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CHAPITRE 4

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Les gens affluaient dans la maison depuis le début de la soirée maintenant. Je m'ennuyais ferme et je commençais même à regretter d'avoir attendu cette occasion avec une si grande impatience.

Mon père était parti depuis pas mal de jours déjà et il n'avait appelé qu'une fois. Il s'était contenté de prendre des nouvelles auprès de Magalie et bien que je sois présente ce jour-là, comme tous les autres jours d'ailleurs puisque je ne quittais jamais la maison ou le jardin, il n'avait pas demandé à me parler. Autant dire que j'étais morose depuis cet appel. Surtout qu'il avait annoncé à Magalie que son voyage se prolongerait, si bien qu'il ne serait pas là pour ma rentrée en troisième.

Sébastien avait remarqué que je n'allais pas très bien et il s'était débrouillé pour avoir des horaires moins importants que d'habitude. Quel genre de boulot pouvait bien être aussi flexible ? À chaque fois que je demandais, la réponse était évasive et le sujet vite détourné. Finalement j'avais appris à ne plus rien demander.

Bref, Sébastien passait autant de temps que possible avec moi et pour me remonter le moral il n'avait cessé d'évoquer cette petite fête... même si j'appréhendais, ça avait fini par fonctionner : enfin un peu d'animation dans ma vie monotone.

Sauf qu'à présent mon excitation retombait. Loin de m'amuser, j'avais l'impression d'avoir été bernée et mon moral était au plus bas. Pour ne rien arranger, à mesure que la soirée avançait de plus en plus de questions se bousculaient dans ma tête. Des questions que je ne pourrais pas poser parce que de toute manière on ne me répondrait pas... comme d'habitude. Je rageais intérieurement.

Je jetai un coup d'œil à Sébastien. Tout le monde s'adressait à lui avec respect, voire prudence. Plusieurs fois j'aurais même juré lire de la crainte dans les yeux de certains invités lorsqu'ils étaient venus nous saluer. Cela me sembla étrange, bien que je ne puisse m'empêcher de comprendre cette réaction.

Sébastien se tenait fièrement à mon côté, le regard dur malgré un sourire vaguement chaleureux. Il était plus grand et plus musclé que la plupart des personnes présentes. Il émanait de lui une impression de puissance que je n'avais jamais réellement remarqué avant ce jour ; il avait l'air fort, presque invincible.

L'autre chose étrange c'était que depuis une heure au moins, il me présentait comme le nouveau membre de la famille et non comme sa demi-sœur. Mais après tout, c'était sans doute pareil... j'essayais de m'en convaincre sans grand succès.

Sébastien était à présent en grande conversation avec un homme à peine plus âgé que lui, vingt-cinq ans peut-être. Ils parlaient vite et bas si bien que je ne captais pas un mot de leur conversation. Ils avaient l'air complètement absorbés dans leur échange et je vis là une occasion parfaite de leur fausser compagnie.

Sébastien avait peut-être menti sur le côté amusant de la fête, mais il avait dit vrai sur un point : il y avait bien des ados de mon âge dans ce patelin ! Depuis un bon quart d'heure déjà j'avais repéré une fille de mon âge qui semblait s'ennuyer ferme à l'autre bout de la pièce. Je m'éloignai donc discrètement de mon demi-frère envahissant pour me faufiler jusqu'à elle.

J'avais bien conscience que je finirais parme faire enguirlander, parce qu'aussi incroyable que ça puisse paraître Sébastien m'avait donné tout un tas de directives avant le début de la soirée. Règle numéro un : toujours être à côté de lui. Règle numéro deux : toujours rester dans son champ de vision. Règle numéro trois : ne pas sortir de la maison. Règle numéro ... bref tout un tas de règles plus stupides les unes que les autres puisque la première résumait parfaitement l'ensemble : rester à côté de Sébastien.

J'avais bien essayé de l'interrompre pour lui dire que je ne pouvais pas m'amuser dans ces conditions, mais il m'avait jeté un regard réprobateur qui avait scellé mes lèvres pendant qu'il continuait sa longue énumération d'interdits. À ce moment-là, déjà, j'avais réalisé que la soirée risquait d'être encore moins marrante que prévu. Et encore, je ne savais pas qu'en plus monsieur aurait l'air si intimidant que personne n'essaierait de faire plus ample connaissance avec moi !

Attention, chien méchantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant