0.3 Prologue

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Par la suite, il n'y eut pas de guerre interraciale comme on aurait pu s'y attendre. Le monde humain était plongé dans une situation tellement chaotique qu'il n'avait pas les moyens de lutter, et on comprit très vite que la meilleure solution était de parlementer.

Eh ouais, lâchez la magie sur le monde, et les miracles se produisent...

Mais les conséquences de cette journée de « Libération » furent néanmoins très lourdes.

Soixante-dix millions de morts.

Un centième de la population mondiale. C'est le nombre d'humains qui furent tués lorsque la magie se répandit sur le monde.

Les Surnat' nous expliquèrent que la magie avait toujours été présente sur terre, seulement, elle était séparée du monde « commun » par une sorte de barrière métaphysique, ce qui empêchait la plupart des humains de voir, par exemple, les lutins se carapater avec nos nains de jardins sur le dos.

Quand la barrière fut rompue, la magie bascula brutalement dans le « monde physique », affectant tout ce qui s'y trouvait, dont nous. Les humains sont potentiellement réceptifs à la magie : nous sommes tous nés sur la même terre, même si le monde métaphysique en était dissocié depuis des millénaires.

Seulement, j'ai bien dit « potentiellement ». L'homme a eu des millénaires pour évoluer sans magie, il est donc logique que son organisme n'y soit plus tout à fait tolérant...

Essayez donc de téléporter une poignée d'hommes à l'ère du jurassique, où le taux d'oxygène était bien moins élevé dans l'air : Je doute qu'ils apprécient tous la balade. Certains résisteront, d'autre pas.

Ici, c'est la même chose.

Résultat des courses donc, un centième de la population humaine est morte sur le coup. Pour le reste, nous sommes divisés en plusieurs catégories, en fonction -pour essayer de l'expliquer simplement- de notre taux d'attraction et de résistance à la magie.

D'abord, il y a les « nuls » ceux qui n'exercent aucune attraction sur la magie, et qui n'ont donc pas été touchés à la Libération, et sont toujours de simples humains ordinaires.

Ensuite viennent ceux qui ont une attraction, mais leur organisme n'est pas capable de supporter trop de magie. Ceux là sont ceux qui se tordaient de douleur sur le sol ce fameux jour. Trop d'attraction, pas assez de résistance, on meurt. Les survivants se sont révélés doués de pouvoirs relativement faibles, comme la télépathie à courte distance, ou la lévitation de petits objets. Rien de très clinquant si vous voulez mon avis, mais bon, c'est mieux que d'être mort, hein.

Et pour finir, nous avons la troisième catégorie, qui aime à s'appeler les « Touchés ». Là, nous sommes dans l'artillerie lourde... Ces gens là se sont découvert des pouvoirs divers et variés, mais rarement inoffensifs, comme celui de faire cramer un immeuble par la simple pensée... La classe. Mais croyez-moi, certains ne s'en sont pas privé, ajoutant un peu de sel à la panique déjà générale qui secouait le monde.

Pour ma part, je me range dans la deuxième catégorie. Rien d'extraordinaire, si on peut dire...J'étais déjà passablement ennuyeuse au lycée, je suis passée au stade carrément barbant. Je peux « sentir » la magie, et avec de l'exercice, je peux parfois faire la différence entre l'énergie qui anime un loup-garou ou un vampire... Pratique, mais sans plus...Et pour tout dire, la plupart des Surnat' sont capables de faire pareil sans forcer.

Est-ce que j'ai été déçue ? Un peu. Mais j'ai fait la paix avec cette partie de moi il y a longtemps, et j'ai beau n'être pas grand chose de plus qu'une humaine ordinaire, ça ne m'empêche pas d'être toujours aussi fascinée par les Surnat'.

Quatre ans après la Libération, le premier diplôme d'étude du surnaturel vit le jour. Je plaquai ma petite vie confortable de province et mes études de lettres barbantes à souhait, pour me jeter aux pieds du directeur de la formation. A l'issue de trois ans de travail acharné, je ressortis avec mon certificat en poche, pour affronter le terrifiant et impitoyable monde du travail.

Je m'appelle Kal, de mon petit nom Kalypso Bélinda Morgane Reed, sans doute la plus grande victime des lubies excentriques de ma mère, et accessoirement de mes vingt-cinq ans d'existence banale à pleurer. Mais croyez-le ou non, j'essaie de me soigner.

CaliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant