CHAPITRE HUIT

5.5K 346 72
                                    


0 8

Boîte de nuit à San Francisco

______________________________________


Il nous faut plus de trente minutes pour arriver à San Francisco. Nous avons dû marcher le long d'une vieille voie de chemin de fer et couper par des champs pour ne pas mettre trop de temps à faire le trajet jusqu'à la ville. D'après ce que j'ai compris, d'habitude ils y vont en voiture, mais celle de Carter est en réparation et Jérémy a prêté la sienne à son frère. Je suis bien contente d'avoir opté pour mes vans. Ainsi, la marche n'est pas trop pénible. Elle est même plutôt agréable maintenant que la chaleur est retombée. Sacha par contre souffre avec ses petites ballerines blanches et elle ne le cache pas. Elle a passé tout le trajet à se plaindre !

Le groupe a déjà élaboré le programme de cette soirée : nous allons en boîte de nuit puis nous aurons un petit quartier libre parce que les garçons ont besoin de cigarettes. J'avoue avoir tiqué au début en apprenant le planning moi qui ne suis jamais allée en discothèque, mais je n'ai pas eu d'autre choix que de les suivre.

La boîte de nuit est située à l'entrée de la ville dans un quartier relativement fréquenté et actif. Plusieurs boutiques sont encore ouvertes lorsque nous arrivons au lieu prévu alors qu'il doit être aux alentours d'une heure du matin. Je suis très perplexe face au programme de la soirée. Aucun de nous n'a vingt et un ans et donc les discothèques nous sont interdites.

- On va vraiment rentrer là-dedans ? je demande alors que nous sommes à mi-chemin de la porte.

Tous répondent par l'affirmative, ce qui m'inquiète vraiment.

- Mais on n'a pas l'âge ! je proteste vivement.

- Crois-moi, personne n'a vingt et un ans là-dedans, prétend Carter en me montrant les gens autour de nous.

C'est vrai que jusqu'à présent tous ceux qui sont entrés dans la boîte de nuit ont l'air d'avoir notre âge ou quelques années en plus. Et on les a laissés passer.

- Et si on se fait prendre ?

Mon entêtement fait soupirer les garçons et en signe d'agacement, Carter lève les yeux vers le ciel. La prudence et la réserve dont je fais preuve a l'air de l'énerver. Au début, j'ai l'impression qu'il va ignorer ma question et s'éloigner pour mettre le plus de distance entre nous, mais il n'en fait rien.

- T'es là pour t'amuser ou pour jouer la mère poule ? Sérieux, l'adolescence s'est fait pour profiter et faire ce que tu veux ! Alors prends des risques, bois, fume, couche avec des garçons si ça t'amuse mais décoince-toi un peu.

La grande susceptible que je suis est vexée par les propos de Carter. A chaque fois, qu'il me parle - quand il prend la peine de m'adresser la parole -, c'est avec dureté et si froidement que s'en est déconcertant. Et quand il pose ses yeux marrons sur moi, j'ai l'impression de me figer sur place. Ils sont tellement glacials et austères.

- De toute façon, je reprends une fois que j'ai retrouvé mes esprits, on ne nous laissera jamais rentrer. Peut-être que tu peux prétendre avoir vingt et un ans mais personne ne croira que c'est mon cas.

- Relaxe, me répond-il moins sèchement, on a de fausses cartes d'identité.

Ma bouche s'ouvre et se referme instantanément sans savoir quoi répliquer. Je reste bloquée sur la révélation. Ils ont de faux papiers. Je sais bien que les trois quarts des adolescents des États-Unis en possèdent mais c'est tout de même interdit et punissable. En plus de risquer l'expulsion si à Barrows on découvre notre sortie nocturne, on risque aussi la prison si on tombe sur la police. Mais tout est normal, tout va bien. A ce moment là, je me demande ce qu'il m'a pris d'accepter de les accompagner. Je serais tellement mieux dans mon lit.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant