Chapitre I : La Cour de France

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– Nous y sommes, Eure Hoheit, déclara poliment la dame de compagnie qui accompagnait la jeune femme depuis son départ de Vienne.

Celle-ci pris une grande inspiration et osa un discret coup d'œil à l'extérieur de son transport.

Les jardins étaient d'une beauté sans nom, ce fut la première chose qu'elle remarqua. Elle pensa qu'elle aimerait sans doute s'y promener à l'avenir, qu'ils seraient comme un refuge face à tous ces chamboulements qui ne tarderaient pas à bouleverser sa vie.

Elle leva les yeux vers le château et ses nombreux bâtiments et fut surprise de la taille qu'arborait fièrement la cour royale de France. De nombreuses tours peuplaient les alentours du palais, lequel était bien sûr au centre de la verdure et du paysage.

Tandis que la calèche arpentait la route qui menait directement devant le château, les trompettes battaient leur plein au rythme de la marche royale. Les membres de la cour, en entendant ceci, vinrent tous s'agglutiner sur les côtés de l'allée principale, formant une haie d'honneur parfaitement bien alignée. Des éclats de voix et des murmures se firent entendre et bientôt, la totalité du monde présent savait qu'elle était là .

Dès que les chevaux furent arrêtés, Lady Litz plongea son regard dans celui de la jeune demoiselle. Elle lui pris les mains et lui offrit un gracieux sourire.

– C'est le moment, il faut y aller. N'oubliez pas de saluer le peuple et surtout de leur offrir votre plus beau sourire, Eure Hoheit.

Au dehors raisonnait la voix d'un crieur ainsi que l'air des trompettes.

– Sa Majesté, le roi !

La jeune fille sentit son assurance chuter quelque peu. Mais il était hors de question de se laisser abattre. Si elle était ici, dans ce pays, ce n'était pas sans raison.

– Sa Majesté, la reine ! entendit-on à l'arrivée de la reine près du souverain de France.

Un valet près de la porte à gauche de la jeune femme se manifesta et elle sut que son heure arriva. Un deuxième garçon s'empressa d'ouvrir la portière du carrosse. Tandis qu'il lui tendait son bras pour l'aider à descendre, la demoiselle essuya ses mains moites sur son mouchoir, qu'elle rangea avant de fermer une seconde les yeux.

C'est ici que tout commence.

Elle saisit la main tendue vers elle et posa pour la première fois le pied sur le sol français. Tous les regards étaient tournés vers la nouvelle arrivante quand le jeune page annonça :

– Son Altesse royale, la princesse Constance d'Autriche !

Tous les nobles présents exécutèrent une révérence devant la princesse venue tout droit de Vienne. Celle-ci leur accorda un léger sourire et observa l'assemblée avec une certaine appréhension.

La famille royale était positionnée au milieu de l'allée, la place idéale pour attirer l'attention. Constance chercha du regard un homme qui ressemblerait de près ou de loin au portrait qu'on lui avait présenté à sa demande, mais elle n'en vit rien. Au lieu de cela, le roi et la reine s'avancèrent vers elle d'un pas solennel.

Surprise, la jeune princesse se confondit en une révérence précipitée à l'intention de ses hôtes. Ses joues prirent une légère teinte rosée et son cœur se mit à battre la chamade.

– Princesse. Soyez la bienvenue à la cour de France, la salua le roi en abaissant respectueusement la tête.

– Merci, votre Majesté, répondit la jeune héritière d'un ton qui se voulait serein et assuré.

– Vous êtes tout bonnement ravissante, mieux que je ne vous imaginais, poursuivit avec un grand sourire la reine de France.

Constance ne comprit pas la totalité des mots prononcés par la reine, mais elle inclina tout de même la tête en signe de remerciement.

– Nous organisons un grand festin ce soir en votre honneur, Mademoiselle. J'espère que cela vous plaira tout autant qu'à nous.

– Je n'en doute pas, Votre Grâce.

Tout d'un coup distraits, le roi et la reine semblaient chercher dans l'assemblée quelque chose ou bien quelqu'un d'important. Ils ne cessaient de jeter des coups d'œil dans toutes les directions, paraissant mal à l'aise.

– Mais que diable peut-il bien faire ? interrogea la reine à voix basse à l'intention de son mari.

Le roi se contenta de garder une expression impassible, sans doute une habitude lorsque l'on s'exhibait aussi souvent que lui devant une assemblée.

Alors que la jeune autrichienne était perdue dans ses pensées, il lui sembla que la foule s'orienta, dans un ensemble parfait, vers un même endroit. Elle chercha du regard la source de toute cette agitation et plissa légèrement les yeux afin d'y voir plus clair.

Un jeune homme s'approchait du carrosse, marchant d'un pas assuré et déterminé. Plus il s'avançait, plus les yeux de Constance étaient irrémédiablement attirés par un visage loin d'être repoussant. La jeune fille fit tout pour ne pas perdre contenance et ramena ses mains devant elle, se tenant la plus droite possible.

Sa chevelure mordorée au vent, le garçon semblait avoir des yeux aussi bleus que le ciel lors des beaux jours. Sa taille et sa carrure paraissaient puissantes, imposantes. Il était très joliment vêtu et sa main était vissée sur  l'épée qui jonchait son flanc gauche. Une chevalière digne des plus grands étincelait à son annulaire, assortie aux ornements de sa veste blanche à l'air plus que luxueuse.

Ce ne serait quand même pas...

– Mesdames, messieurs, son Altesse royale le dauphin Henry de France ! avait aussitôt annoncé le messager en instiguant une révérence lors du passage du prince.

Tous les nobles l'avaient imité dans la seconde, les regards suivant la progression du jeune homme vers l'endroit où se tenaient à présent ses parents et l'invitée d'honneur.

Il s'arrêta devant la princesse et inclina légèrement la tête pour la saluer.

– Votre Altesse.

– Vous n'êtes pas obligé de...

Constance ne trouva pas le mot français pour s'exprimer correctement. Alors, elle rectifia la fin de sa phrase.

– ...appelez-moi Constance.

Le dauphin la détaillait d'un regard aussi froid que la neige. Il semblait visiblement en colère et prêt à cogner dans n'importe quoi. À moins que son expression faciale ne fut celle qu'il adoptait chaque jour...

– Henry, se présenta-t-il du plus simplement possible.

Un long silence s'installa pendant lequel les deux jeunes adultes regardaient partout, sauf en face d'eux. Il semblait y avoir comme une tension entre eux qui les tenait éloignés l'un de l'autre sans jamais vouloir aller plus loin.

Puis, sans plus attendre, le prince fit un pas en arrière.

– J'ai des obligations. Si vous voulez bien m'excusez, Constance, nous nous verrons ce soir.

La façon qu'Henry avait de prononcer son nom fit frémir Constance. Elle avait bien perçu comme il avait insisté sur chaque syllabe, et cela lui provoqua une sensation de malaise.

Sans crier gare, le jeune dauphin se courba de nouveau en une révérence nonchalante et se retira dans le sens inverse de sa venue, sous le regard surpris de sa future épouse.

200 jours pour s'aimer [SOUS CONTRAT D'ÉDITION HLAB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant