Nécropolis

Qui je suis vraiment

Les uns après les autres, les chevaliers reprirent conscience. Ils avaient la tête lourde, beaucoup plus que la première fois qu'ils étaient sortis de ce monde et comme à ce moment-là, ils n'étaient pas au même endroit. Ils détaillèrent un peu les environs. La forêt interdite apparemment, mais sans les deux fillettes ni Saga. Que s'était-il passé ? Ils se souvenaient du Gémeaux proposant quelque chose à cette ombre. Mais quoi ? La dernière image qu'ils avaient était celle de l'ombre posant ses mains sur la tête de leur compagnon, après... c'était le trou noir et ils avaient été renvoyés ici avec un profond sentiment d'échec. Et ça, il faudrait l'annoncer à la directrice comme aux deux garçons.

C'est la mort dans l'âme et dans le plus grand silence qu'ils rejoignirent le château puis, l'infirmerie. Mais une autre mauvaise surprise les attendait : le lit dans lequel se trouvait Mô était vide. Ils restèrent immobiles, saisi par cette sinistre constatation, ils avaient perdu Mô pendant leurs absences et aucun d'eux n'étaient là pour lui. Shaka ne parvenait plus à réfléchir, son cœur s'était subitement compressé dans sa poitrine sans qu'il en comprenne la raison. La disparition de son ami le blessait profondément. Beaucoup plus qu'il ne l'aurait cru.

Devant la fenêtre, Aria Scopioli regardait à l'extérieur. Elle était seule, dans la pénombre de l'infirmerie que le crépuscule commençait à obscurcir.

- Où est Mô ? parvint à demander Ayor d'une voix presque étranglée.

- Tout est fini, répondit Aria. Enfin pas tout à fait.

- Explique-toi.

- C'est de ma faute, je n'ai pas respecté ce qui m'était imposée. Je... j'avais oublié.

Les chevaliers ne comprenaient pas. Qu'avait-elle oublié ? Que venait-elle faire dans toute cette histoire ?

Alors la jeune fille s'expliqua. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle était la petite Mü, à l'époque elle était en colère contre son père et elle ne voulait pas entendre parler de lui. Elle ne voulait pas porter un nom semblable au sien. Elle avait donc préféré un nom plus proche de celui de sa mère, la deuxième partie de son nom Aria-Mü. Sa mère le lui avait donné pour ne pas oublié son frère dont elle avait été séparée lorsqu'elle était enfant.

- Tu as fait la paix avec ton père, reprit Dohko.

Aria-Mü hocha la tête. Oui, elle avait fait la paix avec son père. Elle avait mis du temps pour ça. Des années pour réaliser qu'il ne savait peut-être même pas qu'elle existait et qu'il n'était en rien responsable du départ de sa mère.

- Mais la petite qui se trouvait près de moi lors de l'incendie... continua Camus, elle ressemblait davantage à Mô, ses cheveux avaient la même couleur.

- Ça, c'est parce qu'ils changent de couleurs en fonction de mon humeur. Soit bleus, soit mauve.

La jeune fille aux longs cheveux bleus restait tournée vers l'extérieur. Elle reprit son explication en serrant ses bras sur sa poitrine. Lorsque l'ombre avait voulu "l'effacer", Saga avait passé un accord avec elle. Mais la jeune fille n'avait pas respecté ce qui lui avait été imposé : ne pas intervenir dans ses actions d'enfant. Et pourtant elle l'avait fait. Elle voulait sauver ses amis, elle se souvenait que Mô était intervenue pour les aider. Mais il tardait à y aller, alors la jeune fille était intervenue. Elle avait guidé Mô jusqu'à l'endroit où ils se trouvaient mais elle avait oublié les conséquences. Elle était tellement désolée. Elle n'avait pas voulu ça.

Les chevaliers restèrent silencieux pendant son explication. Mais ils le savaient, Mô avait fait son propre choix. Comme chacun d'entre eux, ils avaient fait le choix de protéger les autres aux risques de leurs propres vies. Alors elle n'avait pas à s'en vouloir pour ça. Ayor s'approcha d'elle. Aria-Mü pencha la tête sur le côté pour ne pas avoir à le regarder, elle se mordit la lèvre inférieure. Dohko s'approcha également et posa sa main sur l'épaule de la jeune fille, il s'apprêta à lui dire quelques mots mais son attention fut attirée au-dehors.