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Le mois de novembre s'acheva sous une tempête de neige qui paralysa les quatre Dragons sous leur abri de planches. Privés de soleil et de chaleur depuis plus de quatre jours, les quatre Dragons n'avaient même pas la force de manger et Hagrid prit conscience d'une chose qui embarrassa sérieusement Dumbledore, chamboulant ses plans. Visiblement, le grand directeur de Poudlard n'y avait pas pensé du tout...

— Hiberner ? s'exclama Rogue en se levant de sa chaise, dans le bureau de Dumbledore. Mais enfin, monsieur, ils ne peuvent pas hiberner maintenant...
— Il faut croire que si, Severus, dit Dumbledore en lui faisant signe de se rasseoir. Il fait moins dix dehors et s'ils tiennent éveillés, c'est uniquement grâce aux sceaux d'alcool que leur fourni Hagrid tous les matins. Il n'y a pas eut de soleil, pas le moindre rayon depuis plus de quatre jours et les Dragons sont des animaux à sang froid. Sans chaleur extérieure, ils ne peuvent bouger et c'est ce qui arrive à nos Dragons en herbe.
— Je ne peux le croire, dit Rogue en croisant les jambes de mécontentement. S'ils hibernent, ils en ont pour trois mois au minimum et...
— Je sais, Severus, dit Dumbledore. C'est pourquoi il faut trouver un moyen pour les réchauffer durablement, ou tout du moins pendant les huit heures que durent les cours. Les Dragons supportent très bien l'alcool pur, mais ce sont à l'origine des enfants et j'ai peur qu'en redevenant humains, d'ici début janvier, ils ne soient devenus accros à l'alcool. Il faut donc que vous prépariez une potion capable de les réchauffer de l'intérieur suffisamment pour leur donner l'énergie d'entraîner nos élèves.
— Bien, dit Rogue. Je vais voir ce que je peux faire mais je ne vous garantis rien.
— Vous êtes mon Maître ès Potions, Severus, je vous fais confiance, dit Dumbledore avec un sourire.
— Soit, dit Rogue en se levant. Alors j'essaierais d'honorer cette confiance que vous me portez. Je me mets au travail de suite.

Dumbledore hocha la tête puis Rogue quitta le bureau et McGonagall dit :

— Dans le journal, ils disent que les températures vont encore baisser dans les jours à venir, il ne faudrait-il pas que nos quatre jeunes reptiles dorment dans le château ? À l'abri du froid ?
— Et où donc ? demanda Dumbledore en haussant un sourcil. Il n'y a que le hall qui leur est accessible mais quatre Dragon de trois mètres de haut et de cinq de long dans cet endroit... Ils vont se marcher dessus...
— Vous connaissez le château comme votre poche, monsieur, dit McGonagall. N'y a-t-il pas un endroit dans cette bâtisse suffisamment grand pour accueillir quatre mastodontes pareils ?
— Je ne vois que la Chambre des Secrets, dit Dumbledore au bout d'un moment. Mais elle n'a pas d'accès sur l'extérieur et Harry refusera d'y séjourner, même une nuit, elle lui rappelle trop de mauvais souvenirs...
— Et les cachots ? Ils sont au rez-de-chaussée du château, y aménager une entrée donnant sur le parc sera chose aisée...
— Oui mais j'ignore si l'un de nos cachots et suffisamment grand pour accueillir les Dragons. Nous pourrions l'agrandir avec la magie, je le conçois, mais... Hum, nous devons en parler avec Hagrid d'abord. Peut-être que les Dragons ne supportent pas de vivre entre des murs...

McGonagall hocha la tête puis elle regarda par la fenêtre devant laquelle des flocons de neige immaculés aussi gros que le poing tournoyaient.

.

Cependant, dans l'enclos des Dragons, sous un appentis en planches au sol recouvert d'une épaisse couche de paille, nos quatre Dragons somnolaient en se serrant les uns contre les autres.

— J'ai faim... marmonna Dragon-Montor en mastiquant dans le vide. Mais je n'ai pas la force de me lever...
— Moi non plus... dit Dragon-Harry en soupirant.

La neige fondit devant son museau et il tira une longue langue rose pour ramasser un peu de neige mais cela ne fit qu'attiser sa faim.

— Que fait Hagrid ? demanda Dragon-Malefoy. Je suis frigorifié et je ne sens plus la peau de mon ventre... Je boirais bien un grand tonneau de whisky...

Dragon-Harry soupira en guise d'acquiescement puis il ferma les yeux et se laissa bercer par le silence quasi palpable de la nature endormie les entourant. Il finit rapidement par s'endormir et les trois autres le suivirent peu de temps après.

Ce fut Hagrid qui les réveilla, non sans douceur et Dragon-Harry voulut le mordre quand il le vit debout devant son museau, en train de lui taper dessus avec une branche aussi fine qu'un fouet.

— Harry ! s'exclama le demi-géant en évitant de justesse les dents acérées du reptile. Calme, tu veux, je ne suis pas ton casse-croûte.
— Hagrid... Pourquoi vous me réveillez... ? demanda le Dragon noir en changeant de position.
— Parce que le professeur Rogue a quelque chose pour vous.
— Nous ? demanda Dragon-Harry en regardant le demi-géant devant lui.

Il remarqua alors que Dumbledore se tenait aux côtés du professeur de Soins aux Créatures Magiques. Une autre personne, Rogue, se tenait légèrement en retrait, avec quelque chose dans les mains. Cela attisa la curiosité du Gryffondor qui releva la tête, sentant un petit regain de vitalité courir dans son cou pour le soulever.

— Professeur Dumbledore ? Professeur Rogue ? Qu'est-ce que vous faites ici, vous devez vous les geler...
— En effet, dit Dumbledore avec un petit sourire en glissant ses mains gantées dans les manches de son manteau. Mais c'est pour la bonne cause. Veuillez réveiller les autres, s'il vous plait.

Dragon-Harry hocha la tête puis donna un coup de tête au Dragon le plus proche, Montor, qui se chargea de réveiller les deux autres à tour de rôle, d'abord Ramons qui se servait de la cuisse du Dragon brun comme d'un oreiller, puis le Dragon blanc dont la tête reposait sur le dos du Dragon rouge.

— On n'a pas idée de réveiller des gentils lézards par un froid pareil, grogna Dragon-Malefoy.
— Ça m'aurait étonné qu'il n'y en ait pas au moins un qui râle, dit Rogue en fronçant les sourcils. Enfin, approchez par-là, tous les quatre, au lieu de geindre.

Les quatre Dragons se traînèrent plus qu'autre chose hors de leur abri et Hagrid, grâce à sa grande force, ouvrit les gueules fatiguées des Dragons, les unes après les autres, afin que Rogue vide le contenu d'un petit flacon de verre sur les épaisses langues baveuses.

— Cha brûle... dit Dragon-Harry, la langue dehors.
— C'est normal, dit Rogue en rebouchant la fiole qu'il venait de lui vider dans la gueule. Cette potion à base de salamandre de feu va vous donner un bon coup de fouet pour les dix prochaines heures ainsi les cours vont pouvoir reprendre.
— J'ai sommeil, dit alors Dragon-Malefoy en baillant largement, dévoilant ses mâchoires hérissées de dents pointues.
— Ça va passer, dit Dumbledore en hochant la tête. Bien à présent, levez-vous et marchez autour du parc pour que la potion vous réchauffe. Vous verrez, ça ira tout de suite mieux.
— Si vous le dites, dit Dragon-Harry en se levant. Aïe, aïe, aïe, mes pauvres os... C'est tout rouillé...
— À qui la faute, dit Hagrid, les sourcils froncés. Si vous ne dormiez pas la majeure partie du temps, vous n'auriez pas de crampes, paresseux.

Dragon-Harry fronça les sourcils puis il s'éloigna et marcha autour de l'enclos en boitant légèrement.

— Hé mais c'est que ça marche votre truc en plus ! s'exclama-t-il au bout d'un moment. Je n'ai plus froid aux pattes !
— Bien ! dit Rogue. Tant mieux, parce que vous avez du boulot.
— Moi ? dit Dragon-Harry en revenant vers les trois professeurs.
— Tous les quatre, dit Dumbledore. La neige a cassé des arbres dans la Forêt Interdite, cette nuit. Avec Hagrid, vous allez aller déblayer ces arbres brisés et vous les emmènerez dans le parc afin d'en faire du bois de chauffage.
— Super... marmonna Dragon-Malefoy. On n'est pas de chevaux de trait...

Dragon-Harry le regarda puis secoua la tête et Dumbledore et Rogue quittèrent l'enclos. Hagrid détacha ensuite les quatre Dragons mais leur mit des entraves aux pattes arrière, puis il les entraîna dans la sombre Forêt Interdite mortellement silencieuse.

✔️ Expérience AudacieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant