6. La survie de l'espèce

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« Iels avaient toujours été les Élus. »

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« Monsieur Lattag, vous êtes actuellement en détention préventive dans une structure du BIS. Les faits qui vous sont reprochés incluent : assassinat et tentative d'assassinat, crimes contre l'humanité, participation à un complot visant à déstabiliser l'équilibre politique mondial.

— Crimes contre... ? Je me sens flatté.

Nov croisa les jambes et posa ses poignets menottés sur la table.

— Ah, c'est depuis cette affaire du centre des ventes qui... bah, je suppose que vous pouvez trouver tout et n'importe quoi pour me garder en prison sans avocat.

— Vous aurez droit à un avocat dans quarante-huit heures. Vous avez le droit de garder le silence d'ici là.

L'agent sortit.

— Il est à vous, dit-il à Eszter et Aléane.

— Merci, Carlsson. »

L'invert s'effaça dans un couloir. Iel était de ces agentes sans nom et sans visage qui perpétuaient à leur manière la mémoire des grandes figures du Bureau. Le nom de Carlsson n'était étranger à personne. On se souvenait d'un clone rattrapé par ses maladies dégénératives, qui avait balayé ses criminels de patrons d'alors, le tandem Lattag – Pommel.

Alors, forcément, les anciens clones et autres perdants de la loterie des modifications génétiques qui tombaient dans le giron du BIS vouaient un culte à ce héros.

« Enfin ! s'exclama Lattag.

— Si j'étais à votre place, je ne serais pas si réjouie, dit Eszter.

— Cela lui importe peu, nota Aléane. Il est sur le point de mourir.

— Bien observé, agent... agent Aléane, pourquoi pas. Je suis mourant, vous êtes une okrane, et votre supérieure ici... un vrai dragon.

Numa Lattag, nous avons quelques questions à vous poser.

— Je suis là pour y répondre.

Il capta leur regard interrogateur et se frappa la tête avec les mains liées, comme si elles n'avaient pas compris une évidence.

— Vous ne m'auriez jamais eu si je ne m'étais pas rendu moi-même ! lança-t-il.

— Qu'avez-vous à dire au BIS ? demanda Eszter.

— Au BIS, pratiquement rien. À l'agent Aléane ici présente, beaucoup plus. Faites sortir le dragon d'abord, que l'on respire, et nous serons plus à l'aise pour discuter.

— Je ne compte pas bouger d'ici, fulmina Eszter.

— Faites attention, il ne vous reste plus qu'un mois avant que mon corps lâche. J'ai le cœur artificiel, les yeux artificiels, un implant contre la dégénérescence neurologique, mais rien ne suffira depuis que les vannes de la nanotech me sont coupées. »

Aléane interrogea sa supérieure du regard. Nov Lattag devait savoir que cela ne changerait rien. Tout était filmé et enregistré. Eszter ne ferait que rejoindre les autres agents, derrière le faux mur, pour assister à la scène.

« Merci, agent Varga, dit Nov en la regardant claquer la porte. Bon, agent Aléane, nous voilà tous les deux tout seuls avec trois caméras. On manque de vie privée, mais nous allons faire avec.

— Numa Lattag, quelles ont été vos relations dernièrement avec Georges Lanz ?

— Aucune. J'ai oublié qui était ce type.

Le Temps des ÉlusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant