à réaliser qu'il nous avait vraiment quitté.

- Je peux... je peux le voir ? demandai-je à mes parents.

- Tu es sûre, ma chérie ? m'interrogea mon père

Incapable d'articuler quoi que ce soit, j'acquiesçai d'un hochement de tête. J'ouvrais la porte de la chambre et il se trouvait là, allongé sur son lit, un drap remonté jusqu'au cou. Son visage paraissait apaisé et j'aurais presque eu l'impression qu'il dormait à poings fermés. Les appareils autour de lui était tous éteints et une légère lumière filtrait par la fenêtre, donnant à la pièce une ambiance presque irréelle. Je m'approchais du lit et rabattais le drap avec lequel ils l'avaient couvert. Passant ma main sur son visage blême, je déposais un baiser sur son front. Je fus saisi par la froideur qui émanait déjà de son corps et ce constat me ramena à la réalité : mon grand-père était mort et je n'avais pas été là pour lui. Je lui pris la main et me mis à sangloter, sans pouvoir m'arrêter.

- Je suis tellement désolée, j'aurais dû être là. Si je n'étais pas partie, ça ne se serait jamais produit.

Mon grand-père comptait énormément pour moi. Une sorte de lien s'était crée entre nous lorsque j'étais enfant et je savais que j'avais toujours été sa préférée. Des tonnes de souvenirs me revinrent en mémoire : nos parties de pêche, nos discussions à bâton rompu, nos balades en forêt, nos cessions cuisine ou encore musique celtique...

Toutes ces choses que désormais je ne pourrai plus faire avec lui. Mes larmes retombèrent de plus belle à l'évocation de ce simple fait. Incapable d'accepter cette idée, je m'assis à ses cotés et me mis à lui raconter ma vie à Dublin, le boulot, Jamie, mes nouvelles amies...

- Tu vas adorer Molly, elle a un caractère bien trempé comme toi. Et Siobhan est brillante, elle écrit des livres tu sais...

L'inutilité de mon geste me sauta aux yeux et prenant sa main, j'y enfouis mon visage, pleurant doucement comme la petite fille que j'étais autrefois.

Quand mon père frappa à la porte, mes sanglots s'étaient arrêtés depuis un moment. Je ne savais pas exactement combien de temps j'avais passé auprès de lui mais il était temps de laisser les infirmiers l'emmener. Les voir remonter le drap sur son visage fut un électrochoc et je m'écroulai à genoux au milieu du couloir, incapable de bouger, les yeux dans le vague, suivant le cortège qui se dirigeait je ne sais où. Quand je vis le lit prendre le tournant et disparaître, je me relevais et me précipitais derrière lui en hurlant.

- Non, vous ne pouvez pas l'emmener, il n'aime pas les hôpitaux. Je vous en prie, revenez !!!

Mon père m'attrapa par les épaule et m'obligea à me calmer.

- Roxanne, regarde moi ! Roxanne, nous ne pouvons plus rien faire...

- Il ne peut pas m'abandonner !! Je n'ai même pas pu lui dire au revoir ! hoquetai-je.

An irish love (En Réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant