Chapitre 14 (2/2)

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— Le Manoir.

— Dans votre bouche, ça sonne comme si ce « manoir » s'écrivait avec un M en lettre capitale.

— En effet. C'est le nom de la forteresse. Le Manoir. Avec un M majuscule.

— Une forteresse. Normal, donc. Et après, vous allez me dire que vous n'êtes pas une bande d'assassins ? Les gangs ont toujours un repère rempli de voyous. Le votre, c'est cette espèce de forteresse qui a un nom. Normal, encore une fois. Et, en plus, ce repère est au milieu de la Forêt Dense. Normal. Seuls les affreux mafieux se cachent en un lieu inaccessible pour être à l'abri des regards afin de vaquer à leurs petites magouilles en paix. Vraiment normal. Sans oublier que vous avez une tête de...

— Fermez-la.

Indigo en resta muette. Et sentit son visage se décomposer.

— Pardon ? dit-elle finalement.

— J'ai dis : « Fermez-la ».

Elle était persuadée de paraître un peu hébétée, à ce moment-ci. Elle en était même certaine.

— Oh, souffla-t-elle lentement, clignant des paupières. J'avais bien compris alors.

— Bien. Au moins vous avez une bonne audition.

— J'ai vingt-quatre ans. Pas quatre-vingt-douze, cracha-t-elle, amère.

— On s'en moque. Enfin pour l'instant. Revenons-en à notre conversation. Ou plutôt votre monologue. Qu'alliez vous dire ?

— Euh... Je ne sais plus.

— Je me sens d'humeur aimable...

Là, il était aimable ? Hé ben. Qu'est-ce que cela devait être lorsqu'il était insupportable !

— Alors je vais vous aider un peu. Votre dernière phrase commençait par : « Sans oublier que vous avez une tête de... ».

Il haussa un sourcil sardonique. Indigo remua sur le canapé.

— Une tête de tueur.

Wraith se dressa à quatre-pattes au-dessus d'elle, amenant sa tête dans l'axe de la sienne. Il se pencha dangereusement près d'elle et lui murmura à l'oreille :

— Je ressemble à un assassin ?

Elle hocha imperceptiblement la tête, pétrifiée.

— C'est parce que j'en suis un, chérie.

Indigo déglutit bruyamment. Il continua.

— Et probablement le pire de tous. Je ne cache pas que j'aime voir le sang, sa couleur, son goût, son odeur et même sa texture. J'aime aussi les cris, surtout ceux arrachés par la douleur. Et casser les os, c'est... Vous avez peur. (Ce n'était pas une question. Un simple constat.) Vous tremblez.

— I-Il... Il faut dire qu'il fait un peu frais, mentit-elle. Ce doit être à cause de la... forteresse, du Manoir avec un grand M. C'est grand, avec de hauts plafonds... difficile de tout chauffer. Et cher. Enfin probablement. Peut-être. Sûrement. Je n'y connais rien, en fait.

— Oh oui, ça doit être ça, susurra-t-il en hochant lentement la tête, pas dupe pour un sou. Alors cette odeur de peur ne vient pas de vous. J'ai dû rêver.

— C-Ce sont des choses qui arrivent... Parfois, on croit voir ou sentir des choses... et pourtant non. Oups.

— Pourtant, je suis certain qu'elle émane de vous.

Brusquement, il colla son nez dans le cou d'Indigo et inspira profondément. Elle se figea. Son cœur s'arrêta le temps d'un battement. Et repartit de plus belle. Il le fit lentement sillonner, de son oreille jusqu'à la jonction de son épaule, appréciant le pouls effréné sous son touché.

Au Cœur des Flammes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant