3. Lee

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Lee

J'avais rapidement perdu tout espoir que Meryl revienne. Gwen avait baissé les bras depuis longtemps et restait assise sur mon lit, appuyée contre le mur. Quant à moi, je ruminais comme un lion en cage. Ma chambre était spacieuse, en désordre, mais spacieuse. Mais lorsque j'y étais enfermé avec Gwen, j'avais soudain l'impression que les murs se rapprochaient. Elle empiétait sur mon espace vital et je suffoquais.

Au bout d'un quart d'heure, je fis signe à Gwen de se décaler et me laissai tomber sur le lit en soupirant bruyamment.

- Ta chambre fait la taille de mon salon mais tu te sens obligé de t'installer juste à côté de moi ?

- C'est un king size. Et comme ça je pourrais dire qu'on a été au lit ensemble.

Elle poussa un grognement en me donnant une tape dédaigneuse sur l'épaule, mais elle ne changea pas de place pour autant. Pendant quelques secondes, nous restèrent dans le silence, jusqu'à ce qu'elle reprenne :

- J'ai un espace vital, une espèce de bulle invisible autour de moi. Et là tu es sur le point de la faire éclater.

- Tu te trouves actuellement dans ma chambre, c'est toi qui occupe mon espace vitale.

- Je respire déjà ton air toxique, je suis sûre que je vais avoir plein de boutons rien qu'au contact de tes draps lavés avec un adoucissant hors de prix parfum menthe coco passion framboise. C'est à moi de me sentir oppressée ici.

- Et bien la fenêtre n'attend plus que toi, je t'en prie, saute !

Il poussa un nouveau grognement avant de se lever. J'entrouvris les yeux pour la voir traverser la chambre jusqu'à la fenêtre. Là, elle croisa les bras et se mit à regarder les flocons tomber par la fenêtre. Son expression me laissait perplexe. Certes, elle avait l'air agacé, mais son visage laissait également percevoir des traces de tristesse.

- Gwen, tu...

- Quoi, Leecorne ? me coupa-t-elle. Tu veux savoir pourquoi ça ne m'enchante pas d'être ici ? Pourquoi je ne suis pas folle de joie à l'idée de passer mon Noël avec toi alors qu'au départ je voulais juste passer une dernière soirée avec mes meilleurs amis pour éviter un débat politique d'ivrognes chez moi ? Pourquoi, oui, j'ai envie de pleurer, parce que ce Noël devient officiellement le pire que j'aie pu expérimenter jusqu'ici ?

Elle se tourna vers la fenêtre et ferma les yeux, comme pour me signifier qu'elle comptait m'ignorer à présent. Je restai quelques secondes allongé dans mon lit à la fixer, puis je me redressai, me levai, traversai la pièce et ouvris mon armoire.

- Qu'est-ce que tu fais ? m'interrogea-t-elle en soupirant théâtralement.

- N'emploie pas ce ton de diva avec moi. J'ai acheté un costume de père Noël pour l'occasion, expliquai-je en enfilant la veste rouge ornée d'une épaisse fourrure blanche.

- Et quoi ? Tu penses qu'en te déguisant en père Noël, un traineau volant va venir se garer sous la fenêtre ? Et qu'ensuite on ira distribuer des cadeaux partout dans le monde ? Tu es encore plus stupide que je le pensais mon pauvre.

- Je vais faire comme si je n'avais rien entendu.

Je vissai le bonnet sur ma tête, laissant les bottes, la salopette et la fausse barbe dans mon armoire, puis me dirigeai vers mon bureau. Je sortis une bouteille de vodka du placard. L'intérêt de Gwen fut tout de suite plus prononcé et elle me fit complètement face.

Santa Tell MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant