Chapitre 4-2

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Était-ce vraiment une certitude mystérieuse qui me redonnait espoir ? À moins que ce ne soit plutôt l'onde de force impalpable que je sentais croitre à mesure que je m'approchais toujours plus près. Je stoppai, nerveuse et quelque peu tremblante malgré tout. À peine un mètre me séparait du mur de protection éventré et calciné, pourtant aucune odeur âpre et nauséabonde ne me parvenait, signe que la barrière n'avait pas été ébranlée par l'explosion et faisait toujours aussi bien son travail. Trop bien même, repensai-je avec amertume. Car si cette protection, plus que secourable lors du grand cataclysme, ne nous empoisonnait pas à petit feu...nous ne nous serions pas retrouvés dans cette situation catastrophique et désespérée.

Consciente que de précieuses secondes s'écoulaient, je chassai mes réflexions secondaires et prenant une grande inspiration, tâchai de faire le vide dans mon esprit. Je tentai de me remémorer le terrible moment précédent notre évasion miraculeuse, espérant que cela me donnerait un indice, une idée de la marche à suivre...mais je n'eus même pas besoin d'aller jusque-là ! A la seconde où le souvenir fut extirpé de ma mémoire, je sentis une drôle de sensation m'envahir, comme si mon corps devenait soudain insensible et que ma tête se vidait et...plus rien.

***

La première sensation qui m'assaillit fut...la puanteur. Une odeur étouffante et pénétrante qui semblait s'insinuer partout, tapissant mon nez et ma gorge d'une substance gluante et épaisse qui gênait ma respiration. Puis au fur et à mesure où je reprenais conscience vint la douleur. Une douleur sourde et pulsatile qui résonnait dans mon crâne, le faisant ressembler à un tambour, accompagné d'une horrible nausée que j'avais du mal à endiguer. Avec un gémissement je tentai de me redresser et poussai un cri de souffrance lorsque ma main se posa sur quelque chose de dur et de coupant.

J'ouvris les yeux tant bien que mal et la poussière épaisse qui tourbillonnait autour de moi me les fit refermer aussitôt. Cela avait été fugace mais j'avais vu ce que je voulais voir...j'avais réussis, j'étais passée de l'autre côté ! Mais pourquoi me sentais-je si mal ? Nous n'avions rien ressenti de tel la dernière fois ? m'interrogeai-je en essayant une nouvelle fois de me redresser, en prenant bien garde à l'endroit où je posais les mains.

Je me sentis, si c'était possible, encore plus mal une fois debout. Mes jambes me portaient difficilement et je me sentais tanguer, prête à retomber au milieu des débris. Comme prendre une grande inspiration était de toute évidence une très mauvaise idée dans cette atmosphère saturée de particules en suspensions, je m'en abstins et tâchai de calmer mon malaise par de petites inspirations superficielles, avant de rouvrir les yeux.

Autour de moi tout n'était que chaos et désolation. L'explosion avait soufflé l'intérieur du complexe sans même égratigner ce fichus champs de force protecteur. Prudemment je commençai à avancer au milieu des décombres. Avant de retourner chercher Connors, je devais m'assurer que nous pourrions sortir de cet amas de béton, sinon cela ne servirait à rien. La lumière qui provenait de l'extérieur, visible par l'ouverture et les différentes brèches du mur, me permettait de voir assez clair pour ne pas trébucher tous les deux pas.

Ma progression fut lente et difficile, mon corps me semblait lourd et maladroit tandis que l'oxygène arrivait difficilement à mes poumons encrassés par la poussière. J'arrivai enfin devant la porte et ressentis un immense soulagement à la vue du battant tordu et martyrisé qui ne me barrait plus le passage que partiellement. Je trainai mon corps fourbu jusqu'à la porte et essayai de me glisser dans l'espace ouvert entre le mur et le battant. Mais même maigrichonne comme je l'étais à présent, impossible de passer. J'allais devoir trouver un moyen de l'ouvrir. Me saisissant du chambranle, je me mis à tirer de toutes mes forces. Le frottement métallique qui en résultat faillit me faire exploser les tympans quand il se mit à résonner dans la pièce. Je ne réussis qu'à l'ouvrir de quelques centimètres supplémentaires mais qui me suffirait pour m'y glisser.

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant