Toucher le ciel [EN RÉÉCRITURE]

CHAPITRE 31

Lukas éteignit son réveil et s'étira en soupirant. Il n'avait presque pas dormi, trop préoccupé par ce qu'il s'apprêtait à faire. En fait, plus il y pensait, plus il trouvait l'idée parfaitement insensée. Il avait agi sous une impulsion. Néanmoins, le brun se leva et s'habilla en silence. Il saisit le sac contenant ses affaires, qu'il avait préparé la veille, et traversa la villa aussi discrètement que possible. Heureusement, à cinq heures du matin, tout était calme et silencieux. Lukas remonta l'allée extérieure à pied, profitant de la fraîcheur de l'aube. Il attendit quelques minutes que le taxi qu'il avait réservé arrive, et en profita pour regarder son téléphone. La veille, Ash lui avait proposé de réviser ensemble pour les examens, qui commençaient la semaine suivante. Penser au blond lui était aussi douloureux que délicieux. Or, Le brun voulait stopper cette culpabilité qui le rongeait. Il devait faire la paix avec lui-même avant de se laisser aller à la rêverie. Car oui, Ash était devenu son petit rêve secret.

Assis dans le taxi qui roulait en direction de l'aéroport, Lukas lui répondit simplement qu'il ne serait pas disponible pendant quelques jours. Ça lui coûtait de décliner cette proposition, mais il n'avait pas réellement le choix. Cependant, Lukas était quelqu'un de patient. Il savait que ce n'était que partie remise.

Après s'être présenté pour l'embarquement, le brun patienta dans la salle d'attente. Il avait prévu le coup en apportant un roman. Celui que Ash lui avait offert, naturellement.

La voix de mon oncle couvre le vrombissement des moteurs : « Si tu veux faire de ta vie un maillon d'éternité et rester lucide jusque dans le cœur du délire, aime... Aime de toutes tes forces, aime comme si tu ne savais rien faire d'autre, aime à rendre jaloux les princes et les dieux. Car c'est en l'amour que toute laideur se découvre une beauté. » Ce furent les dernières paroles de mon oncle. Il m'avait dit ça sur son lit de mort, à Rio Salado. Aujourd'hui encore plus d'un demi -siècle après, sa voix de moribond résonne en moi telle une prophétie : « Celui qui passe à côté de la plus belle histoire de sa vie n'aura que l'âge de ses regrets et tous les soupirs du monde ne sauraient bercer son âme. »

Lukas ne voulait plus vivre avec des regrets. Il était temps de faire preuve d'un peu d'égoïsme. Le chemin à parcourir était encore long. D'ailleurs, il se sentait un peu coupable d'être parti sans rien dire à sa famille, mais il n'avait pas voulu gâcher leur bonne humeur de la veille. Et puis, c'était quelque chose de personnel, il ne voulait pas partager. Il avait dans l'idée de simplement les appeler lorsqu'il atterrirait.

Dans l'avion, Lukas se retrouva à côté d'une jeune fille incroyablement timide. Elle devait avoir tout juste dix-sept ans, et ne cessait de rougir dès que Lukas posait les yeux sur elle. Il avait donc passé les cinq heures de vol à réviser ses cours sur son ordinateur, en écoutant la musique. Mais sa concentration était mise à rude épreuve, et bien souvent son esprit dérivait ailleurs. Son ascenseur émotionnel fut malmené. Il repensait à la nuit qu'il avait passée avec Ash. À son tout premier jour en Afghanistan. À sa rencontre avec Jake, qui n'avait pas eu l'air particulièrement ravi de l'avoir dans son équipe. Il repensait à Ash, qui l'avait amené faire du parapente. Aux regards que Jake lui lançaient parfois, et il se demanda comment il avait pu être aussi stupide et aveugle. L'ancien soldat essaya de savoir quand est-ce que c'était arrivé. Quand est-ce qu'il avait commencé à s'attacher au châtain plus que la normale ? Il ne trouva pas de réponse. Ça c'était fait lentement, imperceptiblement. Il ne s'était rendu compte de rien.

Lorsqu'il atterrit à Warwick, Lukas se posa quelques instants dans un café de l'aéroport, et ralluma son téléphone. Naturellement, il avait reçu des messages de sa famille qui s'inquiétait. À cette heure-là, il aurait dû être à table avec eux. Le brun se rendit dans son répertoire, et appela sa mère.