Chapitre 6

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- Ouaaaah mais il fait plus chaud que tout à l'heure !
- De là où je viens, on appelle ça l'après-midi ...
- Oui bah c'est bon hein ...
- Attends deux secondes !
- Quoi ?

Saël ne lui répondit pas et rentra en trombe dans sa maison, laissant Adèle sur le pas de la porte.

- Super ...

Elle leva la tête vers le ciel et vit un grand trou dans le pont, qui laissait passer un grand cercle de lumière, tombant directement sur le pilier et la porte d'où elle venait de sortir.
Elle resta pendant plusieurs secondes à regarder autour d'elle le quartier qui grouillait de vie.
Elle vit des groupes de jeunes se courir après dans toutes les rues, et sourit sans trop savoir pourquoi.
Elle entendit Saël derrière elle, qui venait de ressortir de chez lui.
Elle se retourna et vit qu'il lui tendait un foulard.

- C'est pour ...?
- Si je te le tends, c'est que c'est pour toi ...
- Pour moi ? répéta Adèle en rosissant légèrement. Mais pourquoi ...?
- Eh oh, vas pas t'imaginer des trucs ! répondit Saël en regardant ailleurs, gêné par le ton de la jeune fille. Mets le sur ta tête, ça évitera aux gens de s'attarder sur tes yeux ...
- Ah d'accord ...

Elle prit le tissu et l'enroula autour de son cou et de sa tête, faisant enfin disparaître son oeil. Il était d'un bleu profond et très beau.
La soie dont était fait le foulard était très douce, et fit sourire Saël.

- Qu'est-ce que tu as, à sourire comme ça ?
- Le bleu te va très bien, c'est tout !
- M... Merci ...
- Mais de rien ! On y va ?
- D'acc !
- Je t'attends en bas, moi !
- Eh ! Ça veut dire quoi ça ?
- Peu de chances que tu me suives, répondit Saël en riant.
- Tu vas voir !

Elle s'élança vers l'escalier, mais fut vite rattrapée par le jeune garçon, qui disparut peu à peu dans les étages inférieurs.
Adèle allait aussi vite qu'elle pouvait, tout en faisant attention aux marches, tandis que Saël fonçait, sautant et s'aidant des murs, défiant toute règle de sécurité.

- Je suis sûre que tu triches ! hurla Adèle. Je sais pas comment, mais c'est sûr !
- Dans tes rêves ! répondit Saël en continuant à rire.

Ce dernier l'attendit au palier du premier étage, et sourit en la voyant arriver en soufflant.

- Alors ? On a du mal à suivre la cadence ? En tout cas, j'ai bien vu !
- Quand ... J'aurais ... Repris ... Mon souffle ... Je ... Te ... Tuerai ...
- Quand tu veux ! fit Saël en lui faisant un clin d'oeil.
- Pourquoi ... Tu m'as ... Attendu ... Ici ...?
- Parce qu'il y a toujours les gros bras en bas, et que s'ils te voient passer seule, tu vas avoir des problèmes, et encore plus avec ton oeil.
- Ah ...
- Bon aller, traînons pas trop, il est pas très tôt.

Ils descendirent le dernier escalier en silence, et virent les hommes toujours devant la porte, qui faisaient toujours leurs mêmes blagues grasses sur les passants. Saël passa en premier et Adèle le suivit rapidement. Les gardes les regardèrent passer d'un il noir, et l'un d'eux interpella l'adolescent.

- Eh ! Mon p'tit Saël ! C'est pas en ram'nant des putes que tu vas payer l'patron !

Adèle faillit se tourner vers lui pour lui mettre une gifle dont il se souviendrait, mais Saël la retint par l'épaule. Il répondit sans même se retourner :

- Contrairement à toi, je ne fréquente pas ce genre d'endroit, et même si c'était le cas, je n'ai pas de leçons à recevoir de quelqu'un qui s'est fait voler tout son argent par une petite fille que tu draguais. Et je vais justement travailler. Mais d'ailleurs, Terrence ne t'a pas dit que si tu continuais ces dérives comportementales, il allait te virer ?
- Mêle-toi de tes affaires, gronda le garde. Tu n'auras pas éternellement le patron de ton côté.
- Alors mêle-toi des tiennes, mon petit Thibault. Allez viens, on s'en va.

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