Le labyrinthe Newt 🖤 (terminer)

💀 Chapitre 2 💀

     Je l'écoute attentivement, trop soulagée de pouvoir enfin comprendre ce qui m'arrive et où j'ai atterri. Là où nous nous trouvons, les cabanes se font plus éparses. On approche des hauts murs de pierre. Un étrange sentiment m'envahit. Ils m'impressionnent, mais ils me fascinent, aussi. Je ne saurais pas expliquer pourquoi.

- Tu n'es pas ici à cause de nous.

     Cette information change beaucoup de choses. Si ce ne sont vraiment pas eux qui m'ont amenée dans cet endroit, alors je n'ai plus énormément de raison de me méfier de ces garçons comme s'ils voulaient me massacrer. Je suis un peu soulagée. Je n'ai plus à craindre un danger de mort... et plus aucune raison de m'enfuir. Même si ces murs et ce passage sombre m'attirent... La curiosité, sans doute.

- Tous les Blocards sont arrivés comme toi. Enfermés dans la Boîte, amnésiques. On sait tous ce que tu vis.

- La Boîte... c'est cette cage ? je lui demande.

- Ouais. Tous les mois, un Blocard arrive, avec des provisions. Tout ce qu'on ne peut pas produire nous-même. Mais... il n'y a jamais eu la moindre fille. En trois ans, la Boîte n'a amené que des garçons.

     Je comprends maintenant pourquoi ils me regardaient comme si j'allais leur sauter dessus. S'il n'y a jamais eu que des garçons, ici... je peux imaginer leur méfiance à mon égard. Alby s'arrête au pied d'une haute tour, qui me semble être un point d'observation : c'est une sorte de large tronc qui s'élève à plus de six mètres du sol, entouré de plateformes reliées entre elles par des échelles de bois. Pas vraiment de la haute architecture, mais, au moins, ça a l'air de tenir en l'air. Alby pose la main sur la première échelle.

- T'as pas le vertige, au moins ?

- ... Je ne crois pas.

     Il commence à monter, et je me lance à sa suite. Nous arrivons vite au sommet. Je suis impressionnée. De là, nous avons une vue sans pareille sur la prairie, que je n'appelle pas encore le « Bloc », tout comme, dans ma tête, ces garçons ne s'appellent toujours pas les « Blocards ». Il me faudra sans doute un petit peu de temps avant d'assimiler ces appellations. Devant nous, les murs de pierre. Et la porte que j'avais prise pour ma seule issue de secours. Alby s'appuie sur la rambarde, face à l'ouverture, et se tourne vers moi. Je ne sais pas à quoi m'attendre. Ma respiration est trop rapide. J'essaye de me calmer.

- Comme tu es la seule fille jamais arrivée au Bloc, nous avons tenu hier soir un conseil à ton sujet, me dit-il. ... Gally ne voulait pas qu'on te garde.

     « Gally ». Je sais que ce nom appartient à celui qui m'a sortie de la cage... ou plutôt de la « Boîte ». Je ne suis pas vraiment étonnée d'apprendre cela : il m'avait déjà l'air froid et buté quand je l'ai vu. Je sais dorénavant qu'il pense que je leur serai nuisible et que, de ce fait, il ne me porte pas dans son cœur. Il va falloir que je me méfie... Ou bien que j'essaye de gagner sa sympathie. Mais je n'ai pas envie d'être hypocrite. Je sens que ça ne fait pas partie de moi, ce qui est assez étrange, puisque je ne me souviens de rien à propos de moi.

- Il disait que tu ne pouvais nous attirer que des ennuis. Et... pour être tout à fait honnête... je suis d'accord avec lui. Presque tous les autres l'étaient.

     Je me tourne vers Alby. Je suis à la fois surprise et vexée. Je m'attends à n'importe quoi après cet aveu. Il va peut-être me jeter du haut de cette tour... Mais il ne semble pas décidé à le faire. Il a l'air trop calme pour quelqu'un qui s'apprête à tuer.

- Alors pourquoi je suis toujours ici ? je lui demande, un brin provocatrice.

- Frey a voulu qu'on te laisse une chance, me répond-il avec un sourire en coin.