Visite de la nouvelle base opérationnelle

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L'arrivée à la base se déroule plutôt bien, le cargo de marchandise Yseult atterrit dans un bruit assez lourd pour mes oreilles, mais en un seul morceau. Peut-il seulement faire un autre voyage tellement il est infesté par la rouille, je me le demande ? Comme les autres, j'en sors avec hâte de peur qu'il ne s'écroule sur nous, pour découvrir un hangar aux murs blancs flambants neufs et assez spacieux pour y accueillir d'autres vaisseaux. Il fait du coup vraiment tâche avec tous les équipements brillants de propretés autours.

Ici, l'air qu'on y respire est sain même si l'odeur de ce lieu immaculé tourne plutôt à la javel. Au-dessus de nos têtes les vérins pneumatiques maintiennent les panneaux de l'accès du hangar en place de façon sécurisé, pour assurer la bonne pressurisation des lieux et notre sécurité.

Déjà une petite équipe de quelques travailleurs de la base nous accueillent et nous débarrassent de nos bagages. Pourtant, j'avais cru comprendre que nous n'étions pas à l'hôtel. D'autres s'attardent avec la pilote du cargo, car elle a du matériel qu'ils déposent à tour de bras sur des chariots motorisés autonomes. C'est du moins ce que je comprends à les observer dans leurs allées et venues. Moi, dans tout ça, je me sens un peu perdue dans cet endroit stérile, sans aucune verrière ou fenêtre sur l'extérieur. À l'appel, je sers fortement contre moi l'étui qui protège mon violon et suis les pas de ma mère, avec le groupe. Nous rejoignons une autre section de la base et attendons dans une grande salle de réunion, aux murs gris anthracite, où se trouvent une petite estrade et son pupitre. À moins que ce soit destiné pour le cinéma, au vue de son grand écran qui recouvre tout le fond de la salle juste derrière. Au moins, ici, je trouve sur le côté gauche une grande baie vitrée cachée par un grand rideau mauve et opaque, où je m'attarde.

Curieuse, j'observe l'extérieur. Il n'y a pas de ciel dehors, comme sur Terre, mais la géante gazeuse Jupiter réfracte avec suffisance la lumière du soleil pour me permettre de voir le sol glacé d'Europe. Le spectacle offert est assez étrange car j'ai l'impression de voir un désert d'inlandsis à perte de vue, avec une légère couleur ambrée. D'où je suis, je peux même distinguer un lac recouvert de glace à une centaine de mètre de la base.

— S'il vous plaît ! J'aimerai avoir votre attention !

Intriguée par cette voix puissante, je me retourne pour apercevoir une montagne de muscle et assez grand par-dessus le marché. Son visage est dur, peut-être marqué par de nombreux conflits ? Il porte un béret de militaire - qui masque en parti ses cheveux noir - et un treillis. Aucun doute possible, il doit être le chef de la sécurité de la base. Puis il recule d'un pas et un autre homme un peu bedonnant, atteint de calvitie et beaucoup moins sexy, s'avance devant le pupitre.

— Merci ! Tout d'abord, j'aimerai vous souhaiter la bienvenue à Hésiode, la nouvelle base opérationnelle d'extraction de gaz jupiterien. Bien. Maintenant que j'ai toutes vos attentions, j'aimerais aussi vous présenter le Caporal Ray. C'était le Contremaître en poste à la station orbitale et il exercera les mêmes fonctions ici, dans cette base. Oh ! Et pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je suis Paul Mercier, le Président de Jupitagaz !

Il y a plusieurs applaudissements, surtout ceux très marqués du gouverneur Ian Costini. Moi c'est la grosse déception, mais je continue de croire que le colosse est un militaire. Son attitude, son style tandis qu'il s'avance pour reprendre la parole. Pour moi, tout concorde.

— Bien. On vous a attribué à tous une chambre. Vous retrouverez toutes vos affaires là-bas. On vous a normalement indiqué votre numéro de chambre avec votre carnet de voyage !

— Et si l'on souhaite changer de chambre ?

Tout sourire, le doigt levé comme une bonne élève, pour attirer son attention, je patiente. Ma mère qui se trouve à quelques pas me foudroie du regard, mais je l'ignore. J'attends la réponse du contremaître aussi immobile qu'une statue.

Sonate funeste sur EuropeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant