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La valise fermement serrée dans le creux de ma main, je cherche une masse de boucles brunes dans la foule de gens qui attendent impatiemment leurs proches

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La valise fermement serrée dans le creux de ma main, je cherche une masse de boucles brunes dans la foule de gens qui attendent impatiemment leurs proches. Certains poussent des cris de joie en se ruant dans les bras des uns des autres, à croire qu'ils ne se sont pas vus depuis des décennies, tandis que les prochains vols sont annoncés.

Je pousse un soupir en attrapant mon cellulaire dans ma poche pour composer son numéro. Au bout de la quatrième tonalité, je commence à perdre espoir. Il ne décrochera pas. Finalement, j'ai affaire à sa messagerie.

— Papa ! Où est-ce que t'es ? Ça fait vingt minutes que je t'attends à l'aéroport ! Vitupéré-je. Rappelle-moi dès que tu as ce message.

Il ne me rappellera pas. Il ne le fait jamais. En fait, je suis à peu près certaine qu'il ne se donne même pas la peine d'écouter mes messages.

Je suis sur le point de le rappeler une seconde fois lorsqu'une voix perçante me hèle :

— Mademoiselle London ! Mademoiselle London !

Je me retourne, curieuse de découvrir à qui j'ai affaire. Il s'agit d'une jeune femme, cheveux châtains clairs, la trentaine je dirais. Son visage m'est inconnu.

— Oui ? Réponds-je, forçant mes lèvres à s'étirer en un sourire aimable.

Elle porte une blouse grise qui recouvre un tablier noué autour de sa taille opulente. A part les hôtesses de l'air, qui se pointerait à l'aéroport en tenue de travail ?

Je pense avoir ma petite idée là-dessus...

Elle me tend une main :

— Je suis Alya, la nouvelle gouvernante de maison de votre père. Il n'a pas pu se libérer pour venir vous chercher à cause de son travail.

— Et il vous a envoyé à sa place, c'est ça ?

C'est une question rhétorique. La réponse, je la connais déjà. Ça ne me surprend même plus. C'est tout lui, ça. Et Alya confirme mes pensées en affichant un air désolé.

Ce n'est pas la première fois qu'il me fait un coup foireux comme celui-ci en me relayant au second plan dans sa vie, après son travail. Je savais qu'il n'avait pas changé depuis la dernière fois, mais une partie de moi, la plus naïve, se voilait la face en espérant que cette fois il serait au rendez-vous.

Il me déçoit. Une fois de plus.

Je redresse le menton. Ce n'est pas grave. Ce n'est rien. J'ai l'habitude, maintenant. Je ne devrais m'attendre à rien de la part de Gabriel London.

— La voiture nous attend. Voulez-vous bien me suivre, Mademoiselle London ?

Je ravale la bile dans ma gorge, range ma rancœur de côté et opine de la tête. Je suis ses pas. Valise en main, je lutte pour ne pas perdre sa trace tandis que je me faufile entre les individus pressés et tendus qui se bousculent. Une roue se coince entre celles d'un autre voyageur qui marmonne des injures dans sa barbe.

RÉPUTATION (TOMES 1&2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant