Chapitre 3

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Hana était revenue au Japon depuis une dizaine de jours et avait repris son train train habituel, à une nuance près, elle ne parlait plus à Ayumi, sa meilleure amie. Elle passait donc ses journées entre son bureau et son appartement, en prenant cependant soin d'éviter de croiser son nouveau voisin. La chose s'était révélée plus facile que prévue car ce dernier semblait s'être absenter. Hana avait en effet remarqué que les volets étaient clos depuis plusieurs jours.

Finalement, après avoir laissé des messages au point d'en saturer sa boite vocale, Hana réussit enfin à pouvoir avoir une conversation avec celle qu'elle considérait jusqu'ici comme sa meilleure et unique amie. Elle fut très déçue lorsqu'Ayumi tenta de justifier ses agissements.

- Hana-chan, je n'aurais pas dû agir de la sorte mais j'ai eu peur.

- Peur ? De moi ?

- Je sais ce que tu penses du mariage depuis que tu...

- Je t'en prie, ne me parle pas de ça maintenant, l'implora Hana.

- Excuses-moi...  

Ayumi avait longuement parlé, expliquant en détails les raisons de son comportement. Elle semblait vraiment aimé son fiancé rencontré quelques mois plus tôt lors d'un goukon organisé par ses collègues. Hana avait cependant du mal à laisser son amie dans les bras de cet homme.  

- Et c'est qui ce mec ? Il en veut peut-être qu'à ton argent.

- Tsukasa m'aime pour moi, pas pour la fortune de mon père.

- Tu en es sûre ? Demanda Hana peu convaincue.

- Tout les hommes ne sont pas comme ça. Il ne faut pas faire de ton cas une généralité.  

Hana aurait voulu le croire mais elle savait qu'il ne fallait pas accorder sa confiance trop facilement. Elle en avait fait les frais il y a quelques années et depuis, elle était devenue assez paranoïaque dans ses relations amoureuses. Elle accordait de moins en moins sa confiance en la gente masculine ce qui l'avait conduit à ne plus avoir de petit ami depuis un bon bout de temps.  

La jeune femme n'avait pas été convaincue par le discours de son amie. Au fur et à mesure de leur longue conversation téléphonique, les deux amies avaient finies par se disputer. Hana lui reprochait de lui avoir cacher l'existence de son fiancé depuis des mois et de l'exclure de sa vie en général. Ayumi, de son côté, lui en voulait d'être une amie par intérim trop préoccupée par sa réussite professionnelle que par son entourage. A la fin, Hana raccrocha au nez de son amie. Depuis ce jour-là, elle ignorait ses appels.  

La situation durait maintenant près d'une semaine. Pour penser à autre chose, Hana, comme à son habitude, s'était réfugiée dans le travail. Cela tombait bien, la société cherchait à développer son marché européen. Le patron cherchait quelqu'un pour étendre l'activité de l'entreprise en Irlande. Il s'agissait une nouvelle fois d'une mission d'un an. Hana qui ne voyait plus l'intérêt de rester au Japon pensa que c'était une opportunité à ne pas rater et posa sa candidature. Afin d'obtenir ce job de rêve, il fallait faire ses preuves. Elle travaillait donc sans relâche, surtout qu'elle appris qu'une autre personne convoitait la place.    

*      

Ce soir-là, comme toujours, Hana rentrait très tard. C'était vendredi mais elle n'avait pas la tête à faire la fête. D'ailleurs, ce week-end allait être chargé car elle devait rendre sa présentation pour le poste en Irlande lundi matin. Il ne lui restait donc que très peu de temps pour rendre un travail parfait. Elle s'arrêta au combini pour faire quelques réserves. Elle avait prévu de rester enfermée chez elle pour travailler tranquillement. Elle remplissait son panier sans se douter qu'on l'observait.  

Un peu plus loin dans un autre rayon du magasin, deux garçons suivaient des yeux Hana. Il s'agissait de Maruyama Ryuhei et Tadayoshi Okura. Les deux membres de Kanjani accompagnait Ryo qui avait invité le groupe chez lui mais qui avait oublié d'acheter de quoi boire et manger. Le trio avait décidé de se ravitailler au combini le plus proche tandis que leurs amis commençaient à vider les bouteilles d'alcool restantes à l'appartement.  

En réalité, c'est Maru qui était le plus attiré par la jeune femme. Okura était plus intéressé par ce que Hana venait de mettre dans son panier, c'est-à-dire la dernière boite de ses biscuits préférés. Finalement, Maru se décida à aller parler à la jeune fille mais brusquement, il se sentit attiré dans l'allée opposée. Il réalisa que Ryo l'avait empoigné par le blouson pour littéralement le jeter au rayon des boissons.  

- Eh ! Tu n'as pas le monopole des jolies filles ! S'exclama Maru.

- C'est elle ! La fille qui était chez moi ! C'est cette nana, expliqua Ryo en désignant Hana.

- Elle est plutôt mignonne.

- Et cinglée, coupa Ryo. Je te rappelle qu'elle s'est introduit chez moi par effraction.

- Oui, je sais, tu nous l'a déjà dit. Tatsuyoshi, tu... Il est où ?  

Okura semblait avoir disparu. Ryo et Maru cessèrent leur discussion et cherchèrent leur ami dans le magasin. Ils le retrouvèrent en charmante compagnie.  

- Non, ça me dérange pas, vous pouvez le prendre... De toute façon, je ne sais pas pourquoi j'ai pris ces gâteaux, je ne les aime pas...

- C'est étrange d'acheter ce que l'on aime pas, fit Okura.

- Ce sont les préférées de ma meilleure amie, j'avais l'habitude d'en prendre pour elle, expliqua Hana.

- Je ne voudrais pas la priver de ses gâteaux.

- Non non, prenez les... Elle n'aura plus l'occasion de les manger.

- Dans ce cas, merci. Je suis désolé de m'être montré si impoli mais ce sont mes préférés et c'est très rare d'en trouver.  

Le garçon remercia encore une fois Hana. La jeune fille ne comprenait pas pourquoi il mettait autant de cérémonie dans ses remerciements. Elle lui avait laissé sa boite de gâteaux, pas de quoi en faire tout un plat. Et plus, ils étaient à la menthe, elle détestait ça. Ce parfum, c'était Ayumi qui aimait, pas elle. Elle tenta de faire disparaître la pensée de son amie en reprenant ses achats lorsqu'elle vit l'inconnu des biscuits rejoindre ses copains. Elle lâcha son panier lorsqu'elle réalisa que l'un d'entre eux était son voisin, celui qu'elle avait surpris nu, celui qu'elle prenait soin d'éviter depuis ce fâcheux incident. C'était d'ailleurs une chose qu'elle avait très bien réussi jusqu'alors ; elle n'aurait jamais pensé qu'elle puisse le croiser au supermarché, surtout à une heure si tardive.  

Elle chercha alors une solution mais que faire ? Fuir, encore une fois ou tenter de s'expliquer ? Elle voulut opter pour la première solution mais le panier qu'elle venait de lâcher lui tomba sur le pied. La douleur soudaine l'immobilisa et la contraint à choisir la seconde option. Les trois garçons vinrent alors à sa rencontre après avoir chuchoter entre eux, probablement à son sujet. L'inconnu des biscuits lui sembla alors moins sympathique.      

Voisin(e)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant