" Tu es là, je suis réveillée, entre ! "

Le cœur un peu plus legé, je pénétrai dans la pièce principale.
Quelle fut ma surprise de la voir sans dessus dessous. Le carrelage venait d'être enlevé, le papier peint arraché, des outils jonchaient le sol. Le mur séparant la cuisine et le salon avait été abattu.
Je me retournai vers Emma.

" Il s'est passé quoi là ? Une tornade ? "

Elle me sourit, pour la première fois.

" Presque ! Je retape tout ! "

" Toute seule ? "

" C'est un peu mon métier Louise ! Tu peux t'installer sur le canapé ... Je reviens avec du thé ! Et fais attention aux clous et vis sur le sol ! "

C'était un vrai terrain miné, en effet. Je trouvais une place sur le canapé, le seul meuble qui avait subsisté dans le salon totalement en chantier.
Elle me rejoint peu de temps après, une théière entre les mains, et me servit une tasse.
Elle s'installa à son tour, à distance raisonnable, et brisa le silence.

" Donc tu m'as envoyé des messages ? "

Elle soutenait mon regard.

" Oui ... écoute, je voulais m'excuser ... pour tout à l'heure ! "

" Louise Duglery qui s'excuse, incroyable! " lança t'elle avec une ironie non cachée.

'' J'ai un peu sur réagit ! "

" Un peu ? "

" Oui, bon ... Beaucoup ! Je n'aurais pas dû avoir cette réaction, mais comprends moi aussi un peu ... "

Elle bu une gorgée de son thé, sans répondre. J'enchainai alors:

" Je veux dire, mes trois derniers mois n'ont pas été très facile. Un travail incroyable, plusieurs choses personnelles à gérer avec le divorce, toi à l'autre bout du monde ... Pendant que toi tu avais la belle vie ! "

" Je ne vais quand même pas m'excuser de cela ! Je n'ai rien fait de mal Louise ! "

" Je n'ai jamais dit ça ... mais tu reviens, tu mets 3 semaines à te manifester, et encore, parce que j'ai pu te voir dans le public ! Je vais te dire, je me suis sentie totalement rejetée ! En plus de tes hésitations ... ''

" Ne le prends pas comme ça ... Je me suis déjà jeté dans cette histoire sans réfléchir la première fois, cela m'a un peu refroidie. Ensemble, on se replonge dans un tourbillon, je ne sais plus si j'ai la force ... "

Elle avait laissé cette phrase en suspension, évitant mon regard. Ma gorge se noua, instantanément. Mais surtout, je commençais à avoir la tête qui tournait.

" Tu ne sais plus ou tu es sûre ? " parvins je a ajouter.

Elle se mordit une nouvelle fois sa lèvre.

" J'ai envie de te voir, d'être avec toi, mais être ensemble ca entraînera de nombreux bouleversement et il faut ... "

Je n'écoutais plus les mots d'Emma qui continuait pourtant à parler. Ils résonnaient dans ma tête qui tournait toujours plus violemment.
J'avais des sueurs froides dans tout le corps.
Je n'avais pas dormis depuis plus de 24 heures, et rien avalé de la journée, et puis, tout ce chamboulement avec l'apparition d'Emma.
Je me sentais partir en malaise.

Non pas là, pas maintenant ... Ma vue se brouillait.
J'entendis la voix d'Emma, très loin.

'' Louise ! Réponds moi ! Ça ne va pas ? "

Elle se leva précipitamment, mettant son bras autour de ma taille pour m'allonger sur le canapé.
Je mis plusieurs secondes à retrouver mes esprits et pouvoir sortir un mot. Emma était toujours là, me regardant avec anxiété.

" Ça va ? "

" Je n'ai rien avaler aujourd'hui, et pas beaucoup dormi ces derniers jours, un coup de fatigue, un petit malaise ... " répondis je d'une voix faible.

" Tu m'as fais peur !Je vais te préparer quelque chose à manger... "

" Non, non, ne t'inquiète pas, je vais y aller ... " ajoutai je en me levant.

Elle me saisit le bras pour me faire rasseoir.

" Ça ne va pas toi ! Dans ton état ? Tu es morte de fatigue ! Viens dans ma chambre, je vais te donner de quoi dormir ! "

" Et toi ? Tu vas dormir dans le canapé ? " répliquai je avec ironie.

" Tu sais que tu peux être bête défois ! "

Elle me souri.

Une fois arrivé dans sa chambre, elle me tendit une tenue pour la nuit.

" Va te changer, je te ramène quelque chose à manger ! "

Je ne dis rien en retour, me laissant totalement guidé par Emma et m'habillant du short et tee-shirt qu'elle venait de me donner.
J'étais épuisée, à bout de force, vulnérable.
Je me glissai à l'intérieur des draps, fermant les yeux.
Je l'entendis revenir dans la chambre, posant l'assiette sur ma table de chevet. J'entre ouvris mes paupières.

" Je crois que je n'ai même pas le courage de manger, je veux juste dormir ... "

" Alors dors Louise, Bonne Nuit ... "

Elle se glissa à mes côtés, tout en mettant son bras autour de ma taille. Mon corps se réchauffa instantanément à ce contact.

Je mis ma main sur la sienne et tomba dans un profond sommeil.

Madame la MaireWhere stories live. Discover now